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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 00:21
Bulles de savon - Emma Giuliani

PIF PAF POF!!!

 

Vous avez vu ces bulles de savon multicolores?

Elles ont déposées en moi des milliers de soleils…

 

Un cadeau tout en délicatesse qui a peint de caresses douces mes plus beaux souvenirs <3

 

Avec les « Bulles de savon » d’Emma Giuliani, j’ai voyagé à travers la mémoire de mon enfance. Et c’était tellement bon! J’ai tourné chaque page avec cette magie dans les yeux de découvrir le petit trésor qui se cachait sous le rabat ou la tirette. En traversant les images d’enfance de l’auteure, je suis comme retournée sur les pas d’un vieil album photos pour les faire revivre en moi. Elles avaient des formes, des couleurs et des odeurs. Elles éveillaient des sensations, des joies, des nostalgies, des rires et des pleurs aussi. Il suffit de peu de choses parfois, pour peu qu’on y prête attention, pour réaliser à quel point notre âme d’enfant n’est jamais bien loin de l’adulte que nous sommes devenus.   

 

Emma Giuliani a imagé ce livre de cette même tendresse avec laquelle on se laisserait bercer par un poème d’amour. Elle nous raconte la magie des flocons de neige, de la fourmis que l’on découvre sous la feuille au pied de l’arbre, du cerf-volant qui vole très haut dans le ciel, du premier baiser sous les étoiles, des cahiers et crayons aux milles couleurs à la rentrée scolaire, et bien d’autres petites pépites d’or encore. Le graphisme est magnifique. Publié aux Éditions Les Grandes Personnes, pour l’enfant qui sommeille en nous tous... 

 

******************

 

Des flaques d'eau à la joie de grimper dans les arbres, en passant par les souvenirs de cour d'école et la magie de Noël, ce petit livre merveilleux m'a permis de rêver. J'y retourne souvent, très souvent même... pour la joie de revoir mes grands-parents <3

 

Splash!

 

Je me suis revue courir vers une flaque d’eau avant de me lancer en plein milieu, pieds joints, pour tout faire éclabousser! Surtout sur mon frère................. :D

Mais je vous assure, j’n’étais pas du tout espiègle pour autant…… hum hum……

 

Hou Hou Hou Han Han Han Hannnnnnnnnnnnnn

 

Que j’aimais grimper dans le gros arbre derrière la maison... Un vrai singe qu’on disait! Pourtant, à part manger des bananes et imiter son cri comme personne, j’vois pas?! ^^

 

Cling Cling Cling

 

C’est le bruit des billes multicolores qui se cognent l’une sur l’autre. C’était mon jeu favori dans la cour d’école!

 

Ho Ho Ho

 

Vite c’est bientôt Noël, il faut décorer le sapin! On sort les guirlandes, les boules de toutes les couleurs, les lumières, les figurines de caribous (bou bou bou), de grenouilles (crôaaaaa ^^), de bonhommes de neige (?), de loups (ahouuuuuuuuuuu), de singes (je vous la refais? ^^).

 

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« Et une âme de petit enfant

qui ne demande à l’existence

qu’un peu de brise pour son cerf-volant »

Maurice Carême

 

Merci à toi ma p’tite Bulle de Savon toute gentille, toute sweet, toute Douce.

C’est un précieux cadeau que je garde tout près de moi... <3 

 

Bulles de savon - Emma Giuliani
Bulles de savon - Emma Giuliani
9 avril 2016 6 09 /04 /avril /2016 01:02
L'Or noir - Arthur H et Nicholas Repac

« Dans chaque pas en terre étrangère,

de nouvelles racines prolongent

le chemin qui vient du pays natal. »

 

René Depestre - Haïti

 

*******

 

Ce soir, j’ai rendez-vous avec les airs intimes des caraïbes francophones...

 

Faire des heures de route n’a plus le même sens depuis que je voyage avec Arthur H et Nicolas Repac. J’ai laissé le volant de mon Westfalia rose, années 80, à Arthur. De la pointe de Grand’Anse à Port-de-Paix, en Haïti, le siège baissé et les pieds sur le tableau de bord, je bois ses mots avec la même ferveur que l’on met à tremper ses lèvres dans un Cocktail bien frais couleurs passion - jus d’orange, grenadine, curaçao, une rondelle de citron vert, 1 coupelle de sucre rouge, une fleur de grenadia et un Barbancourt 5 étoiles – fin de l’aparté. Nous longeons la mer des Caraïbes, l’eau est turquoise et les poèmes qui défilent dans ma tête ont une odeur de soleil. Arthur H, le « raconteur chanteur » de Poétika Musika, a choisi les textes de poètes des Antilles qui s’épousaient le mieux à ses émotions musicales. Il a voulu « reconnaître les liens qu’ils tissaient avec sa propre identité ».  

