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20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 22:08

 

 

« La nostalgie, c’est de la tristesse, mais c’est aussi un peu du bonheur. »

 

 

************

 

 

« L’amour ne s’attarde ni sur l’âge ni sur rien qui ne soit l’amour. »

 

Quel petit roman tout à fait étonnant! Peut-être même une nouvelle, je ne sais pas, peu importe. Au cœur de son histoire, la vie d’une femme sarde nous est racontée par sa petite-fille. Elle a une masse de cheveux noirs aussi magnifique que ses grands yeux. Douce, désirable, discrète, elle parle très peu, que pour dire l’essentiel, transmettre une émotion à fleur de peau, à qui elle le veut bien, sans doute au Rescapé plus qu’à quiconque. Elle est atteinte d’un mal, le Mal de pierres, qui a interrompu toutes ses grossesses.

 

En accompagnant son personnage au fil des pages, on explore de près les limites de la folie. Folie douce, à peine dissimulée sous le voile de comportements atypiques et dépressifs. Elle est pointée du doigt, c’est la « folle » du village. On dit qu’elle s’est jetée dans un puits pour tenter d’en finir, se taillade les bras, s’enlaidit. Pourquoi l’amour lui est-il refusé? Peut-être est-elle prise d’un mal mystérieux, autre que son Mal de pierres, qui le fait fuir? Ses parents ont voulu l’interner, jeune femme abandonnée à sa détresse. Petite parenthèse, en lisant son histoire, je n’ai pu m’empêcher de penser à Camille Claudel, cette folie dont on la disait atteinte et le grand nombre d’internements injustifiés et ce, dans un passé pas si lointain. Fin de la parenthèse :-)

 

On y explore à la fois l'amour. La folie d'aimer? Celui des douceurs mais aussi l’amour des bouleversements intérieurs. Celui qui nous pousse à tout accepter, jusqu’aux jeux malsains, au prix d’en mourir. Celui des caresses qui nous manquent et des larmes qu’on ne retient plus. Mais aussi celui qui rend heureux. L’amour des nuits d’amour et des êtres inséparables. La souffrance de l’éloignement et l’envie de se retrouver. C’est la différence entre le mari épousé en 1943, un mariage forcé, et l’homme rencontré sur le continent, quelques années plus tard. Celui qui la fit sortir de son mutisme et le seul à penser que ce sont les autres qui sont dérangés...

 

« Une princesse. Vous vous comportez comme une princesse. Vous ne vous souciez pas du monde autour de vous, c’est le monde qui doit se soucier de vous. Votre seule tâche est d’exister. »

 

Ces pages s’inscrivent dans le contexte historique de l’après Seconde Guerre mondiale. La quête désespérée de cette femme pour trouver le grand amour nous arrache des sentiments d’empathie, de pitié? Les pages défilent au fil de vérités où le lecteur est amené à démêler le vrai du faux, le réel de l’imaginaire. Une fin surprenante et complètement inattendue en ce qui me concerne! Je tenterai de voir le film sous peu, ça c'est certain.

 

« Que pouvons-nous savoir, vraiment, même des personnes les plus proches? »

 

Mal de pierres, maux d’amour. Parce qu’un Bison aime lire des romans d’amour :P

 

Merci! :-*

15 mars 2017 3 15 /03 /mars /2017 22:57

 

 

« Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. Mais je ne crois pas avoir jamais pensé que la vie qui nous était échue fût particulièrement mauvaise. C’était la vie, un point c’est tout : et nous grandissions avec l’obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile. »

 

