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23 octobre 2016 7 23 /10 /octobre /2016 19:23

 

« Le silence est un refuge, il vous procure la paix. »

 

« Partir dans les montagnes par une nuit calme et sombre comme l’enfer pour y chercher la folie ou la félicité, c’est peut-être cela, vivre pour quelque chose. »

 

La tristesse des anges est un roman qui porte sur les mots. Ceux que l’on dit et ceux que l’on tait. Ceux qui enjolivent la vie et ceux qui la ternissent. Ceux portés par les vents les plus violents et qui nous reviennent. Gifle de regrets amers, ils écorchent au passage l’âme de nos blessures. Ils se heurtent à notre conscience, échappés de la page de notre histoire. Il y a ceux qui prennent de la force avec le temps, qui permettent de se souvenir. Les mots d’amour et mots d’humour, mots nostalgie ou mots solitude, les mots bavards et ceux avares, ceux qui se chantent et ceux qui se pleurent, mais aussi ceux qui se vivent.   

 

Et ceux qui nous tuent… Ce jour-là, Bardur, l’ami du gamin, avait oublié sa vareuse. Tout ça pour les vers d’un poème, Le Paradis perdu de Milton. La tempête s’était levée et la mer de l’Islande ne pardonne pas. Portant sur son dos le poème maudit, il fera la route jusqu’à la ferme de Kolbeinn, le vieux capitaine aveugle, pour le lui remettre. Il y trouvera le réconfort, les mots douceur et mots chaleur…

 

Ce roman porte sur les mots. Ou serait-ce les maux?

 

Jens, le postier de campagne, devra se rendre de la Rive de l’Hiver jusqu’aux Fjords de Dumbsfirdir pour atteindre Vik, au Nord-Ouest de l’Islande. Une expédition postale de plusieurs jours qu’il entreprendra avec le gamin sur des terres battues par le vent. Impossible de traverser ces fjords à la barque et d’enjamber seul les landes glacées. Cette tournée a coûté la vie à plusieurs postiers. Quand le canot a chaviré et que Jens est passé par-dessus bord, il y a presque laissé sa peau. Le gamin n’aurait pas supporté de voir son compagnon de route mourir. Il repense à Bardur. Alors, il n’y aura pas que les mots, il y aura aussi le froid.  

 

Le vent est violent et glacial, il hurle à la mort et coupe le souffle. Jens et le gamin errent d’une ferme à l’autre à travers la tempête. Enfoncés dans la neige jusqu’aux genoux, ils luttent pour ne pas mourir de froid. Il faudra parfois même s’enterrer bien profond dans la croûte pour survivre. Ils ont peine à se suivre et se perdent de vue plus d’une fois, aveuglés par le blizzard. La tentation de s’endormir est grande, on se laisse aller au sommeil sans jamais ne se réveiller. Cette femme qui semble leur indiquer un chemin, est-ce d’ailleurs un rêve ou une hallucination ? En Islande, j’ai appris plus que nulle part ailleurs le sens de l’expression « regarde où tu poses les pieds ». Le gamin ne s’est pas méfié, il est tombé dans le vide. Il n’y aura pas que les mots, ni seuls ceux d’Othello et de Shakespeare, mais ils auront eu une force inouïe sur la survie des hommes.

 

« … avec ces histoires, ces lambeaux de poèmes et de rêves depuis longtemps éteints au fond de l’oubli. Nous sommes à bord d’une barque à rames vermoulue et, avec nos filets moisis, nous attraperons les étoiles. »

 

La tristesse des anges, ou flocons de neige, est ce chef-d’œuvre qui nous incite à ne jamais renoncer. Il y a ceux qui luttent et ceux qui ont abandonné. Oui, La tristesse des anges est un roman qui porte sur les mots. Ceux que l’on dit et ceux que l’on tait. Ceux des marins et des hommes de courage. Ceux des bavards et ceux qui sont quête. Mots de tristesse ou mots de solitude, il y a les mots de l’amour et des nuits chaudes qui insufflent la vie. Et tous ces mots qui portent la mort, à laquelle personne n’échappe.   