 

« J’irai par quatre chemins confesser l’indigo en poudre fine de ta petite culotte qui compte bien plus d’étoiles que les drapeaux des États fédéraux. Amoureux, je ne suis qu’un homme simple souffrant d’un gigantisme au niveau du myocarde me donnant un cœur trop grand pour ton âge. »

 

« À toi ma chance belle, ma chanson douce de me donner le bain en ton âme, navire à voiles, barque de mousse, et ton corps d’ail farci de tous les sortilèges. Encore vivrai-je de temps en temps sous la conjonction planétaire de tes tours de hanche gonflées de coups de grâce. »

 

James Noël - Haïti

 

Sur la banquette arrière, pour lui permettre de jouer plus librement de ses instruments, Nicolas Repac s’est saisi de ces poèmes afin de leur donner vie. Ils ont vibré en lui avant de nous être offerts à travers une fête harmonique de flûte, sanzas, guimbarde, sansula, duduk, harmonium indien, sampleur, guitare et tant d’autres. Pour peu qu’on se ferme les yeux quelques instants, on danserait pieds nus dans le sable, la nuit durant, avant de s’endormir sous les étoiles de ce Sud qui me bouscule le cœur.

 

« …si bien que l’on ne saurait plus qui passe ou d’une étoile ou d’un espoir

ou d’un pétale de l’arbre flamboyant

…Alors la vie j’imagine me baignerait tout entier

mieux je la sentirais qui me palpe ou me mord

couché je verrais venir à moi les odeurs enfin libres

comme des mains secourables

qui se feraient passage en moi

pour y balancer de long cheveux

plus longs que ce passé que je ne peux atteindre. »

 

Aimé Césaire - Martinique

 

L’or noir d’Arthur H est un écrin de merveilles dont les sens s’immergent sans fin, sans limites de temps ni crainte de l’épuisement que ses caresses pourraient provoquer en nous.

 

« Black gold, l’or noir, l’exploration du sexe, de l’âme et du cœur, du sens caché, du sens limpide, du sens révélé par le contact, le toucher si ressourçant avec l’âme du monde dans toute sa rugosité délirante, son hystérie, sa douceur, son infini douceur… c’est comme caresser la terre avec tout l’amour possible et voir des tourbillons de poussière s’élever vers le ciel pour devenir des soleils… »

 

Arthur H

 

Toujours les pieds sur le tableau de bord, je voyage au cœur de sensations fortes. Je ne voudrais être ailleurs qu’ici, au cœur de ces mots Couleur Café…

 

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« Arthur, le nègre

 

Enfant, j’ai entendu quelqu’un dire que les nègres étaient des gens qui vivaient le long du fleuve Niger et cela m’avait tant touché que souvent la nuit je filais là-bas. Il n’était pas question de race, ni de couleur mais d’un lieu où l’on pouvait se rendre en suivant le fil rouge de la nuit. Je dis cela parce qu’après t’avoir entendu, Arthur, je suis retourné là-bas où je t’ai retrouvé.

 

Le chemin, pour y aller, n’est pas fait de terre mais de chants, un long ruban de chants rugueux, longtemps macérés dans l’eau de vie et le sang gâté. J’y ai retrouvé des gens venant de partout et de tous les temps.

 

Ils y étaient par choix. Glissant, les pieds dans l’eau, conversant avec Césaire. James Noël pêchant des écrevisses juste à la courbe du fleuve, et ce nègre courant dans la brousse avec un molosse à ses trousses ne peut être que Chamoiseau, et tant d’autres, même Queneau et Vian, et cette voix qui nous vient du fond de la bananeraie, langoureuse et élégante, comme un hamac l’aurait fait s’il savait chanter, parfois grave et sèche comme une lampée de rhum, pour s’éteindre doucement afin de faire corps avec la nuit : c’est celle d’un jeune homme du nom d’Arthur H. Il a trouvé la route qui mène au fleuve simplement en murmurant des poèmes ramassés ça et là et qu’il nous chantera avec son complice Nicolas Repac. Soudain, Césaire s’est retourné pour lui demander de rejoindre le petit groupe de poètes nègres morts. Quand l’aube s’est agitée et qu’il fallait revenir à la surface du jour, Arthur a voulu y rester, et depuis je suis sans nouvelle de lui… »

 

Dany Laferrière

 

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Un grand merci au Bison qui a fait traverser L’Or noir par-delà l’océan pour m’en faire goûter les fruits délicieux, gorgés de poésie…

L'Or noir - Arthur H et Nicholas Repac
7 avril 2016 4 07 /04 /avril /2016 00:29

Les beaux jours du printemps bourgeonnent dans les arbres. Plus un seul flocon de neige au sol. Quel bonheur… Le soleil nous réchauffe doucement la peau et les oiseaux ont entamé leur migration du Mexique vers le Québec. Ça sent l’été et mon cœur est en fête!

