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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 23:27

sepulveda

 

«L’autre s’éloigna pour ne pas le gêner, mais l’attention que le vieux portait au livre était telle qu’il ne supporta pas de rester à l’écart. 

-De quoi ça parle ?

-De l’amour.

À cette réponse du vieux, il se rapprocha, très intéressé.

-Sans blague ? Avec des bonnes femmes riches, chaudes et tout ?

Le vieux ferma le livre d’un coup sec qui fit trembler la flamme de la lampe.

-Non. Ça parle de l’autre amour. Celui qui fait souffrir.

L’homme se sentit déçu. Il courba les épaules et s’éloigna de nouveau. »  

 

Je savais qu’en relisant ce si beau roman, je serais à nouveau touchée d’émotions par cette jungle de l’Amazonie, peinte à travers le regard d’un homme qui a le courage de ses convictions. C’est en réalité plus qu’un roman, un grand cri humain auquel je me suis senti la volonté de me rallier, pour le meilleur et pour le pire. Quand on aime la nature autant qu’elle habite l’âme et les tripes de l’auteur, on ne peut que pleurer en le refermant sur ses dernières pages. Ce face-à-face avec la nature est douloureux, criant de vérité sur la bêtise de l’homme, la soumettant aux cruautés de son ignorance. Ce roman est d’autant plus douloureux qu’il le dédie à Chico Mendes, ami et défenseur de la forêt amazonienne, assassiné quelques années plus tôt pour ses idéaux.   

 

Antonio José Bolivar habite El Idilio, un bord de fleuve amazonien, en apparence idyllique, où il jouit d’une certaine liberté. Papayers, ouistitis, toucans et nature sauvage sont autant de beautés qu’il côtoie chaque jour. Les Jivanos, indigènes issus du peuple des Shuars, lui ont tout appris de la chasse et de leurs mœurs. Dans la solitude de sa cabane en bambou, il fume des cigares, s’abreuve de Frontera et lit des romans d’amour. Mais pas n’importe lesquels… Il lui en faut qui font bien souffrir, même terriblement, avec des amours désespérées et des fins heureuses. Des romans d’amour où il s’émeut tant qu’il pleure à chaudes larmes. Une manière d’échapper à ce monde de brutes, « d’oublier la barbarie des hommes »… Un contraste que je rends grâce à l’auteur d’avoir eu le génie de trouver.

 

Quand est retrouvé dans une pirogue le cadavre d’un homme, Antonio José Bolivar est le seul à comprendre qu’il s’agit d’un acte de justice. S’ensuivront 3 autres assassinats. Une femelle ocelot a perdu ses petits, sauvagement tués par la main de l’homme. Folle de douleur et de rage, elle sort ses griffes, acérées, rôde et tue. Sur les berges du fleuve, on entend ses sanglots, désespérés, presque humains… Merde, il n’y a pas que les hommes à ressentir des émotions! Et c’est à ce passage du livre que j’ai pleuré la première fois… J’ai pris part à cette vengeance de l’animal comme une mère protectrice le ferait si on s’attaquait à ses petits…

 

Accompagné d’un groupe de cinq aventuriers Shuars, Antonio sera mandaté par le maire de la ville, alias la Limace, de retrouver la bête et de la tuer. Ce gros colon est plus occupé à gérer son stock de bière qu'à faire régner l’ordre. On le déteste d'autant qu’il est à l’image de ces imbéciles qui brutalisent les forêts et se les approprient. Si Antonio se sent contraint de prendre part à ce massacre, c’est uniquement pour se venger de cette jungle qui lui a pris son amour et ses rêves, Dolores Encarnacion del Santisimo Sacramento Estupinan Otavalo (…!), sa fiancée. Il est habité par la honte, marchant à contresens des valeurs qui lui sont viscérales. Il sait que la paix est constamment menacée dans cet environnement. Il sait aussi que les hommes, de tout temps, et en tous lieux, ont soif de pouvoir et manquent de jugement. Qu’ils détruisent ce qu’ils n’arrivent plus à contrôler. Qu’ils se sentent bien plus grands et bien plus forts que tout ce qui les entoure, probablement parce qu’au fond d’eux-mêmes ce sont eux les plus vulnérables. Quand une femelle ocelot se venge, qui est alors la proie de qui ? Qu’importe le dénouement du combat entre l’homme et l’espèce, Antonio ne se sentira jamais vainqueur. Si seulement les hommes avaient en eux un peu de sa foi. Quant à moi, je sors de ce roman avec un sentiment de fragilité, de peine, car comme lui, j’ai honte et je sais que la partie n’est pas gagnée. L’humain est capable de tout…

 

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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 01:20

Direction l’Arctique norvégien, toujours avec Sophie, voyageuse intrépide.