Ahhhhhh ce roman j’en avais envie depuis un moment déjà! Pour les paysages de Naples, que l’on devine malgré tout plus qu’on ne ressent. Mais surtout pour cette histoire d’amitié entre Lila et Elena, l’auteure, qui nous raconte, dans le premier tome de cette saga, les épisodes marquants de son enfance et de son adolescence. D’ailleurs, la richesse du portrait adolescent est sans doute ce qui m’a le plus touchée. Rien n’y échappe, on se revoit, malgré nous, aussi fragiles que forts. On se souvient des amitiés indispensables, souvent trop compliquées. Des querelles et réconciliations. Du regard des autres, celui qui blesse et nous fait douter. Des vengeances, des menaces, des coups de poing, des coups au cœur et des premiers chagrins. On se cherche, recherche à s’identifier, jamais complètement heureux, parfois tourmentés, maintes fois vulnérables. On s’abandonne difficilement. On se rappelle nos histoires d’amour, la légèreté d’une robe, le soleil sur la peau, l’insouciance et l’excitation du frisson qui traverse l’échine. Les premières caresses, les sentiments amoureux difficiles. Nous reviennent en mémoire les rivalités, les jalousies, le désir d’indépendance qui se heurte à celui de la présence de l’autre. C’est la contradiction entre le besoin d’isolement et l’absence de frontières. C’est une rumeur sourde et le temps qui nous change... 

 

C’est donc inévitablement un portrait de femmes comme je les aime. Femmes fortes, femmes rebelles, déterminées et audacieuses. Leur histoire se situe dans les années 50, en période d’après-guerre. Elena Ferrante et Lila sont copines depuis plus de 60 ans. Elles se sont connues en première année de primaire. Elles ont fait les quatre cents coups et on nourrit des projets communs. Elles ont été les témoins de leur corps transformé, du pouvoir de séduction, du regard des hommes sur elles et des premières rondeurs, ces seins qui prennent vie. Elles ont été complices, ont contourné les règles et au détour du chemin, ont emprunté des vies divergentes. Mais toujours elles ont été unies par ce lien d’amour qui habite les amitiés vraies.

 

Comme lectrice, je me suis attachée autant à l’une qu’à l’autre, à leurs forces complémentaires mais aussi à leurs fragilités qui les ont rendu belles à mes yeux. Elena Ferrante a marché sur les pas de Lila, à la fois inébranlable et chancelante. Elle rêvait d’une amitié exclusive, faite de jalousie et d’insécurité. On aurait voulu que cessent ses envies et ses peurs constantes. Qu’elle mesure la richesse de ses forces, qu’elle s’accroche à son intelligence et sa fine sensibilité. Mais son personnage se construit la force d’avancer et je suis convaincue de la retrouver autrement dans le deuxième tome. Lila, quant à elle, est tout le contraire. Intimidante, audacieuse et pleine de malice, indisciplinée, rebelle, humiliante, imprévisible, « terrible et fulgurante », elle attise chez les autres la crainte. Mais elle fera les mauvais choix et sera trahie. Transformée à jamais... 

 

J’ai ADORÉ cette lecture, exigeante dans sa première partie. Un nombre impressionnant de personnages défilent, pour lesquels l’auteure a pris soin de mettre un lexique en début de roman. On y aborde des sujets dont je n’ai pas parlés mais auxquels j’ai été sensible, notamment la pauvreté, la rage et la violence dont les pères sont capables, les histoires de famille qui nous suivent et nous hantent, une lame acérée qui transperce la peau et laisse des stigmates. C’est aussi une fine réflexion sur le rang social et l’ascension au pouvoir. Trop hâte de lire la suite!

 

Merci à mon sweet manU, mon ami prodigieux, pour ce si beau livre <3

 

À lire sous un cocotier du Costa Rica (parce que l'ami prodigieux comprendra le sens que je porte à ces mots là) ;-)

 

«Le sable était froid, noir-gris à la lumière de la lune, et la mer respirait à peine. Il n’y avait pas âme qui vive et je me mis à pleurer de solitude. Mais qu’est-ce que j’étais, et qui j’étais?»