 

Comme un mauvais coup de la nature, ce soir, le vent s’est levé et il s’est remis à neiger. Le sol est tapissé de blanc, il faut ressortir les manteaux, les bottes, les tuques et les foulards. Parce qu’au réveil demain, il vaudra mieux remettre les gougounes dans le placard si on veut éviter de se geler les orteils…

  

Je dépose ici quelques soleils de Cognac, Kyoto et Royan. Pour me réchauffer le bout du nez et l’écorce du cœur. Je m’y imagine et ça me rend heureuse!

 

Merci à mon sweet manU et mon amie Hitomi du Soleil-Levant pour ces douceurs <3

Le soleil se couche à Cognac, au chant des grenouillEs

Le soleil se couche à Cognac, au chant des grenouillEs

Cognac un 7 avril, les nuages sont en feu <3

Cognac un 7 avril, les nuages sont en feu <3

Kyoto s'endort sous les cerisiers en fleurs

Kyoto s'endort sous les cerisiers en fleurs

Royan, là où il ferait bon être, les pieds dans le sable...

Royan, là où il ferait bon être, les pieds dans le sable...

De Royan à Montréal, aussi loin que les bateaux nous portent

De Royan à Montréal, aussi loin que les bateaux nous portent

Royan est en feu et mon coeur est en fête...!

Royan est en feu et mon coeur est en fête...!

5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 00:30
Fleur de cerisier Vol 459 - Aline Apostolska

«  Le 24 juin, le vol 459 en partance de Paris s’est abîmé en mer. C’est la proposition de laquelle sont partis quatre auteurs québécois de talent pour imaginer des histoires haletantes, touchantes, intrigantes. »

 

Voici celle d’Aline Apostolska

 

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« On finit toujours par ressembler aux gens qu’on aime, surtout quand on a librement choisi cet amour. »

 

« Anh Dao » : Fleur de cerisier. C’est le prénom de ma mère…

 

Mark-Chung Nguyen avait 4 mois quand sa mère de 15 ans, Anh Dao, l’a déposé dans les bras de Tiên et Van Kim, faisant d’eux ses parents d’adoption. Ils se trouvaient alors aux Philippines, dans le camp de réfugiés de Subic Bay et s’apprêtaient à traverser les eaux agitées du Pacifique vers la base de Darwin, en Australie. Un enfer qui dura plus de 60 heures, sans boire ni manger. C’était le 22 octobre 1975. Van Kim travaillait alors comme commandant de la marine sud-vietnamienne. À 21 ans, en 1964, l’Armée de la République du Viet Nam lui avait alors confié une importante mission : se battre contre le Viêt công communiste du Nord. Jamais il ne se sera remis d’avoir eu à abandonner son engagement. De l’Australie, il fut accueilli à Montréal avec sa femme et ses trois fils, dont le petit de quatre mois. Mark-Chung est un enfant de la guerre du Viêt Nam. Est-ce que cette période sombre de l’histoire a pu laisser en lui, à un si jeune âge, des stigmates de l’horreur?

 

« Le passé est comme une lame de fond prête à vous noyer. »

 

Alors que sa mère d’adoption vient de mourir et que sa femme est enceinte, Mark cherche à faire la lumière sur son passé. En allant fouiller dans ses origines, il bouscule la tranquillité de son quotidien. En est-il plus heureux? Quelle sera l’ampleur des déceptions? Des blessures profondes? Des joies trop grandes dont il sera beaucoup trop tard pour pouvoir en jouir? Mark a reçu le plus beau cadeau de la vie, celui d’avoir été « choisi et aimé » de ses parents. Il en est profondément reconnaissant. Malgré les gènes, il est celui qui leur ressemble le plus. Docteur en physique nucléaire à McGill, les découvertes des derniers mois viendront remettre sa vie en question. Comment peut-on concevoir de donner la vie alors que son travail l’amène à « fabriquer la  mort »?

 

 « Aussi douloureuse et perturbante qu’elle soit, cette plongée dans mon histoire… s’avère nécessaire. »

 

L’histoire se déroule entre Boston et Ho Chi Minh-Ville, Los Angeles et Montréal. Le 24 juin, alors qu’il fête son trente-huitième anniversaire, Mark est à l’aéroport Trudeau de Montréal. Il attend une passagère du vol 459 en partance de Paris. Lorsque l’avion s’abîme en mer, elle emporte dans ses flots un lourd secret. Il avait rendez-vous avec son histoire...

 

« À trop se retourner, on risque la chute. »

 

Je ne m’attendais pas à être happée à ce point par ce livre, quel coup de cœur! Aline Apostolska, québécoise d’origine macédonienne, a comblé plus que mes attentes avec son roman appartenant à la série de quatre tomes du « Vol 459 ». Elle parle avec poésie du lien et du lieu d’appartenance, de l’identité, du destin, de la paternité, de la nostalgie et de tant d’autres sujets. L’intrigue est e-x-c-e-l-l-e-n-t-e. Le dénouement amené avec brio. Cette histoire d’une grande sensibilité m’a tenue en haleine jusqu’à la fin. Un court roman que j’ai lu d’une traite sans ne pouvoir m’arrêter. Il faut ABSOLUMENT que je découvre d’autres de ses romans!