Svalbard (Hornsundet et Alicehamna – pour les photos) est un archipel de la Norvège, bordé à l’ouest par le Groenland. Des ours blancs, des morses, des montagnes enneigées, des glaciers et une nature plus que sauvage. J’aurais bien aimé être de l’expédition avec toi, So… Merci de me prêter ces magnifiques photos...

 

D’autres photos de l’Arctique chez Sophie : Ici

 

Son site photo :


 

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14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 23:26

Nérée Beauchemin est un poète québécois (1850–1931) né à Yamachiche, au Québec. Il poursuit à la fois des études classiques, en plus d’études médicales. Commence alors sa carrière en écriture. "Les Floraisons matutinales" est son premier recueil. Ces vers écrits en alexandrin me plaisent énormément. Je suis infiniment sensible à la musicalité qui s’en dégage. Quant au thème… Ah ! La mer…

 

Allez lire « Les clochettes » de Beauchemin chez Valentyne, c’est exquis et ça sent l’hiver!

 

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La mer


Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.


La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
Au profond de son lit de nacre inviolé
Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé.


La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire,
À l’écart, en secret, son immense tourment,
Que la fauve amoureuse, au large se retire,
Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant.


Et la brise n’apporte à la terre jalouse,
Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux :
L’âme des océans frémit comme une épouse
Sous le chaste baiser des impassibles cieux.


Nérée Beauchemin

(Tiré de : "Les floraisons matutinales", Victor Ayotte, 1897)

 

 

Chez Asphodèle, c’est ICI


 

Asphodèle1

 

Asphodèle, Valentyne, Nelinha, Lili, Marie et Anne, Soène, Dan Gazénia, Jacou, Jean-Charles, Modrone-Eeguab, Natiora, Les Points Contés, LylouAnne, Fransoaz.

11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 03:01

dernier mousse

 

Cap au sud, le Baquedano, voilier-école de la Marine chilienne, appareille pour son dernier voyage, avec 300 hommes à bord. Les provisions sont chargées dans les écoutilles, les voiles sont déployées et on hisse le grand mât. Départ du Chili, Caltahuano, direction le Cap Horn, ce bout du monde situé à l’extrémité sud de l’archipel chilien. Je n’ai pu m’empêcher d’être du voyage, de vivre ce grand rêve. Alors je suis montée à bord avec Alejandro, clandestinement, et je me suis cachée dans une soute de proue. Ce jeune garçon de 15 ans avait rêvé de devenir marin, de suivre les traces de son père, mort dans le naufrage de l’Angamos. Moi, j’avais envie de découvrir les beautés époustouflantes du Cap Horn. De connaître un peu plus la mer, d’en être imprégnée, ébranlée, chavirée ... Mais lui, il rêvait avant tout de devenir un homme et de retrouver son frère parti aux Magellanes sans laisser de nouvelles. Il sera le dernier mousse. Et je l’accompagnerai…   

 

Il faut comprendre une chose quand on prend le large, c’est qu’on ne supporte plus de s’en éloigner. On s’y attache, s’y amarre, tangue, ballotté par la houle redoutable, les vagues qui ondulent, irrégulières et sauvages. Le baromètre descend, point de rupture avec la mer, la tempête approche comme nous approchons du Cap Tres Montes. Il faut se munir d’une bonne dose de sang-froid, car on louvoie, voyageant à tombeau ouvert. Le spectacle est terrifiant. De violentes nausées me rappellent la mer des Caraïbes, déchaînée, indomptable. Le vent rugit dans les cordages. Pourtant, j’y suis revenue, avec Alejandro, comme on revient vers de vieux souvenirs ineffables. Parce qu’avant tout, il y a ce vent salé du large. L’infinitude de cette plaine liquide, la lune et ses marées, autant de beautés que les tempêtes n’arriveront jamais à affaiblir. Dans ce tumulte, un vieux loup de mer nous raconte ses périples en mer, la nostalgie au creux des yeux. Ainsi, nous voyageons encore un peu plus loin…   

 

« En mer, quand la mort s’approche, il faut ouvrir grands les yeux et la regarder en face ; alors, elle fait moins peur, c’est comme si tu allais descendre à quai. C’est pour ça qu’un naufrage est moins dur sur une barque que sur un navire. Sur une barque on regarde la mort dans les yeux, on a envie de se lever et de marcher à son bras au milieu des vagues, mais sur un navire, tout est trop grand, il y a trop de bruit, d’appels, la mort s’annonce de façon si terrifiante que lorsqu’elle arrive on est comme fou. Plus grand est le bateau, plus dur est le naufrage. » 

 

