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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 01:40

 

« Il faudrait toujours être en route pour l’Alaska. »

 

Kodiak, Alaska, The Last Frontier. Nulle part ailleurs n’existe un bout de monde qui me fasse tant rêver. Combien de fois m’y suis-je imaginée, à mille milles de toute terre habitée, goûtant aux saveurs de l’instant. Combien de fois me suis-je dit que là-bas, je pourrais vivre de ce temps en suspens, des heures et des heures sur le fil fragile de ce bonheur que l’on capte à même le souffle de l’infiniment petit, pour autant que l’on apprenne à respirer en accord avec le vent du Nord. Un toit, quatre murs, une cabane pour abriter mes rêves. Et au bord de ce lac, la poésie d’une nature sauvage qui n’a de limites que ses forêts à perte de vue. Il y aurait des grizzlys, ça oui, peut-être arriverais-je même à m’y faire (mais j'en doute...). Un bout de monde et toute cette blancheur. Goûter au silence.

 

« On quitte enfin la terre, je sais déjà que je n’en reviendrai jamais. »

 

Kodiak, Alaska. Lili en avait aussi rêvé. Elle avait une fougueuse envie d’aller y pêcher la morue, d’apprendre le métier de marin. De tout foutre en l’air et de changer de cap. Qui n’en a jamais rêvés au moins une seule fois? Surtout, ne plus revenir vers cette vie d’avant, se faire passer pour morte s’il le faut. Vivre éternellement dans un bateau, ne plus jamais poser le pied à terre, sous peur de tanguer et de perdre ses repères... 

 

À bord du Rebel, elle se sent vivre. Et moi, solitaire, je respire à ses côtés. Il nous suffit de peu, un ciré, des bottes étanches et des long johns, pour les soirées froides. Il faudra faire nos preuves dans ce milieu d’hommes. Qu’importe, nous travaillerons jour et nuit, le visage brûlé par le froid, le vent, souffrant du manque de sommeil et de chaleur humaine, du mal de mer, de tous les dangers et de cette mer déchaînée qui ne pardonne pas. Les palangres sont à l’eau, il faut les remonter à bord, déferlante de poissons. Nous rêvions de devenir matelot et nous le sommes devenues...

 

« Peut-être va-t-on toujours aller ainsi, jusqu’à la fin de tous les temps, sur l’océan roussi et vers le ciel ouvert, une course folle et magnifique dans le nulle part, dans le tout, cœur brûlant, les pieds glacés, escortés d’une nuée de mouettes hurlantes, un grand marin sur le pont, visage apaisé, presque doux. Quelque part encore… des villes, des murs, des foules aveugles. Mais plus pour nous. Pour nous, plus rien. Avancer dans le grand désert, entre les dunes toujours mouvantes et le ciel. »

 

Mais la passion souvent nous fait oublier de se méfier. Je la trouve courageuse de boire à même la poche de laitance des poissons qu’elle ouvre, ce liquide visqueux me dégoûte. Je lui envie un peu moins de devoir retourner sur la terre ferme. Une arête caudale de morue noire s’est fichée dans l’os du pouce, le poison est mortel. J’ai pitié pour elle, alors je pose les pieds hors du Rebel et je marche sur les docks. J’apprends la vie des marins qui abreuvent leur ennui dans une chambre de motel. J’apprends les bars et les femmes qui leurs tiennent compagnie. J’apprends aussi l’alcool et la gueule de bois. Et puis j’apprends à connaître un peu mieux ce grand marin dont elle m’a tant parlé...

 

« Car il est le pêcheur, pour moi il est le seul. Il sait tout. Sa puissance ne tient pas à la largeur de ses épaules ni à la taille de ses mains, elle est dans son cri, l’écho de sa voix lorsqu’elle se perd dans la vague et le vent, lui debout, narines dilatées, seul dans son tête-à-tête avec la mer, seul toujours dans sa manière de regarder le ciel, de sonder les flots comme s’il y lisait quelque chose – ou rien, peut-être n’y voit-il qu’un grand désert qui s’étend, sans fin, dans les cris hennissants des goélands qui s’élèvent en rafales comme des chevaux de vent. »

 

Kodiak, Alaska, The Last Frontier. Nulle part ailleurs n’existe un bout de monde qui m’avait autant fait rêver. Maintenant que j’y suis, je sais désormais que ma place est parmi ces hommes du Nord. Le Grand Marin, l’homme-lion, a passé sa vie entre le whisky, les femmes et l’héroïne. Lili m’a appris à le regarder autrement. Regarde qu’elle me dit, admirative, regarde-le pêcher, remontant les calandres, si fort et fragile à la fois, c’est là toute sa beauté. Elle m’a raconté ses nuits d’amour avec lui, le pêcheur d’Alaska, mon Grand Marin.

 

« Les étoiles frémissent. Les autres sont à l’abri en troupeau endormi. Mais pas nous. Nous, on est sur la crête de la vague noire, dans la fraîcheur de la bruine. Le grand marin m’attire contre lui, on s’aime sous le duvet. Je ris quand il glisse, le vent court dans mes reins. » 

 

Viens avec moi qu’il lui disait, nous nous marierons.

 

« Tu comprends pas… Moi je veux pas d’une maison, j’veux vivre. J’veux partir et aller pêcher. J’attends pas. Non j’attends pas. Moi je cours. Je veux être en mer. » 

 

Mais Lili rêvait de liberté. Une fois arrivée vers ce bout de monde, elle voudrait aller encore un peu plus loin, à Point Barrow, Alaska. Là ou la terre s’arrête...