 

Les avis de Noukette, Canel, Alex et Violette

2 mars 2017 4 02 /03 /mars /2017 02:52

 

« Je suis convaincu que chaque individu, sur cette terre, est persuadé de mener une vie normale et croit que c’est celle des autres qui ne l’est pas. »

 

Qu’est-ce que ça fait du bien de temps en temps de se plonger dans un roman adolescent. D’autant plus que l’auteure, Anne Fine, plante ses personnages dans un décor noir à l’atmosphère trouble, voire tendue, qui tient le lecteur en haleine du début à la fin.

 

Nous suivons l’histoire du jeune Daniel, 10 ans. Depuis qu’il est tout petit, il s’entend répéter par sa mère qu’il est gravement malade. Coupé du monde, il passe ses journées au lit, privé d’air pur et de toutes compagnies. Quelques tableaux aux murs et des livres, d’ailleurs qu’aurait-il fait sans eux? Sa vie s’est construite dans les pages d’un roman, avec seule la force de son imagination, unique manière d’entrevoir le monde. Une maison de poupées, ayant appartenue à sa mère, repose dans un recoin de sa chambre. High Gates, la réplique parfaite de la maison où elle est née, avec des poupées à l’image des membres de la famille.

 

Un matin, des hommes sont venus le chercher. Atteinte de folie, sa mère s’est retrouvée dans un institut psychiatrique, alors que le jeune Daniel s’est vu confier au docteur Marlow et sa famille, désormais la sienne, une famille aimante, chaleureuse et rassurante. Il s’émerveillera devant tout, découvrira le monde tel qu’il est, prendra des forces. Jusqu’à être confié à son oncle Jack, dans la maison de High Gates. Non loin du Passage du diable où ont eu lieu plusieurs morts suspectes…

 

C’est donc un très bon roman qui allie le surnaturel aux puissances diaboliques. Un livre qui aborde la santé mentale et ces enfances volées. La désillusion maternelle et la force du souvenir, de l’amour qui est plus fort que tout. C’est une quête d’identité, un état de survivance et le courage d’affronter son destin.

 

« Les passages du diable sont les chemins les plus ordinaires. Et le mal n’a pas toujours les traits de la laideur. On ne saurait lire, sur le visage d’un homme, la couleur de son âme. »

 

Un grand merci à toi Nadège de me l'avoir fait découvrir, je me suis régalée :-*

(je le dépose maintenant entre les mains des garçons) ;-)

24 février 2017 5 24 /02 /février /2017 23:58

 

 

« Tous les crève-cœurs de l’enfance sont des douleurs saignantes qui se referment et laissent des cicatrices. La sagesse n’est rien d‘autre qu’un réseau de stigmates.»

 

Catherine et Angélique se retrouvent en Haute-Saône afin de vider la maison de leurs grands-parents, à qui elles étaient confiées chaque été. Les sœurs y ont ancré des souvenirs que le temps ne pourra effacer, pas même les vents violents qui ont ce pouvoir de balayer les côtes. Pour Catherine, ils porteront à jamais une cruelle odeur de souffrances, de celles propres aux secrets les plus inavouables. Elles sont là, enroulées dans des sacs de couchage, témoins des années qui se sont écoulées. Ce lieu renvoie, en saccades douloureuses, les échos encore tenaces de ses cachettes, du placard à sucreries, du grenier et de ses charpentes, là-même où il faisait bon se retirer, à l’abri du monde.

 

« Je n’y laissais rien, sinon de la poussière, du silence, du vieux foin, l’odeur de cet été, emprisonnée, la chaleur, les souvenirs de ma solitude. »

 

Catherine nous raconte son adolescence à travers un récit touchant qui laisse forcément des traces dans l’âme du lecteur. Que l’on s’identifie ou non à son histoire, il y aura toujours quelque part des traces universelles de séquelles adolescentes qui traverseront les âges et les époques, certains y échappant plus facilement que d’autres. Femme encore aujourd’hui fragile mais incassable, forte de son vécu, elle est demeurée solitaire, à l’image des personnages mélancoliques du « Grand Meaulnes » d’Alain Fournier. Le pas mal assuré mais la démarche courageuse.

