J'entends déjà d'ici certaines personnes me reprocher d'avoir durement évalué cet ouvrage de Giono. Je ne vous cacherai pas que j'avais de grandes attentes, et je le dis d'emblée, je crois néanmoins que c'est un très beau roman. Toutefois, la surabondance de détails environnants m’a profondément agacée, même si, paradoxalement, c'est ce qui fait le génie de cette œuvre littéraire. Ceux ou celles qui me connaissent auront déjà compris que je me lasse très vite de ce genre de lecture contemplative.
Deux personnages principaux habitent les pages de ce livre et s'opposent diamétralement. Antonio, l'homme du fleuve, et le Matelot, l'homme de la forêt. Au fil de ces 280 pages, ils remonteront le fleuve à la recherche d'un disparu. Ils feront la rencontre d'un monde nouveau, non seulement en ces personnes qu'ils croiseront, mais surtout à travers la description du fleuve qui s'écoule, du chant des arbres, des herbes noires pleines de pluie, des «villages collés au sommet des rochers comme des gâteaux de miel»... Ce «Chant du monde», c'est la beauté qui émane de l'union entre le fleuve et la forêt, métaphore de l'association entre les deux personnages principaux. À travers le fruit de cette alliance, nous serons amenés à nous questionner sur la nature des choses qui nous entourent, matérielles ou non, sur le sens de la vie et les substances vitales essentielles. Et c'est en parcourant ce chant de la nature, parfois calme, parfois agité que nous nous arrêterons pour entreprendre une véritable méditation philosophique par la lecture d'une allégorie profonde et douce...