 

« Nous entendons les poissons soupirer au fond de la mer, et ceux qui gravissent les montagnes ou se rendent sur les hautes terres peuvent écouter le chant des étoiles. »

 

« Le ciel abrite une multitude de flocons. Voilà les larmes des anges, disent les Indiens au nord du Canada quand la neige tombe. Ici, il neige beaucoup et la tristesse du ciel est belle, elle est une couverture qui protège la terre du gel et illumine l’interminable hiver. »

 

Mon billet sur le tome 1 : Entre ciel et terre

 

L'avis d'Eeguab

 

Et quelques photos de mon voyage en Islande en mai 2016...

 

 

 

 

 

 

 

 

commentaires

N
OH j'oubliais... tes photos sont sublimes.
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N
Merci ma Nadège, la nature islandaise est tellement belle...
N
Quelle belle ode aux mots, ma Nadine. Tes mots à toi sont tellement justes, tellement sincères. Et tu nous transmets bien tes émotions ressenties à la lecture de ce livre. J'ai lu le premier tome, je lirai les autres, c'est certain... Je t'embrasse.
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N
Ces livres sont des bijoux de la littérature islandaise. En lisant les deux premiers tomes j'ai eu l'impression de revoir l'Islande, avec ses paysages qui resteront à jamais imprégnés en moi... Je t'embrasse
V
Les photos me feraient presque aimer le froid.
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N
Je trouve la nature si belle quand elle est enneigée et glacée...
L
« Le ciel abrite une multitude de flocons. Voilà les larmes des anges, disent les Indiens au nord du Canada quand la neige tombe... »<br /> Tabarnak, j'ai toujours cru que c'est de la Blanche de Chambly qui suintait des nuages et qui cristallisait au contact de l'air frais... Anodinement, tu viens de faire capoter un mythe que je m'étais forgé dans mon esprit...
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N
J'voulais pas briser tes rêves pffffffffffffff mais tu sais, le nuage de Chambly est forcément gorgé de larmes d'anges, une évidence... ^^
S
Je ne connais pas mais les photos sont très belles
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N
J'ai pris 2000 photos en deux semaines, je suis toujours très raisonnable...... ^^
C
Il faudrait que je tente celui-ci !
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N
Je t'encourage à le lire Chess, c'est trop bon!
L
Et puis j'oubliai <br /> FUCK le blizzard !
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N
mdrrrrrrrr Fuck le quoi? J'entends pas, y'a un vol de lagopèdes à queue blanche qui passe au-dessus de chez moi !!! ^^
L
"Le silence est un refuge" <br /> j'adoooooore. <br /> Une phrase qui me parle.
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N
Ça me parle aussi, c'est sans doute le plus beau refuge :-*
L
J'adoooooore. Je vais mettre toute la trilogie dans mon pense bete pour de futurs trouvailles. Si en plus il est recommandé par le Dylan de la guitare, le folkeux la barbe hirsute en moins, Eeguab... Si en plus il est recommandé par une buveuse de Chambly et une suceuse de tire. ..
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N
Parfois on retrouve de jolies surprises sous le sapin............ ;-)
A
Je n'en avais jamais entendu parler. Mais je note !
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N
Il est excellent Alex, si tu le lis je serais curieuse d'avoir ton avis. Bon weekend
L
Merci de me faire découvrir cet auteur :)
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N
Je n'en parlerai jamais assez tellement je l'ai aimé :-)
E
Hello Nad. Toute la trilogie est une oeuvre majeure. J'ai chroniqué les trois avec enthousiasme. Bises à toi, loin là-bas.
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N
Je vais essayer de le retrouver chez toi et mettre le lien ici. Bisous Eeguab et bon weekend
J
C'est un chef d'oeuvre, oui, et Dieu sait que je n'utilise pas souvent cette expression. Le plus beau roman que j'a lu ces dernières années, il m'a procuré des émotions incroyable. Et la traduction d'Eric Boury est fabuleuse, on ne le soulignera jamais assez.
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N
Tu as raison, je suis aussi sensible à la qualité de la traduction. Elle ajoute à la force d'un roman, surtout quand il s'agit d'un chef d'oeuvre aussi grand...
M
Jolie couverture, joli billet, jolies photos, comment ne pas être tenté ? :)
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N
Celui-là je sais que tu vas l'aimer, je crois même que tu l'adorerais. Mélange de poésie et de nature writing. Je vais le relire un jour, ça c'est certain... :D

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