Punta Arenas, au bord du détroit de Magellan, face à la Terre de Feu. C’est le spectacle qui s’offre à nos yeux, inouï, grandiose, alors que nous approchons de notre but. Sa beauté dépasse tout ce que vous ne pourrez jamais imaginer. Les grandes estancias avec leurs millions de moutons. Des icebergs, redoutables géants de glace, dans toute leur immensité. Et chaque dimanche, un hommage à cette grandeur sans nom, le salut aux couleurs. Le nom en soi est d’une poésie incroyable. Je réalise néanmoins que j’ai oublié de vous parler du « Paradis des loutres », ce lieu secret protégé des Alakaluf, groupe indigène de la zone australe du Chili. Nous avons croisé leur route. Ces nomades se déplacent en canot et vivent dans des huttes. Ils nous ont accueillis, un peu sauvagement au départ, mais comme nous connaissions leur chef, Manuel, ils nous ont ouvert les bras et offert le couvert, de la chair crue de phoque. Ce n’est surtout pas le temps ni le moment de faire la fine bouche, car ils ne sont pas peu fiers de leur offrande. Après quelques jours en leur compagnie, nous reprenons la mer...

 

…et accostons, au terme de ce long périple, dans la partie la plus australe de l’Amérique du Sud, le Cap Horn. Nous avons eu du mal à le franchir, à cause de ses tempêtes mortelles, mais ce qui s’offre à nos yeux n’a pas de nom. C’est grâce à Francisco Coloane, cet écrivain touchant et profondément humain, que nous y sommes parvenus. Mais je dois avant tout la découverte de cet auteur au Bison des grandes plaines, proprio du Ranch sans nom.

 

Pour lire son magnifique billet aux saveurs marines

Il faut clicker ici

       

Le marin Manu en garde aussi des images mémorables :-)

 

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Quelques photos de la Patagonie, prises par Sophie, ma voyageuse d’amie. Pour en voir d’autres, C'est ici

 

Sous le lien « Les voyages de Sophie », il y a une tonne d'autres magnifiques photos…

 

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 02:16

lemarinrejetéparlamer

 

« Les doigts de Ryüji touchèrent les bouts de ses seins sur la robe de coton bleu. Elle tourna légèrement la tête, ses cheveux lui chatouillèrent le nez. Comme toujours, il eut la sensation d’être venu de très loin, de l’autre bout de la terre, pour arriver à un point délicatement sensible, un frisson au bout de ses doigts, près d’une fenêtre, un matin d’été »

 

J’aime tellement les livres qui me ramènent à la mer, qu’elle soit tempête ou douceur. Les vagues ont ce pouvoir de me bercer l’âme. Chaque fois, j’ai cette sensation de volupté marine qui chatouille le grain de ma peau. Dans ce roman, Mishima arrive si bien à allier les passions de la mer à la sensualité des corps nus dans l’étreinte. Cette imbrication des sens, dans l’amour, est enivrante...

 

Ryüji est un officier de la marine marchande. En bon solitaire, il n’a que, pour seule compagne, la mer. Jusqu’au jour où il rencontre Fusako, à Yokohama, cette femme douce et délicate, si féminine. C’est le choc amoureux. Il ne trouvera d’autres mots, pour lui exprimer sa passion, que ces longs baisers glissant le long de son corps. Un homme tendre et doux. Un homme sensible, saisissant. Ils s’aimeront des jours durant, jusqu’au petit matin, de nuits folles, de caresses et d’un amour charnel émouvant…

 

« Sa chair semblait comme une armure dont il aurait pu se débarrasser au besoin. Alors elle regarda avec surprise, émergeant de l’épaisse forêt du bas-ventre, la tour du temple triomphalement érigée »

 

…jusqu’au prochain départ en mer, tant redouté. À peine se sont-ils quittés qu’ils s’attendent déjà. Et au jour des retrouvailles, Ryüji pleure d’émotion de la revoir, les larmes s’écoulent le long de sa joue (un homme ému aux larmes, comme c’est craquant !). Abandonnera-t-il tout ce qui l’avait détaché du monde par amour ? Qui triomphera entre ces séparations dont il n’arrive pas à effacer le souvenir et son dégoût de la terre ferme ? La sirène retentit, l’histoire le dira…   

 

Une ombre noircit le tableau, le fils de Fusako, Norobu, 13 ans. Depuis la mort de son père, il n’a jamais pu accepter un autre homme dans leur vie. Il se sent troublé, confus. Il est profondément tourmenté par les étreintes de sa mère qu’il surprend, une nuit, à travers le petit interstice de sa commode. Tourmenté parce qu’il n’en comprend pas le sens. Ces nuits le placent dans un isolement qu’il ne supporte pas.  

