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17 avril 2015 5 17 /04 /avril /2015 00:13
En mer - Toine Heijmans

« La mer est prévisible, je l’ai appris. Encore plus prévisible que la terre, où l’on rencontre des tas de gens qui veulent un tas de choses auxquelles on ne s’attend pas »

 

« Je me disais que chaque être humain trimballe avec lui son histoire. Ainsi, personne n’est vraiment tout à fait soi-même »

 

Ce magnifique roman est une grande métaphore poétique dont le personnage principal n’est nul autre que la mer. Les vers sont tempête et les rimes une escale où vont s’échouer les âmes…

 

Donald part en voilier du Danemark aux Pays-Bas avec Maria, sa petite de 7 ans. Quarante-huit heures dans la vie d’un père et sa fille en ce monde hors du temps. Une envie irrépressible de fuir et de donner un sens à sa vie. Qui n’y a jamais songé au moins une fois? Il en est à un tournant où seules les eaux troubles et changeantes de la mer provoquent la remise en question. Il se dit qu’à travers les heures froides de la nuit, il recevra l’écho libérateur de ses propres pensées. Un face-à-face douloureux avec ses échecs, ses peurs, ses défaites et ses douleurs. Serait-ce la raison pour laquelle il amènera avec lui sa petite Maria, pour l’aider à survivre ou affronter ses propres démons? À moins que ce ne soit pour mieux se comprendre à travers elle? Ou encore d’éprouver ce besoin impératif de se sentir indispensable, responsable, un bon père? De la rendre fière de lui?

 

Durant la tempête, il faut s’accrocher comme on s’accroche à la vie. Lorsqu’on n’arrive plus à tenir les amarres, les remous intérieurs, qu’ils soient tourments ou incertitudes, se mêlent au sel marin pour laisser en bouche ce vieux goût d’amertume. Et quand on cesse de se battre, la mer nous emporte, mais est-ce que le monde nous tire à lui avec la même insistance? La ride et le vacarme des vagues seront-ils seulement là, dans l’usure du temps, pour venir apaiser ce mal de mer intenable inhérent à nos fractures?

 

Quand nous perdons nos repères avec la même peur au ventre que celle qu’a éprouvée ce jour-là Donald lorsque Maria a disparu, nous sommes en lieu de nous poser mille questions. Des vagues d’émotions se nouent et se dénouent, le brouillard s’infuse avec la lenteur d’une peur panique, angoisse, mal de ventre… La mer te noie, mais comme tu croyais avoir été vigilant et avoir veillé sur ton enfant à la mesure de la confiance qu’elle avait fait reposer sur toi, tu avais oublié que les eaux sont aussi imprévisibles que les hommes… Avais-tu seulement perdu la tête et tout imaginé?

 

Les pages de ce roman glissent au fil de l’eau. Non loin de toi, un journal de bord et ta petite fille. Les voiles sont hissées et le mât claque dans le vent. Tu prends le large et tu n’as envie que d’une chose, ne jamais revenir…

 

En mer, voyage initiatique ou quête de sens?

 

Un beau merci à toi manU, ma p’tite grenouille charentaise, pour ce beau cadeau…

Une lecture à déposer sur l’étagère océane ;-)

 

« Je veux apprendre quelque chose à Maria. Je veux lui montrer qu’on peut aussi vivre autrement. Qu’on n’a pas besoin d’être une marionnette si on ne le souhaite pas. D’être une poupée dont les autres tirent les fils, au gré des situations, au gré de ce qui est acceptable ou comme il faut. Ou sans raison. Lui montrer qu’il y a un autre monde, avec d’autres règles. Je veux lui apprendre comment c’est de vivre en mer »

 

« À bord d’un bateau, le capitaine et seul maître. C’est une personne solitaire. Les capitaines ne peuvent pas prendre de mauvaises décisions, mais ils le font tout de même. Je me disais : Entre un père et un capitaine, il n’y a guère de différence »