 

« Mon père est un chêne. Il a conduit sa vie comme il a dirigé ses navires, sans jamais ployer devant les ennemis ou les aléas de la vie. Si j’avais dû choisir un père, c’est lui que j’aurai choisi. La paternité a cela d’unique qu’elle est un choix. Le père est celui qui reconnaît un enfant comme le sien, qu’il en soit ou non le géniteur. »

 

Pour lire mon avis sur « S.A.S.H.A., vol 459 » de Martin Michaud c’est ICI

 

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« Anh Dao » : Fleur de cerisier.

Parce que l’amour du cœur est le plus fort…

 

Merci à mon sweet manU pour la superbe photo :-*

Fleur de cerisier Vol 459 - Aline Apostolska
Fleur de cerisier Vol 459 - Aline Apostolska
1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 23:16
Ceux qui restent - Marie Laberge

« Pour le reste, laissez faire la vie.

Croyez-moi, la vie a toujours raison. » 

Rainer Maria Rilke (Lettres à un jeune poète)

 

« Je ne crois pas qu’on refuse ou qu’on accepte de vivre. Je crois que certaines circonstances alliées à un état d’esprit spécifique conduisent à des gestes définitifs… qui, à ce moment-là, ont l’air d’une solution. »

 

Il y a des auteurs comme ça dont on ne rate la sortie d’aucun roman, et c’est le cas avec Marie Laberge, mon auteure québécoise culte. Elle arrive plus que n’importe qui à s’immerger dans les profondeurs de l’âme humaine. Si le deuil est un sujet qu’elle a souvent abordé, pour la première fois elle se tourne vers Ceux qui restent, ces personnes qui ont à survivre au suicide d’un proche. 

 

« Se tuer, c’est passer son bill à ceux qui restent.

Pis y a pas un crisse de procès qui peut te permettre de pas le payer. »

 

Un 26 avril, Sylvain s’est pendu dans la maison de campagne de son enfance. C’est sa mère qui l’a trouvé en entrant, il n’avait laissé aucun message pour expliquer son geste. Personne n’arrivera jamais à comprendre et tout le monde cherchera à expliquer, à sa manière. Le suicide condamne les survivants, existe-t-il même un geste plus violent ? Une chose est certaine, dans la douleur, on recherche tous une issue de secours.   

 

« Les suicidées, y nous refilent le problème. Y nous disent : « Regarde : moi, je sacre mon camp. V’là mes hosties de problèmes, arrange-toi avec ! »

 

Après 500 pages je me retrouve à bout de souffle. Je ne suis pas écoeurée, ni même alourdie de sentiments noirs suite à la lecture de son roman. Au contraire, plus que jamais je me demande où cette femme va puiser ses mots pour nous les rendre avec autant de finesse. Elle décortique l’âme au scalpel, l’analyse, établit des liens entre les failles jusqu’à la reconstruction et surtout, elle éveille en nous le doute, celui nécessaire aux questionnements. Je ne suis jamais arrivée à lire un de ses romans d’une traite. Ses livres se savourent. On lit, on s’y accroche, on s’arrête, on se questionne, puis on les reprend. Avant tout, on grandit! C’est ainsi qu’elle nous captive, nous émerveille…

  

Les chapitres de son roman sont divisés selon la personne s’adressant à Sylvain, ses parents, sa femme, son fils, sa maîtresse, son beau-père, etc. Chacun s’ouvrira sur ses incompréhensions, sur sa part de culpabilité. On se jettera le blâme en pleine face. Et si la faute revenait à cette mère envahissante, voire étouffante? On se remettra en question. Comment ne pas avoir perçu aucun signe avant-coureur dans ses gestes, ses attitudes, sa dépression? On se sentira impuissant, étranglé par la révolte, la colère, le remord, l’amertume, autant de sentiments normaux quand on affronte un deuil. Les parents de Sylvain se sont séparés, leur couple n’a pas survécu à la mort de leur fils. La violence d’un suicide est presqu’insurmontable pour Ceux qui restent. On se demande s’il n’est pas même égoïste de s’enlever la vie…

 

Marie Laberge dresse ici, à travers un événement x, un portrait de famille somme toute banal. Banal en ce sens qu’on pourrait tous quelque part s’y retrouver entre les querelles, les infidélités, les souffrances, les secrets ou les pardons des uns et des autres. Les histoires familiales sont en soi complexes. Je sors de cette lecture avec une seule envie, lui dire merci. Merci de leur rendre un si touchant hommage...