 

Les jeunes qui lui tiennent lieu de famille sont une bande de délinquants. Leur mot d’ordre : « ne faire preuve d’aucune passion ». Quand ils se rencontrent, ils discutent de l’ « inutilité de l’espèce humaine », ils changent le monde. Une scène assez horrifiante du roman nous décrit dans les détails la manière dont ils s’y prennent pour tuer sadiquement un chat et le disséquer ensuite. Deuxième mot d’ordre : « briser pour briser ». Des gestes qu’ils croient nécessaires pour combler les grands vides du monde. Suite à la nuit d’amour que Noboru surprend entre sa mère et Ryüji, Norobu leur parle du marin. Qu’en feront-ils?

 

Ce roman est bouleversant, sensible, humain, dérangeant. Ces Japonais ont le talent d’allier la douceur à la brutalité, pour la rendre presque belle, intouchable. Écrit avec cette poésie que j’aime tant, des métaphores sublimes, dans un langage imagé et tendre. Quand on connaît la manière dont l’auteur s’est donné la mort, on ne s’étonne pas que ses personnages soient habités par la fatalité. C’est pourtant d’une belle sensualité. Mishima, j’y reviens toujours…

 

« C’est vraiment grâce à la mer que l’idée m’est venue de penser à l’amour plus qu’à toute autre chose, à un amour qui vous consume, qui vaille qu’on en meure. Pour un homme constamment enfermé dans un bateau d’acier, la mer qui l’entoure ressemble à une femme. Cela est évident quand on connaît ses accalmies et ses tempêtes, ses caprices ou la beauté de sa poitrine reflétant le soleil couchant ».

1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 17:59

verre cassé

 

« Verre Cassé, sors-moi cette rage qui est en toi, explose, vomis, crache, toussote ou éjacule, je m’en fous, mais ponds-moi quelque chose sur ce bar, sur quelques gars d’ici, et surtout sur toi-même »

 

Le Crédit a voyagé, un bar congolais crasseux, accueille chaque jour ses habitués, une bande d’alcooliques blasés de la vie. Son proprio, l’Escargot entêté, en a bavé dur avant d’ouvrir ses portes. Et l’auteur prendra un plaisir démesuré à nous en raconter toutes les polémiques. D’abord, il y eut un coup de force du syndicat des cocufiés du week-end, suivi de près par les intimidations d’une association d’anciens alcoolos reconvertis en buveurs de flotte et une action mystique des gardiens de la morale traditionnelle. Le gouvernement s’en est mêlé, en a discuté avec ses ministres, un brainstorming collectif s’en est suivi et « l’affaire » a divisé le pays. Ces quelques pages sont un régal, un bonbon qui fond dans la bouche, c’est grotesque, absurde, risible, et on en redemande ! Même les touristes débarquent pour visiter ce lieu « touristique ». J’en ris encore… 

 

C’est alors que l’Escargot entêté confie à son ami et plus fidèle client, Verre Cassé, d’écrire sur la vie de certains clients. Jouant au fin psychologue, il note tout dans un cahier, les histoires, les impressions. Il y a ce père de famille chassé de chez lui, un imprimeur en peine d’amour, un escroc sans génie qui se prétend descendant des grands sorciers et un homme préoccupé par le sort des canards en hiver. Ici, au Crédit a voyagé, on trouve de tout et surtout, chacun croit sa vie un peu plus importante que celle des autres. Verre Cassé ne manquera pas non plus de raconter sa propre histoire, son poste d’enseignant, l’alcool qui a tout détruit et puis Angélique. 

 

« J’ai marché nuit et jour, c’est comme ça que tu me vois ici, le dos voûté comme un vieil homme, je longe la mer, je discute avec les ombres qui me pourchassent, et l’après-midi je viens ici, tu vois le problème, mais dis-moi clairement Verre Cassé, est-ce que toi aussi, dans ton for intérieur, tu crois que je suis un fou, un demeuré, est-ce que quand je te parle là c’est comme un fou qui discute avec la mauvaise foi des hommes, dis-moi la vérité, hein, promets-moi que tu vas mettre ce que je viens de te raconter dans ton cahier… sinon ce cahier il ne vaudra rien »

 

Si vous pensez lire ce livre à petites doses vous vous trompez. Enfin, je le pense… parce que le roman de 250 pages de Mabanckou est présenté sans point ni ponctuation. C’est une longue suite de pensées vagabondes et spontanées sorties de l’âme humaine de quelques personnages qui ont bien voulu nous raconter leur histoire. Le dépaysement culturel est exquis, d’autant plus que l’auteur est né au Congo-Brazzaville. J’y ai vu déferler à plusieurs reprises le fameux poulet bicyclette, jusqu’à ce que la curiosité me pousse à en savoir plus long sur ce plat… (Surprise ! Voir la photo ci-bas…). Mabanckou en profite également pour mettre en valeur certains auteurs qu’il chérit, à travers de petits clins d’œil nous référant aux titres de leurs œuvres. On s’amuse presque à les trouver comme on jouerait à « Trouver Charlie ». Dany Laferrière (« L’odeur du café », « Comment faire l’amour à un nègre sans se fatiguer »), Martin Page (« Comment je suis devenu stupide »), Mishima (« Le marin rejeté par la mer »), Hemingway (« L’adieu aux armes »), et plein d’autres encore. J’ai vraiment été ravie par ce petit livre tout simple, mais d’une belle intelligence qui effleure les sentiments à fleur de peau. Je retournerai, c’est certain, vers cet auteur fabuleux. Peut-être en compagne de « Black Bazar » ou encore de « Mémoires de porc-épic »…  

