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15 avril 2017 6 15 /04 /avril /2017 18:20

 

 

Marianne ne se serait jamais doutée cette nuit-là que sa vie allait basculer. Qui peut seulement savoir ce qui l’attend? Petit train-train quotidien jusqu’au coup de fil qui vous brise à jamais. Son fils Simon est dans le coma. Les lésions sont irréversibles, il est sous assistance respiratoire, en état de mort encéphalique.

 

Je l’accompagnais ce soir-là, il faisait froid à crever, journée typique d’un février glacial. On venait de cirer nos planches et on partait pour un trip de surf. S’étaient joints à nous quelques amis de Simon, aussi enragés que nous pouvions l’être lui et moi. C’est ça avoir vingt ans, le cœur rempli de fougue et l’envie de repousser ses limites. Rien au monde ne nous aurait empêché d’aller affronter la vague, le « swell » comme on dit dans le jargon, genre de déferlante de Mavericks qui se produit au plus trois fois par année. Au retour, dans le van, c'était juste un peu passé Étretat et il se faisait tard. Tout s’est passé si vite, je cherche encore à comprendre. Un endormissement, une erreur de manœuvre, la seconde de trop où tout vole en éclat.

 

Marianne vit dans une autre temporalité. Le temps n’a plus de signification. Si elle pouvait seulement s’endormir et ne jamais s’éveiller. C’est une douleur insoutenable et innommable, le choc de l’impuissance, un état de désespoir. La pièce tangue. Je lui prends la main, pour peu qu’elle arrive à la sentir. Et je l’accompagne au chevet de Sinon. Ses yeux sont clos mais sa poitrine se soulève. Saleté de vie qui vous arrache à un bref instant d’espoir. Je suis forcée de lui dire qu’il respire artificiellement. Je voudrais n’avoir jamais eu à tenir ce rôle...

 

Je connaissais le synopsis de ce roman et je savais d’emblée que ce n’était pas le genre de lecture pour moi. Comme j’aurais dû m’écouter! Ça me bouleverse trop, ça me fait même mal en dedans, c’est ma fibre maternelle qui n’arrive pas à imaginer cette douleur. Je suis consciente du fait que l’auteure signe un très bel ouvrage avec ce livre, je n’ai juste pas l’objectivité ou le recul pour l’apprécier à sa juste valeur.

 

J’ai fait aussi l’erreur d’aller voir le film en cours de lecture, un excellent film par ailleurs, mais qui ne m’a pas donné envie de revenir vers le roman. J’avais déjà le sentiment d’avoir bouclé la boucle d’une histoire que je mettrais du temps à digérer, par le poids de son contenu.

 

Le livre en soi ne se réduit pas à une simple histoire de transplantation cardiaque. Bien au-delà, il y a une multitude de sentiments humains. Il y a le corps médical amené chaque jour à côtoyer la mort. Toutes ces vies tenues entre leurs mains et l’impuissance trop souvent ressentie. Il y a les questions délicates, comme celle notamment présentée dans le roman, d'aborder le don d’organe auprès d'une famille sous le choc, dans un délai que ne doit pas dépasser la survie de l'organe en question. Comment les proches peuvent-ils seulement l’envisager alors qu’ils n’ont pas encore réalisé que cette vie à laquelle ils tenaient leur sera arrachée à jamais?

 

Le cœur est bien plus qu’un organe vital, c’est aussi un symbole. Car c’est à travers lui que passe les sentiments humains…

 

« Enterrer les morts et réparer les vivants »

 

C'est le genre d'histoire qui vous bouleverse vous aussi?

 

Pour lire le billet de mon amie Nadège

 

 

 