 

« Tout est devenu noir. J’ai défoncé le mur du garage avec mes poings. J’étais tellement sonné, tellement étranglé de révolte, d’impuissance que j’ai fessé jusqu’à avoir les mains en sang. Ça fait mal, et ça ne soulage pas. Le temps fait une sorte de ménage dans les souvenirs… on arrange sa vie pour avoir un peu d’anesthésie. »

Ceux qui restent - Marie Laberge
Ceux qui restent - Marie Laberge
27 mars 2016 7 27 /03 /mars /2016 17:25
Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Vigan

« J’ai essayé d’écrire ma mère »

 

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« À travers l’écriture je cherche l’origine de sa souffrance »

 

Je n’arriverai jamais à décrire, avec toute la force qu’elle mérite, le courage de cette femme et l’admiration que je porte à ses élans de survie. En couchant les mots sur le papier glacé des heures sombres de son enfance, Delphine de Vigan a souhaité rendre hommage à sa mère, Lucile, une femme hors du temps. Écrit à partir de lettres, de dessins, de photos et de témoignages, ce récit est teinté par l’absence d’une mère, sa mort et l’angoisse dans laquelle elle l’aura laissée. Elle racontera le milieu social, les étés passés dans un camp de naturiste, les soirées généreusement arrosées d’alcool et de vapeurs de joints, sa mère se défonçant chaque soir et leur maison tenant lieu de repère d’hippies où l’on venait s’éclater jusqu’aux petites heures du matin. Avec le temps, une distance douloureuse se sera installée entre sa mère et elle, qu’elle n’appellera plus même « maman » mais Lucile. Jusqu’au jour où elle la trouvera morte, des « minutes d’apnées » qui la plongeront inévitablement dans le brouillard et la terreur. C’est sur cet événement que s’ouvre le roman. Son histoire m’a bouleversée…  

 

Lucile, « femme abîmée », «petite chose friable, recollée, rafistolée, irréparable ». C’est le souvenir qu’en garde Delphine de Vigan, trois ans après sa mort. Dans son enfance, enfant à l’écart et la préférée de son père, elle se démarquait déjà par ses isolements silencieux, son humour à froid, ses airs absents, le mystère dont elle s’entourait et ses nombreuses peurs, du bruit, des voleurs, des voitures etc. Elle rêvait alors de « devenir invisible », ironie du sort pour cette jeune fille sur laquelle tous les regards se posaient. Elle était d’une grande beauté, modèle pour des magasines et des défilés de mode. Puis vint le grand dérapage où elle sombra dans la folie, qu’on l’interna à quelques reprises et qu’on lui diagnostiqua une psychose maniaco-dépressive où elle resta près de 10 ans dans l’enfermement de pensées suicidaires. Bourrée de neuroleptiques, les yeux dans le vague, léthargique, délirante et sujette à des pensées morbides et à des hallucinations, c’est le modèle de mère avec lequel Delphine de Vigan a passé son enfance et son adolescence.   

 

« Lucile est devenue cette femme fragile, d’une beauté singulière, drôle, silencieuse, souvent subversive, qui longtemps s’est tenue au bord du gouffre, sans jamais le quitter tout à fait des yeux, cette femme admirée, désirée, qui suscita les passions, cette femme meurtrie, blessée, humiliée, qui perdit tout en une journée et fit plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, cette femme inconsolable, coupable à perpétuité, murée dans sa solitude. »

 

Delphine de Vigan nous raconte ici l’histoire d’une famille, la sienne, qu’elle qualifie de dévastée. Outre les nombreux amours de sa mère, les suicides, les morts, les maladies, les accidents, elle a gardé d'elle le souvenir ineffable d’une femme en perpétuel mal de vivre. De nombreux passages m’ont troublée aux larmes, son passé bien sûr avec lequel elle vit au présent de l’imparfait, mais aussi la présence néfaste de son propre père, l’anorexie, l'inceste, les viols... Merci à vous Delphine de Vigan, votre histoire est un peu devenue la mienne, la nôtre. Elle laissera longtemps en moi des traces de douleur... 

 

« Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence. »

 

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« Lucile est morte comme elle le souhaitait : vivante. Aujourd’hui, je suis capable d’admirer son courage. »

 

Les avis de Claudia Lucia et Malika 

Et ceux de manU, Nadège et Claudia Lucia sur « D’après une histoire vraie »

 

Photo : Lucile dans une pub 

Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Vigan
24 mars 2016 4 24 /03 /mars /2016 10:49
La femme aux pieds nus - Scholastique Mukasonga

« Ce livre est le linceul dont je n'ai pu parer ma mère. C'est aussi le bonheur déchirant de la faire revivre, elle qui, jusqu'au bout traquée, voulut nous sauver en déjouant pour nous la sanglante terreur du quotidien. C'est, au seuil de l'horrible génocide, son histoire, c'est notre histoire. »

 