 

« Tout cela c’est que du rêve, mais le rêve nous permet de nous raccrocher à cette vie scélérate, moi je rêve encore la vie même si je la vis désormais en rêve, je n’ai jamais été aussi lucide dans mon existence »

 

Et puis, the poulet bicyclette (heu… d’accord…)

 

poulet bicyclette

30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 12:18

John

 

 

Que peut-on faire d'une maison - et à plus forte raison de deux - quand, depuis son enfance, on préfère dormir à la belle étoile ?

 

De retour de la guerre, Danny s’installe dans sa patrie natale, Tortilla Flat. Ce petit village pauvre et miséreux est situé au sommet de la colline qui surplombe Monterey, aux abords de la côte californienne. Les paisanos y vivent au jour le jour, dans le tourment du lendemain. Ils vivent du temps qui s’écoule, sous une chaleur accablante, le ventre tordu par la faim. Ils vivent de l’ivresse procurée par un gallon de vin, celui qui fait oublier. Ils tentent d’amasser quelques sous, volent, se nourrissent de ragots, mendient. Ici, c’est chacun pour soi, on vit d’isolement et de solitude, de cette nonchalance propre à tous désespoirs. Les paisanos sont confrontés à la grande dépression. Jusqu’au jour où Danny, sans s’y attendre, reçoit deux maisons en héritage.

 

Dans tout le village, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. C’est ainsi qu’il « loue » à son ami Pilon, par charité et fort de son sentiment de générosité, l’une de ses maisons. Louer est un grand mot, son locataire est sans le sou et s’impose plutôt qu’il n’y est invité. Mais tout cela importe peu à Danny, puisqu’il se sent moins seul. Et c’est à ce moment de l’histoire qu’a lieu l’effet boule de neige. Rien n’est trop beau quand notre générosité passe par la charité d’autrui… Pilon invite Pablo, puis Jesus-Maria, et Pirate et puis Big Joe et puis et puis… Une meute d’assoiffés qui entravent définitivement la liberté et le bonheur de l’hôte et qui lui font regretter amèrement le temps où il vivait dans les bois l’été et dans le foin chaud l’hiver. Le poids de la richesse et sa condition sociale le rendent malheureux, sa vie ne lui appartient plus. Il perd confiance en ses amis, craque, et un beau matin, il laisse tout tomber pour revenir à sa vie de paisano. Et c’est le retour à la liberté.

 

Les personnages sont astucieux, manipulateurs, futés et menteurs. Pour s’acquitter de leurs « dettes », ils s’assurent que Danny ait toujours du pain sur la table et une goutte d’alcool dans le gosier. Promesse qu’ils honorent avec le souhait qu’il l’oubliât, « car sinon ce serait de l’esclavage » ! Que de sentiments partagés entre le vice et la vertu. Steinbeck m’a arraché des fous rires avec ces situations complètement risibles. Et, de ces situations, il y en a bien d’autres. Je découvre l’auteur avec un humour que je lui reconnais pour la première fois. Et, si sont mis en valeur l’égoïsme, l’avarice et les sentiments pourvus d’un altruisme intéressé, il n’en demeure pas moins que ce roman, au final, est une grande histoire d’amitié, d’entraide et de partage. Charité bien ordonnée commence par soi-même ? Pilon et sa bande de soûlards en ont fait leur leitmotiv…

 

« Je vais tout te raconter, poursuivit Jesus-Maria. J’ai acheté deux gallons de vin et je les ai apportés ici dans le bois, puis je suis allé me promener avec Arabella Gross. J’avais acheté pour elle, à Monterey, une paire de pantalons de soie. Elle les a beaucoup aimés, si roses, si doux. Et puis, je lui ai aussi acheté une petite bouteille de whisky. Un peu plus tard, elle a rencontré des soldats et elle est partie avec eux.

 

-Oh ! la détrousseuse de l’honnête homme ! s’écria Pilon, scandalisé»

 

tortillaflat

25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 01:41

Paysneige

 

« La caresse des doigts de sa main a conservé un souvenir sensible et vivace, la mémoire chaude et charnelle de la femme qu’il allait rejoindre ».

