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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 23:31
Syngué sabour - pierre de patience - Atiq Rahimi

« C’est toi qui es blessé et c’est moi qui souffre. »

 

Syngué sabour, vois-tu cette pierre sacrée?

 

On dit qu’elle étanche les maux et les secrets. Jusqu’au jour où elle éclate. Seulement alors, on se sent libéré de nos souffrances…

 

L’ Afghanistan est en guerre. Dans une petite chambre étouffante de chaleur, un homme est plongé dans le coma après avoir reçu une balle dans la nuque. À son chevet, sa jeune femme prie pour le ramener à la vie. La main posée avec amour sur sa poitrine, au son de ses respirations, elle égrène du matin au soir un long chapelet noir, sous le regard complice du Coran. Avec douceur, elle instille des gouttes de collyre dans chaque œil, règle le goutte-à-goutte, nettoie le ventre, le sexe, les pieds. Un rituel comme autant de petites tendresses déployées avec amour…

 

Alors, tu m’entends, Syngué sabour?

 

Mais, dans le tumulte des jours qui défileront et le mutisme des heures, la jeune afghane lèvera le voile et brisera le silence. Une vie de peur et de culpabilité se distillera au gré des souvenirs qui referont surface. Aujourd’hui, elle pourra tout raconter sans être interrompue. De ses mots retenus au seuil de la colère, elle poussera enfin le cri libérateur de tant d’années de souffrances accumulées…

 

« Désormais je possède ton corps, et toi mes secrets. »

 

Pourquoi a-t-il fallu que tu m’abandonnes durant toutes ces années? Cette foutue guerre fratricide au nom de laquelle tu t’es battu égoïstement valait-elle la cruauté de la solitude dans laquelle tu m’as plongée? Au nom de qui, de quoi? Trois ans à t’attendre à travers le vide des nuits sans fin. Et tes frères! Ah, eux! Tous des lâches, des pervers, sais-tu seulement le mépris et la haine dont j’ai été victime? Il faut être sacrément prétentieux et arrogant pour ne t’en être même pas soucié. Je vais te dire autre chose, puisque je n’ai plus rien à perdre, encore moins l’envie de retenir ma colère. Tu sais, cette première fois au lit, j’avais mes règles. Ce n’était pas le sang de ma virginité. Je n’ai jamais joui dans tes bras, j’ai eu à me caresser et me faire jouir quand tu avais le dos tourné à moi, repus de ton orgasme : « vous les hommes, vous jouissez, et nous les femmes, nous nous en réjouissons. »…

 

La porte de la chambre vole en éclats. Une déflagration à faire trembler la terre. Tout le quartier est dans la ligne de mire. Coups de feu, explosions, chars d’assauts. Tu as mené ta guerre et moi la mienne. Je sais à quel point tu t’es senti abandonné par ta famille. Mais moi aussi, Syngué, avec nos deux petites filles, nous étions seules au monde…

 

Dans ton sommeil si profond, entends-tu le cri de la pierre qui éclate? Aujourd’hui je suis libre, libre de toi…

 

« Le fait de tout dire. Tout te dire, à toi. Là, je me suis aperçue qu’en effet depuis que tu étais malade, depuis que je te parlais, que je m’énervais contre toi, que je t’insultais, que je te disais tout ce que j’avais gardé sur le cœur, et que toi tu ne pouvais rien me répondre, que tu ne pouvais rien faire contre moi… tout ça me réconfortait, m’apaisait. » 

 

Un immense coup de coeur pour le roman et le film... 

 

Les avis de Didi sur le LIVRE et le FILM

Et celui de Stephie et Dasola

Syngué sabour - pierre de patience - Atiq Rahimi
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Syngué sabour - pierre de patience - Atiq Rahimi
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