commentaires

V
j'ai toujours retardé cette lecture pour raisons personnelles (un papa à l'hôpital quand le livre est sorti) mais j'y viendrai, j'y viendrai !
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N
C'est certain qu'il faut être disposé pour le lire et vraiment l'apprécier...
L
Voleur d'amphores au fond d'une crique, j'ai adoré ce tabarnak de bouquin. Beau moment de lecture plus par la plume de Maylis de kerangal. J'en lirais, un troisième, sûr !
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N
Deux heures du matin! Un Bison est en train de regarder passer un vol de lagopèdes... son âme erre sur une banquise à la recherche d'un ours assez dodu pour le tenir au chaud dans son igloo l'hiver prochain, à l'abri du blizzard. Il écoute le silence et médite. Et si un nuage de Chambly allait déverser son nectar vers l'est et inonder ses terres, la Fin du Monde pourrait venir......... :D
L
Je n'ai pas vu le film. Pourtant Anne Dorval... Sans accent, sans chambly ni tabarnak !<br /> Et puis j'apprécie beaucoup Tahar Rahim...<br /> J'avais déjà le livre en stock, acheté à 1 € dans un vide-grenier du dimanche ou presque. Alors je n'ai probablement pas eu envie d'aller voir le film tant que je n'aurais pas lu le bouquin.<br /> Maintenant je vais pouvoir aller le zyeuter...
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N
Ishhhhhhhhhh Anne Dorval sans accent je peine à m’en remettre… c’est comme une banquise sans vol de lagopèdes, un igloo sans le voisin pour pelleter ta neige, un nuage de Chambly sans Chambly, quelle horreur…<br /> Tahar Rahim je l’ai tellement aimé dans Samba!<br /> Anne Dorval sans accent pffffffffffffffffffff ^^
A
Je ne pense pas que je pourrai être bouleversée, sûrement à cause de style très particulier de l'écrivain mais ce roman ne m'a pas vraiment donné envie, j'ai peur qu'il soit trop technique d'un certain côté...
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N
Après c'est certain que c'est une question de perception mais pour ma part je ne l'ai pas trouvé technique, j'ai adoré l'écriture de l'auteure dans un style concis, sans trop de ponctuation et fluide. Il faut absolument que j'en découvre d'autres!
N
Un roman qui m'a bouleversé aussi https://lesmotsdelafin.wordpress.com/2014/03/25/reparer-les-vivants-maylis-de-kerangal/. Le film m'attend mais je n'ose pas m'y plonger tellement j'ai aimé (comme Krol) l'écriture de Maylis de Kerangal. Je t'embrasse.
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N
L'écriture est magnifique, je retournerai vers cette auteure...<br /> Bisous
K
Moi, je n'ai pas voulu voir le film tellement j'avais aimé la langue du livre ! J'ai connu la douleur de perdre un frère et j'ai vu la douleur de mes parents... et ce livre m'a permis de mettre des mots sur tout ça, des mots justes, une langue magnifique...
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N
Désolée d'entendre ça Krol. Ce livre a donc été un exutoire, tant mieux... Bisous
L
C'est clairement le type d'ouvrage que je ne peux pas lire au risque d'en ressortir complètement bouleversée.
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N
Comme je te comprends Céline!
C
Il faut que je le lise depuis sa sortie ! Merci pour le rappel ;)
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N
Bisous Chess
L
NON, je ne te lirai pas !<br /> Parce que les hasards de la vie font - à moins que cela soit les Dieux de la Binouze - que je viens également de finir ce livre.<br /> Mais comme tu décapsules plus vite que moi ta chronique, sacrée descente d'ailleurs, alors que moi la mousse n'a même pas eu le temps de retomber dans son verre dédiée, je ne veux pas sentir l'émotion de tes mots influer sur la ligne directrice des miens.<br /> Je reviendrai plus tard, alors, après deux- trois bières... Bon OK, rajoute aussi un ou deux bourbons. Une vodka en plus ? C'est que je suis lent à composer, si mes mots venaient aussi rapidement que mon verre se vide.
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N
One bourbon one scotch one beer...
C
Et comme je te comprends ma Nadine !<br /> Il y a des films et des livres que je me refuse aussi parce que ça le bouleverse trop comme si ça me touchait à l’intérieur, et celui ci, tu confirmes, en fait parti ! <br /> Viens dans mes bras que je te fasse un gros poutou !<br /> <br /> <3 XX
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N
Sujet pas facile c'est certain, après le film j'ai eu moins envie de revenir vers le livre.<br /> Bisous
M
Un sujet pas facile, c'est certain...
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N
Trop dur pour la maman poule que je suis...
A
Oh, je suis comme toi ! Je ne doute pas de la qualité de ce livre mais sa thématique m'a toujours freinée et mon intuition me dit qu'il vaut mieux que je ne m'y aventure pas. Je suis un petit coeur très sensible sur certains sujets. Bon, tu as essayé, c''est tout à ton honneur, mais ton billet me confirme mes craintes.<br /> Bisous chocolatés, ce weekend est délicieux.:-)
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N
Sur ce genre de sujet j'ai toujours le cœur tout mou (bisous au sirop d'érable, le chocolat il en reste plus....... ha ha)

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