 

Afin d’échapper aux bruits de la grande ville et à son quotidien, Shimumara se réfugie dans une station thermale isolée du Japon, quelques fois l’an, pour goûter à la paix que seul peut offrir le silence. Les vertus d’une nature sauvage lui permettent de communier avec le temps qui file et de se retrouver. Chemin faisant, il traverse, solitaire et rêveur, un froid brûlant comme le feu, aveuglé par les échos de lumière réfléchie par la neige. Toute cette blancheur est une invitation à l’amour, au plaisir des sens, à l’abandon. La douceur des flocons, de mille cristaux, tombe du ciel comme une pluie de souvenirs charnels et doux. Elle réchauffe l’âme et les sentiments les plus fragiles. Et quand vient l’automne, la magie des couleurs donne envie d’une caresse sur la peau, d’un moment d’intimité. Ce roman est empreint de toute cette poésie, il est un hommage vibrant aux beautés de la nature. Il vous remet en question, vous secoue. Au fil des pages, comme Shimumara, j’ai compris plus que jamais ce qui m’était essentiel…

 

Un soir, au retour d’une semaine en montagne, il rencontre Komako, une geisha. Il est profondément ému par la beauté mystérieuse de son visage poudré de blanc comme la neige. Son kimono est de soie rouge vif. Ses doigts sont effilés et son sourire timide. Les sentiments entre eux évoluent lentement, fragiles et incertains comme toutes naissances d’amour. Ils se désirent ardemment, mais se refusent de le reconnaître. Il dit tantôt éprouver de la tendresse envers elle, tantôt de l’amitié pure.

 

« Il m’a fallu venir dans les montagnes pour retrouver le besoin de parler avec le monde. Et c’est afin d’échanger des propos avec vous que je ne vous touche pas. »

 

Il n’avait pourtant désiré qu’elle seule. Était-ce la crainte d’aimer ? La peur de la séparation à venir ? Il revenait néanmoins toujours en ces montagnes enneigées pour la retrouver. Et impatiente, elle l’attendait. Étrange opposition d’émotions à sa nature froide et distante. Et à ce genre de propos : « Entre nous c’est une affaire sans importance et sans lendemain ». Lorsqu’elle venait le rejoindre, la nuit, elle était complètement bourrée, anesthésiée de tout sentiment. Elle avait du mal à tenir sur ses jambes. On devine qu’ils se sont fait l’amour, car les doigts de Shimamura se souviennent d’elle. On devine surtout qu’ils ne font pas que regarder la tapisserie… Et puis, le temps fait son œuvre, elle devient plus accessible, plus transparente. Sans doute aussi plus émancipée, mais l’auteur est toujours demeuré discret à ce sujet. Respect de l’intimité ou pudeur ? Dommage, comme j’aurais aimé lire de belles scènes d’amour, tendres et passionnées … !

 

 « Au pied de l’escalier, tendant le bras, il lui mit sa main gauche ouverte sous les yeux : c’est elle qui a gardé de toi la meilleure mémoire »…

 

Ce roman, on doit prendre le temps de le lire pour laisser les émotions couler en nous. Il rayonne par l’empreinte tangible de cette nature si belle qui se marie aux sentiments, aussi froids ou survolés soient-ils. Le contraste entre le froid de la neige et la chaleur des élans physiques des geishas donne une force fragile à cette histoire d’amour atypique. Je n’ai pas vraiment compris l’utilité de la présence d’un troisième personnage, Yoko. Shimamura est ému aux larmes par sa voix si belle, profonde et claire : « …elle vous serrait un peu le cœur, vous pénétrait de tristesse ». Son visage est empreint de solennité et il se sent attiré par elle. J’ai l’impression qu’elle vient briser l’harmonie d’un équilibre déjà difficile à atteindre. Peut-être était-ce l'objectif de l'auteur ? Je trouvais pourtant que Shimamura avait son lot de remises en question. Qu’importe, je crois qu’il a trouvé réponse au contact des montagnes et du spectacle qui s’offrait à ses yeux. « L’altitude lui redonnait une sérénité d’humeur »... 

 

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Il faut surtout lire, maintenant, le commentaire de Phil. Quelle richesse! Domo arigato