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« Quand je mourrai, quand vous me verrez morte, il faudra recouvrir mon corps. Personne ne doit voir, il ne faut pas laisser voir le corps d’une mère. C’est vous mes filles qui devez le recouvrir, c’est à vous seules que cela revient… »

 

Scholastique Mukasonga n’a pas pu recouvrir le corps de sa mère, ses restes ont disparus. On l’a froidement assassinée, démembrée à coup de machettes en avril 1994, lors du génocide des Tutsis au Rwanda. En faisant revivre ses secrets, elle nous livre ici le témoignage touchant de La femme aux pieds nus, Stefania, cette femme courageuse dont la mission première fut de protéger ses enfants. Sachant que le seul asile était de franchir la frontière du Burundi, elle élaborait pour eux des plans d’évasion, des cachettes où se dissimuler, explorant chaque jour le chemin de brousse menant à la frontière. Quelques provisions étaient soigneusement préparées pour la fuite, lorsqu’il serait temps de partir et que la menace serait si grande qu’ils n’auraient pas même le temps de se dire adieu. Car ils partiraient seuls, ses parents ayant choisi de mourir au Rwanda, sur la terre de leur enfance…

 

Ce récit extrêmement émouvant est marqué au fer rouge par cette période sombre de l’histoire d’un génocide qui a tué plus de 800 000 innocents au nom d’une guerre civile opposant le gouvernement rwandais. Les soldats ont pris les armes, ils ont saccagé, pillé et terrorisé. Ils ont violé des milliers de femmes et laissé derrière elles des images de terreur qui hanteront à jamais le cauchemar des survivantes. Stefania et sa famille ont été déportées à Nyamata, où 50 000 Tutsis ont été assassinés sur la commune. Les « maisons de Tripoli » (cases des déplacés) étaient alignées, Stefania rêvait encore d’y construire l’inzu (sa maison). Les militaires du camp de Gako, établis aux frontières du Burundi, y faisaient irruption à tout moment de la nuit. Sous mes yeux de femme occidentalisée, et au regard de ma sensibilité face aux injustices planétaires et à toutes formes de mépris et de haine, qu’elles passent par les guerres, les génocides, les famines ou les exodes, je n’arriverai jamais à comprendre toute cette violence humaine…

 

« Et je suis seule avec mes pauvres mots et mes phrases, sur la page du cahier, tissant et retissant le linceul de ton corps absent. »

 

Dans ce tableau noir de la déportation, des persécutions et de l’exil, Mukasonka a aussi tenu à nous peindre l’Afrique de son enfance, celui des odeurs, des saveurs et des richesses de la savane. Comme une manière de tamiser l’horreur de souvenirs tendres, une sorte de rappel qui s’éveille à la mémoire d’une enfant blessée dans ce qu’elle a de plus fondamental, l’amour à sa mère disparue. Elle partage avec nous les rites et traditions, les vertus des plantes médicinales, l’heure des contes, à la nuit tombée, la moisson, les rires, les chants et les danses. Sous les caféiers, les femmes s’adonnaient à ce précieux rituel du lavage de pieds dans l’herbe fraîche de rosée, goûtant le jus sucré et doux comme le miel du sorgho. Si ce récit est triste, les pages sont parfumées de l’odeur du manioc, des haricots fraîchement cueillis, des patates douces, des bananiers et des calebasses de bière. Au village, les mères venaient chaque jour rendre visite à Stefania, une marieuse réputée qui trouvait un homme à leurs filles. Elle était respectée de tous.

 

Ce récit est un vibrant hommage à cette mère, Stefania, et à toutes les femmes du Rwanda. Dans la brousse hostile, aucune guerre ne sera jamais arrivée à détruire en elles leur courage, leur instinct de survie, leur fierté, l’entraide et la solidarité. Ces femmes sont un modèle. Je n’oublierai jamais leur histoire…

 

« Le Rwanda aujourd’hui, c’est le pays des Mères-Courage »

 

Je dédie cette lecture à A-M Habyalimana, femme-courage et amie de toujours. À son père et son frère Jean-Luc qui ont trouvé la mort durant le génocide.

La femme aux pieds nus - Scholastique Mukasonga
La femme aux pieds nus - Scholastique Mukasonga
13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 16:16
Crash-test - Claro

Embarquement immédiat pour le crash, aucune issue de secours, premier accident de parcours

 

« Au commencement était l’accident »

 

« Adieu le repos et adieu la lecture du journal au café, la serveuse aux talons qui cliquent ne viendra plus, le café dans la tasse jamais ne tiédira, il n’y aura pas de jour de marché, pas de baiser sous les lampions, vous avez choisi la route, or la mort fait de l’auto-stop, et son pouce est le pieu sur lequel s’empaler. »

 