En mer - Toine Heijmans
10 mars 2015 2 10 /03 /mars /2015 23:56

diner3bon

 

« Eddie Cabot : Attends que je pige ce que tu dis. Tu dis que tu donnes jamais de pourliche?
Monsieur Pink :
J'en ai rien à branler que la société dise que ça se fait. D'accord pour donner un pourboire si on fait quelque chose qui le mérite. Si on m'offre un service en plus, je paierais un extra mais le pourliche qu'on paie automatiquement, ça c'est bidon. »

 

Quentin Tarantino, Reservoir Dogs (extrait en première page)

 

diner5bon

 

Voilà un repas qui a de quoi vous couper l’appétit!

 

C’est à contrecœur que Paul et sa femme Claire acceptent l’invitation de Serge et Babette dans un grand resto pompeux d’Amsterdam. Le genre d’endroit où on vous détaille le moindre pignon de pin dans l’assiette et la provenance de l’huile d’olive. Bref, le cadre idéal pour les Serge de ce monde, le type arrogant, méprisant et prétentieux, imbu et se croyant doté d’une intelligence supérieure. Vous me suivez? Le parfait imbécile qui après une brève formation de 6 semaines en œnologie, accroche son diplôme chez lui à un endroit où personne ne peut manquer de le voir. Cela vous étonne si je vous dis qu’il est politicien, en tête de liste du principal parti d’opposition et grand favori pour devenir le prochain premier ministre?

 

Enfin, un repas qui s’éternise – c’est le lot des repas en mauvaise compagnie, non? – de l’apéritif au digestif, en passant par l’entrée, le plat principal et le dessert, marquant chacun un chapitre. Au fil du dîner, la discussion se corse, crises de larmes et règlements de compte. Tout cela allant crescendo jusqu’au sujet qui fait exploser toute possibilité d’envisager une fin de repas plus calme : Leur garçon respectif, des ados de 15 ans. Ils ont commis dans la complicité un acte d’une extrême violence qui amènera l’un d’eux à réfléchir aux conséquences d’un certain nombre de dilemmes moraux. Prises de position entre parents pour protéger ses ouailles, reste à savoir qui a influencé qui… point d’ancrage de la bombe à retardement qui n’attend que l’explosion fatale!

 

Je suis passée à travers ce dîner noir à la vitesse de l’éclair, aussi rapidement que je peux engloutir un millefeuille à la crème pâtissière. Contre toute attente, ce roman est teinté d’un humour décapant, écrit avec sarcasme et ironie. Les pensées à voix hautes du narrateur sont pimentées de remarques cinglantes qui habitent son discours intérieur.

 

Il porte aussi un regard sur le couple d’aujourd’hui, sur la famille et les défis auxquels sont confrontés les parents. Il ne manque pas de pointer du doigt la notion de « normalité » et la valeur qu’on lui accorde dans une société marquée par la violence et l’individualisme. Qu’en est-il de la part d’hérédité et de l’acte responsable? La question se pose d’elle-même par l’entremise du personnage de Paul qui, sous des dehors d’homme en parfait contrôle de ses émotions, cache une profonde détresse associée à la maladie mentale dont il souffre.

 

Lire ce livre peut se comparer à se retrouver dans un resto où l’ambiance est empreinte de romantisme, mais qui, en fin de soirée, provoque chez les clients des maux de tête dévastateurs. Et il n’y aura pas que le tanin en cause!

 

Qui vient dîner avec moi ce soir?

 

« …Et la tempête passe à côté. On préférerait voir les toits des maisons arrachés, les arbres déracinés et soulevés en l’air ; les documentaires sur les tornades, les ouragans et les tsunamis produisent un effet apaisant. Bien sûr, c’est horrible, nous avons tous appris à dire que nous trouvons cela horrible, mais un monde sans catastrophes et sans violence – la violence des éléments ou la violence de chair et de sang -, voilà qui serait vraiment insupportable » 

 

Les avis de  Dasola et Eeguab 


 

diner2bon

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