 

« C’est le bout. Après y’a plus rien. Seulement la mer polaire et la banquise. Le soleil de minuit aussi. Je voudrais y aller, m’asseoir au bout, tout en haut du monde. J’imagine toujours que je laisserai pendre mes jambes dans le vide… Je saurai que je ne peux pas aller plus loin parce que la Terre est finie. »

 

« Moi je cours. Je veux être en mer... »

 

 

Merci à mon sweet kinG de m'avoir permis ce voyage vers l'Alaska de mes rêves <3

 

 

 

commentaires

N
Que tes mots sont beaux, ma Nadine. Un livre qui ne pouvait que te plaire! Je suis déjà à tes côtés dans ta cabane imaginaire mais j'espère bien qu'un jour j'y serais en vrai... les rêves deviennent réalité parfois. Je t'embrasse.
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N
J'espère bien aussi qu'un jour nous pourrons vivre des rêves ensemble. Même si je sais au fond de moi que nous les vivrons ma Nadège. Je t'embrasse xx
C
Toi tu en jettes ma Blonde quand tu écris ! la vache de tabernak, c'est beauuuu !<br /> Et bien sur que j'ai souvent eu envie de tout quitter, partir seule et loin. Le silence ne me fait pas peur au contraire, mais les grizzlis et le froid faut pas abuser quand même ! :-)<br /> <br /> Mais je partirai bien faire une retraite spirituelle en Alaska voir cette immensité immaculée de blanc et disparaître un temps... pour ensuite mieux revenir.<br /> <br /> Merci de tes mots. <br /> <br /> bisoussssssssssss<br /> <3 XXX
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N
Si tu veux faire cette retraite il te faudra pourtant affronter les grizzlys et le froid :D
L
Que tu me donnes envie d'entreprendre ce voyage...<br /> <br /> Et ta cabane en Alska, si tu veux bien m'y accepter quelques jours, je me ferais discrète promis. Je suis une femme de peu de mots et de beaucoup de silences... Que j'aimerais une cabane comme ça.
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N
C'est un beau voyage littéraire qui m'a fait rêver. Je n'ai pas de cabane en Alaska, mais un jour oui, j'en aurai une! Et il me fera plaisir de t'accueillir. :D<br /> Surtout si tu aimes partager le silence ;-)<br />
D
Bon séjour dans ta jolie cabane au coeur de la nature. Tu as réellement une cabane là bas ? C'est chouette !<br /> Bisous
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N
Ma cabane là-bas elle est déjà construite dans mes rêves :D<br /> Un toit, quatre murs, un poêle de fonte, une réserve de bois, beaucoup de livres et énormément d'amour. C'est comme si j'y étais déjà.<br /> Un jour, c'est mon rêve..
V
Eh bien moi qui adore ce genre de récit, je suis complètement passée à côté, j'ai trouvé ça froid (dans tous les sens du terme !) et parfois soporifique. Je le regrette et je suis contente que tu aies aimé (comme tant d'autres!!)
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N
Comme quoi, les goûts...
A
Très beau billet ! J'adore ta façon de raconter ce voyage livresque ! Un roman qui te ressemble bien, je comprends que tu aies embarqué sans difficulté et même avec grand plaisir ! ^^ <br /> Bon, moi l'Alaska, c'est un peu fraîchou, mais ça doit être une sacrée expérience tout de même.<br /> Gros bisous ! Weekend et vacances arrivent, je suis joie (mais exténuée aussi, haha, vivement la fin de la semaine).
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N
C'est un peu fraîchou comme tu dis (mdrrrrrrrr) mais la beauté des paysages doit faire oublier tout ce froid. Je suis peu convaincante, je sais... ^^<br /> Ça y est? C'est les vacances? Gros bisousssss
M
Je l'ai tellement aimé ! Je ne doutais pas qu'il te plaise !<br /> Quelle aventure ! Quel bouquin ! Et quelle belle rencontre au Texte Libre !<br /> Et surtout, le plaisir de te l'offrir... <3
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N
Quelle chance de l'avoir rencontrée!<br /> ...et le bonheur indescriptible de le recevoir, en mains propres... Souvenirs... <3 :-*
L
Le bout du monde, la dernière frontière avec le reste du monde. le vide, le blanc, le silence. Et puis ces marins qui abreuvent leur solitude autant de whisky que de femmes. Je rêve d'être marin, me balader sur les docks avant d'enfourner dans la chaleur d'un premier bar. J'aimerai aussi un jour découvrir l'Alaska, même s'il fait frette, même si y'a des grizzlys (tu me prêteras ton sifflet), et dans ta cabane n'oublies pas la réserve à whisky et à vodka...
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N
Des p'tites frettes pis des moules...... ^^
L
Tant qu'il reste des p'tites frettes, il n'y a plus d'hommes qui vaillent... :-)
N
Je te verrais bien marin, si jamais tu t'amarres en Alaska, faudra venir me voir dans ma cabane et surtout pelleter ma neige devant l'igloo, sans oublier la réserve de p'tite frette pour tenir au chaud. Quant aux grizzlys, eh ben... je comptais sur toi pour les éloigner de mon refuge! Pfffffff que sont devenus les hommes ^^
L
Pour les grizzlys, tu as toujours ton sifflet ;-)
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N
Les araignées j'préférerais qu'on ait la gentillesse de m'en débarrasser... :P
L
Tu as oublié ton sifflet à araignées ? :-)
N
J'me dis aussi que tant qu'il y a des grizzlys y'a pas d'araignées, fait trop frette pour ces p'tites bibittes à poils, c'est déjà ça.......... ptdrrrr
N
Si petit le sifflet, j'préfère décamper..... :D

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