« C'est drôle, beaucoup parle de ce livre comme d'un chef d'œuvre, mais à lire certains commentaires, on passerait à côté ! 
Pour l'apprécier, il faut se japoniser, accepter ce rapport au temps, cette lenteur comme les flocons de neige qui tombent au sol.
Il faut être neige, recouvrir les paysages, laisser les personnages errer, se laisser piéger par la froideur de l'hiver. Geler la situation.
C'est un livre plus subtil qu'il n'y parait. On lit, on est devant un tableau ou chaque détail compte, à sa valeur. Il y a un esthétisme dans le descriptif de ce monde, de ce village, de ces artisans, c'est hummmm !
Le temps qui passe donne un sens au déroulement des événements.
Ce livre est aussi musique, valse à 3 temps.
Le premier mouvement, c'est la rencontre, le côté passionnel et torride, des sentiments forts, de la passion d'un temps entre Shimamaru et sa maitresse geisha Komoko.
Deuxième mouvement, celui des retrouvailles, des besoins, des attentes avec sa Maitresse, même si de nouveau notre Shimamaru repartira.
Troisième mouvement le retour, et Shimamaru devient accro de Komoko qui elle "aime s'offrir" aux touristes. Puis apparait Yoko qui va troubler notre Shimamaru et emmener tout ce petit monde dans le drame.
Evidement, je l'ai trouvé splendide ce livre !
Et quelle fin ! Une conclusion ouverte qui amène à l'interrogation!
"Il fit un pas pour se reprendre, et, à l'instant qu'il se penchait en arrière, la Voie lactée, dans une sorte de rugissement formidable, se coula en lui."
Et bien sur ce blog j'espère qu'il coulera des commentaires ! »

21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 22:24

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« Frida a formé des disciples qui figurent aujourd’hui parmi les éléments les plus remarquables de la génération d’artistes mexicains. Elle impulsa toujours en eux la préservation et le développement de la personnalité dans leur travail en même temps que le souci de clarté sociale et politique des idées » - Diego Rivera

 

« Ma peinture porte en elle le message de la douleur, chaque touche de pinceau est une trace de souffrance » - Frida Kahlo

 

« Ni toi, ni Derain, ni moi ne savons peindre des visages comme ceux de Frida Kahlo. » - Pablo Picasso à Diego Rivera

 

À l’époque où j’ai lu cette biographie de Frida Kahlo, je revenais, bouleversée, d’une exposition de peinture à Toronto intitulée « Frida & Diego : Passion, Politics and Painting ». Je me souviens avoir ressenti cette même fébrilité un certain jour d’avril, au Musée Rodin, face aux productions artistiques sculpturales du maître et de son élève, Camille Claudel. Devant les œuvres de ces artistes, je m’étonne chaque fois d’être prise d’un sentiment de vulnérabilité qu’il m’est difficile d’exprimer, car sans doute est-il à l’image de cette femme passionnée qui vibre en moi. Mes yeux se mouillent, une émotion dense et fragile émane de mon âme et je me sens si petite devant toute cette grandeur. Je voue une fascination indescriptible aux couples d’artistes, particulièrement ces deux-ci, qui ont lutté toute leur vie pour tenter d’atteindre un équilibre difficile entre leur passion commune de l’art et celle de leurs sentiments, qui mena les amants, dans un cas comme dans l’autre, à la folie.

 

Frida et Diego, ce couple passionné et un peu fou, a révolutionné l’art du vingtième siècle au Mexique et dans le monde entier. Outre des bases classiques chez les deux, leurs arts étaient engagés dans des voies différentes, Diego ayant travaillé la murale, Frida choisissant les œuvres sur toiles. Si, une vie durant, ils ont vécu dans la complicité du regard porté sur le travail de l’autre, leur personnalité, à la fois passionnée et impulsive, les mena vite à un amour destructeur, dont Frida n’est jamais ressortie indemne, comme Camille Claudel… 

 

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Contrairement à tout ce que j’ai lu de ces deux artistes, Rauda Jamis apporte un regard nouveau à plusieurs égards, notamment sur le premier amour de Frida, Alejandro Gomez Arias. Si les écrits associent instinctivement Diego à Frida, Jamis brise cette alliance le temps de nous parler d’un homme qu’elle a profondément aimé, tout autant, sinon plus, que Diego. Au moment où leur tramway frappa un train et bouscula à jamais la vie de cette femme, Alejandro se trouvait à ses côtés. Ils étaient heureux, complices. Mais de cette première idylle amoureuse vint, quelques années plus tard, le premier chagrin. Frida s’est longtemps refusée de voir la fin de leur relation, disant qu’il était la seule personne la rattachant à la vie, suite aux noirceurs qu’avait provoquées en elle l’accident qui lui fut presque fatal.

 

« Ce fut un choc étrange ; il ne fut pas violent, mais sourd, lent, et il malmena tout le monde. Et moi plus que les autres. (…). Il est faux de dire qu’on se rend compte du choc, faux de dire qu’on pleure. Je n’eus aucune larme. Le choc nous déporta vers l’avant et la main courante me traversa comme l’épée le taureau. » - Frida Kahlo

 

« Fracture de la troisième et de la quatrième vertèbre lombaire, trois fractures du bassin, onze fractures au pied droit, luxation du coude gauche, blessure profonde de l’abdomen, produite par une barre de fer qui est entrée par la hanche gauche et ressortie par le sexe. Péritonite aiguë. Cystite nécessitant une sonde. »

 