Il travaille pour un fabricant de voitures au département des crash-tests- appelons-le Robert pour faciliter les choses - il teste la résistance des habitacles en se servant de cadavres. Ses journées se résument à mettre en scène des collisions, reproduire les conditions du crash et anticiper le désastre. Quelques secondes à peine et c’est le choc, la seconde immobile où tout bascule, quand le corps absorbe la vitesse de l’impact. Un verre de trop, un moment d’inattention, l’endormissement, une erreur de jugement, une distraction. Le pressentiment n’est pas venu à bout de l’inévitable ni à stopper l’impossible. Mais à force de voir chaque jour des crânes en bouillie passer à travers les pare-brises, Robert finit par déraper sur l’autoroute de la folie, il parle aux cadavres comme d’autres se parlent à eux-mêmes. Il est le témoin premier de son propre crash…

 

**********

 

Nuit de sexe sous projecteurs, strip-tease et dérapage, deuxième accident de parcours

 

« Au commencement était l’accident »

 

« Appelons-la Melody Bubbles et n’en parlons plus. Ou plutôt ne parlons plus que d’elle, de ses dehors et dessous, du faux ciel qu’elle suscitait d’une arabesque de la main, une corde nouée en travers de ses seins dont elle mordillait le noeud intensément gordien, mimant l’Ève hésitante puis la dompteuse inassouvie, changeant de rôles avec la lumière. »

 

Elle travaille dans une boîte de nuit, de celles qui affichent les couleurs du sexe dans la souillure de néons rouges clignotants. Melody Bubbles entre en scène, les projecteurs s’allument. Elle se déhanche au rythme d’une musique érotique, l’évangile tatoué sur l’omoplate gauche, pulpeuse, les seins qui pointent vers le ciel et la jambe allongée sur son tabouret. Langoureuse… Une meute de loups affamés de chair fraîche vient se distraire d’un trop plein de monotonie à travers une érection aussi éphémère que leur couple qui bat de l’aile. Mais ce soir, Melody joue la grande prestation, le rôle de la femme-objet dans un corps de femme blessée. Elle s’est créé une fausse identité pour donner un sens à sa vie, se sentir exister, désirée. Le crash a eu lieu à l’été 69, à New York. C’est là que tout a commencé, que le sexe est né. Il est né du choc, d’une mâchoire brisée contre un pare-brise. Puis de Chuck, une brute à pendre par les couilles, un bourreau, une bête, un sale violeur. Au commencement était l’accident. Et ensuite la luxure, la révolte, la colère…    

 

**********

 

Porn story, branlette, fumette et liberté, troisième accident de parcours

 

« Au commencement était l’accident »

 

« La verge mobile, l’œil plissé tel un brigand d’autrefois, il marmonne les incantations qui font vagir les croupes et saillir les mamelons, marmonne et chante à fond de gorge la rengaine du foutre qu’expulsent rythmiquement glottes et glands voraces, distillant aux hétaïres de son harem mental les sésames du plaisir »

 

Il a 13 ans et demi et ne manque aucune occasion de se masturber – appelons-le Bob pour faciliter les choses. Dans l’intimité de sa chambre, seul sous les draps poisseux, ils tripotent les femmes qui s’offrent à lui sur le papier glacé des revues pornos. Il éjacule son besoin d’exister. Bob découvre les possibilités du plaisir en même temps que la honte. Mais le prix à payer pour jouir est nettement aussi satisfaisant que son besoin d’échapper à ses parents. Il recherche l’amour dans le buzz de ses premiers joints. Il vomit son trop plein d’alcool et ses amours de passage. Ce jeune en mal de vivre crache un liquide libérateur dans les entrailles d’un kleenex qui finira au fond d’une poubelle. Il s’en est fallu de peu pour que ce soit sa vie qui tombe dans le dernier caniveau. Au commencement il y a eu le crash, le crash familial…

 

Pour un premier rendez-vous avec Claro, j’ai été complètement charmée par sa manière de rendre compte d’une société malade et laissée à elle-même, solitaire, affamée d’illusions, où personne n’est à l’abri d’un certain dérapage. Crash-test, porn story et strip-tease, des histoires de corps fragilisés, meurtris par les accidents plus ou moins grands de la vie.

 

Un grand merci au Bison qui m’a fait découvrir Claro le jour de mes 25 printemps :D

 

Se délectant de sa Delirium Tremens extra mousse, « Tous les diamants du ciel » l’ont amené aussi loin que le regard 5 étoiles de Lucy…  

 

Crash-test, ou comment foutre sa vie en l’air

Crash-test - Claro
8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 23:54
Le phare, voyage immobile - Paolo Rumiz

« J’ai bien fait de venir ici tout seul, pour le premier voyage immobile de ma vie »

 

« Les archipels de l’âme sont infiniment plus mystérieux et compliqués que les vrais rêves »

 

Qui ne s’est jamais imaginé au moins une fois dans sa vie vivre isolé sur un grand caillou entouré d’eau? Une île déserte, seul au monde, avec comme unique boussole le vent iodé des embruns de la mer. Marcher sur des terres vierges, libres et sauvages, en capturant le moment présent dans l’unique frontière de l’imprévisible, libéré de toutes contraintes. C’est ce qu’a fait Paolo Rumiz lors de son premier voyage immobile, isolé dans un phare au milieu de la Méditerranée. Seul ou presque, avec uniques habitants le gardien et son adjoint, des boucaniers vivant de la pêche et de l’air du temps, aussi discrets que solitaires.