Les conséquences de ce lourd diagnostic la clouèrent de longs moments sur une chaise roulante ou sur un lit dont elle ne pourra à peine bouger. Cet immobilisme donna naissance à la plupart de ses oeuvres, dont la majorité furent des autoportraits, qu’elle peignit à l’aide d’un miroir suspendu au plafond de son lit. Elle extériorisa, par ce médium, l’image d’un corps meurtri, renvoyé par les échos visuels de la glace, mais aussi celui d’une âme en mal de vivre. Frida ne pourra jamais plus avoir d’enfants et n'en fera jamais le deuil. Ses nuits étaient hantées par des cauchemars récurrents. Elle souffrait de dépression, d’une peur panique de la mort, d’une profonde dépendance, d’un épuisement permanent, d’ennui. Rebelle, elle se vêtit, un temps, comme un homme, avec des pantalons à revers et une chemise, ce qui était assez contrastant et provocateur, pour l’époque. Bisexuelle, elle a entretenu des liaisons amoureuses et intimes avec des femmes connues du milieu artistique, en plus de Léon Trotsky, qui glissait des lettres d’amour dans les livres qu’il lui recommandait de lire. À cette époque, les deux couples, Natalia et Léon Trotsky, Frida et Diego, vivaient ensemble dans la maison bleue. Frida eut envie de se dégager de l’emprise affective de Diego, dont elle souffrait atrocement des innombrables infidélités qu’il lui imposait.

 

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La maison bleue

 

 C'est lors d’une « chaude soirée animée et bien arrosée », chez un militant communiste cubain, qu’elle fit la connaissance de Diego. À l’époque, il revenait de Moscou où il avait assisté au dixième anniversaire de la Révolution d’Octobre, dont il avait peint une immense murale. Diego croyait que par son œuvre, à grande échelle, il « participait à rendre le monde meilleur ». Communiste, il participa à la révolution mexicaine. On le qualifiait d’excessif, de colérique, de mythomane, de bon vivant, aux actes démesurés, de provocateur, d’infidèle (épouse Frida, divorce, fréquente sa sœur, revient auprès d’elle, a de nombreuses maîtresses à la fois, dont il eut plusieurs enfants pour lesquels il n’assura jamais sa paternité), de scandaleux et aussi bien couvert d’éloges que d’insultes. Pas très beau, du haut de son physique imposant, il était « sanctifié par l’aura de l’artiste »…

 

La situation s’envenime, Diego se plaint des coûts occasionnés par les soins médicaux de Frieda. Et c’est la fin… La confrontation de deux génies, habités d’une même passion, s’éteint. Non sans avoir laissé derrière eux un héritage artistique hors du commun. Une histoire émouvante…

 

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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 22:15

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« Je suis tombée amoureux, et je ne me relève pas. »

 

Quatre témoins et un mariage qui n’aura jamais lieu. Voilà à quoi le destin a prédisposé Yun-Xiang, une jeune Chinoise de 19 ans, qui plaque tout pour venir se marier en France avec Marc. Comment Hermann, Marlène, Jean-Claude et Lucas, les plus fidèles amis de Marc, vont-ils lui annoncer qu’il est mort subitement ? Comment la préparer au drame ? Elle arrive au pays dans quatre jours, rayonnante de bonheur. Et c’est ainsi que débute une histoire peu commune…

 

Le roman s’articule autour de la complexité du personnage de Yun-Xiang dont le métier est de peindre des reproductions de tableaux célèbres qu’elle authentifie faussement. À quoi faut-il s’attendre d’une faussaire? Feint-elle d’ignorer ou ignore-t-elle vraiment la mort de Marc? Les quatre comparses n’arrivent plus à savoir ce qui relève chez elle du calcul ou de la perversion. Joue-t-elle les femmes délurées par souci d’intégration, d’une recherche de l’amour? Car un à un, elle tentera de les séduire, cloisonnera ses rapports avec eux en s’adaptant à la personnalité de chacun. Qu’en est-il de ce fameux droit de cuissage auquel elle se dit soumise sous couvert d’une coutume ancestrale? Autant de questions auxquelles ils seront exposés. Peut-être, finalement, n’est-elle venue que pour les aider à se retrouver, se remettre en question, s’occuper d’eux… et leur permettre de vivre chacun le rêve auquel ils aspirent. Je ne peux en dire davantage sans révéler la trame du roman. Quelques clins d’oeil à Schopenhauer sur la philosophie de la passion amoureuse et de l’inclination sexuelle versus l’illusion amoureuse. Quelques liens également avec le dalaï-lama, le bodhisattva et le bouddhisme. Je n’en écrirai pas plus long que le livre ne l’est. Le roman se laisse lire, il est agréable, bien écrit, drôle par moments, mais sans grands bouleversements intérieurs, je suis vite passée à autre chose…


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