 

« C’est un de ces lieux qui te font comprendre que, au-delà de la lumière de ton existence, il existe le néant incommensurable… Cet à-pic est la représentation du mystère, tu es devant quelque chose qui ridiculise les malheurs des hommes »

 

« Ici, il faut savoir se résigner aux ajournements et aux attentes, et même prendre le goût des errances et du périple. »

 

Sans télé ni aucun moyen de communication – à part une petite radio à ondes courtes - l’écrivain-voyageur a consacré ses jours à l’exploration de son nouveau milieu de vie. Il a contemplé les étoiles, admiré les soleils couchants sur la mer, observé les oiseaux et, même, apprivoisé un âne borgne amoureux fou des citrons. Sans oublier Cassandre, une vieille poule solitaire… Mais avant tout, Paolo Rumiz s’est passionné de « vents », ceux qui secouent violemment les fenêtres et vous incitent à rester à l’abri.

 

« Chaque vent déchaîne en toi une tempête de sentiments inattendus »

 

Qu’il s’agisse de sirocco, de nevera, de tramontane, de levante ou de levantazzo, il en parle avec une poésie qui donne envie de pleurer d’émotion, tant c’est beau…

 

« ce vent d’est humide et infâme est une lamentation, une migration d’âmes mortes, il vous pousse dans les cavernes inexplorées de votre for intérieur » - le levantazzo

 

« c’est un vent chargé de lumière et de reflets, qui anime la mer de vagues fréquentes et riches d’écume, qui gorge nos rochers de couleurs, qui porte des semences de myrte et de romarin, qui mûrit les figues de Barbarie et les raisins, qui ensanglante de coquelicots les champs de blé, qui féconde la mer de nouveaux poissons… » - le levante

 

Seul avec lui-même dans l’un des phares les plus hauts du monde, affrontant les pires tempêtes de vent aussi bien que l’accalmie des jours, Paolo Rumiz réinvente un environnement à l’image de ses bousculements intérieurs. Avec lui, on est emporté par des vagues d’émotions fortes. Pour peu que l’on se ferme les yeux quelques instants, c’est un roman que l’on contemple en paysages, émus par la beauté des lieux. L’auteur colore ses mots d’un discours anti-modernisme où il s’oppose notamment à la pêche industrielle « qui vide la mer », puis aux GPS qui tuent à petits feux ces « gardiens de la lumière »…   

 

« Il m’a suffi de m’arracher au vacarme de la terre ferme, à la tempête des SMS, à l’overdose de données, aux débilitantes musiques de supermarché, et de venir sur une île déserte. Là tout est évident. Il y a un système qui nous abrutit de calmants, qui nous maintient dans un état de confusion mentale, dans le but précis de ne pas nous laisser comprendre qu’un gang de pillards est en train de dévorer le monde. Derrière la guerre en Irak, derrière la Syrie, l’Ukraine, les Balkans, derrière tous les « ismes » et les drapeaux, les nations et les religions, il y a toujours cet accaparement éhonté des dernières ressources de la planète. »

 

Sweet manU, le King des marais de Charente, rêve parfois de déserter son marais à grenouilles pour vivre « sur un îlot désert de toute présence humaine ». Un grand merci de m’avoir permis ce voyage immobile…

 

« Je reste comme un naufragé, ballotté par la tempête de mes pensées »

 

Le phare, voyage immobile. Et mon cœur y est encore… <3

 

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8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 23:43
Neige sur le pont de Taiko

Neige sur le pont de Taiko

(D’après une estampe d’Ando Hiroshige)


Neige sur le pont de Taiko aujourd’hui.

Vol de larmes surpris ce matin par le gel,
Les flocons délavent le visage du ciel,
Sertissant les passants aux pas ensevelis
D’étincelants silences, au plaisir de leur danse.

Leur mémoire glacée fige le doux soupir
De l’eau de la rivière en son bleu souvenir,
Qui reflète les cieux, sous le pont de Taiko,
Là où choît l’horizon dans un cri sans écho.

Au seuil du mourir blanc d’un jour qui se termine,
Les mains d’ébène hésitent sur cette peau d’hermine
Que presse au dos du pont, dans son train incessant,
Le flux silencieux d’élégiaques passants.

Belles-aux-yeux-de-miel, fermez vos kimonos,

Car il neige ce soir sur le pont de Taiko.


Théo, 2003

L'amarrée Des Mots

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