 

Tout a basculé l’été de ses 16 ans. C’était un été chaud. Les gamins de la colonie de vacances avaient pris l’habitude de venir se rafraîchir à la piscine municipale où les deux sœurs se trouvaient chaque jour. C’était à l’âge des amitiés éternelles et des histoires d’amour. Des moqueries, du manque d’assurance, des complexes aussi, du corps qui se métamorphose, de nos timidités, des musiques du coeur et des grands bouleversements qui nous jettent sur le chemin de la vie.

 

« Il fallait se débrouiller dans une mer d’incertitude. Je m’étais jetée à l’eau, très loin, directement en pleine mer, sans avoir jamais appris à nager. »

 

C’était la perte de l’innocence, des yeux qui brillent dans la nuit, la caresse de ses mains, sa peau chaude, son odeur musquée et son sexe qui émerge d’un short trop serré, désireux, tendu vers l’autre, encore malhabile. Étrange mélange de douleur et de plaisir. C’était à l’âge des découvertes et des premiers gémissements à deux. Des jouissances qui libèrent nos corps chargés de désir. L’impression que le temps s’est suspendu. C’est arrivé comme ça, au bord d’une rivière, au milieu d’un champ, entouré d’herbes hautes. C’est même arrivé un peu trop vite, sans qu’on pense à se protéger. Et ça restera notre secret, de remords et de honte, jusqu’à la nuit des temps.

 

« La vraie découverte, ce n’est pas le sexe de l’autre, c’est le sien. Comprendre tout à coup dans une sorte de révélation à quoi ça sert, jusqu’où ça va, pourquoi c’est mou, pourquoi c’est creux, pourquoi c’est mouillé. C’est comme découvrir une nouvelle pièce dans la maison où on habite depuis toujours. »

 

C’était « Le Premier Été ». L’été de nos 16 ans. Et si les années ont passées, les souvenirs ont laissé des traces ineffables qui font encore mal aujourd’hui...

 

Merci à mon complice manU pour ce très beau cadeau riche en émotions. Je viens de découvrir une auteure vers qui je reviendrai, c’est certain :-*

Venez lire ses billets Sous la vague et Ma mère, le crabe et moi

 

Merci à Anne Percin d’avoir écrit un roman aussi fort qui m’a ramenée vers des souvenirs aussi précieux que fragiles.

 

Sous la vague, les avis de Nadège, Jérôme et Noukette

 

Ma mère, le crabe et moi, les avis de Jérôme et Noukette

 

 

 

22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 00:21

 

 

« Tout est noir dans la chambre. Les volets sont clos, les rideaux tirés. On ne voit pas le désordre. Les bouteilles, les cendres sur la moquette, les disques éparpillés. Le radio-réveil clignote. Les chiffres s’affichent en vert. »

 

Antoine pose son regard dans le miroir. Ce reflet de lui-même ne l’effraie pas, ou du moins ne l'effraie plus, à peine se rend-il compte qu’il n’est plus le même homme. Il revient de loin, d’un ailleurs hors du monde. Avachis sur son canapé, son quotidien se résume à fumer des joints. Allumer, tirer quelques bouffées, boire une gorgée de whisky. One Bourbon, One Scotch, One Beer. Sa quête dure depuis un sacré bout de temps déjà. Regard sur le monde environnant, recherche d’identité. Il s’accroche aux souvenirs d’ « avant » - avant la grande dérape – comme pour se cramponner à l’existence. Un décor à son image...

 

« L’herbe est rase. Il a tondu la pelouse hier. Des thuyas malades, jaunis, ferment l’espace. Au milieu du jardin, près de la balançoire rouillée, traîne un ballon crevé. La plaque de bois flotte dans le vide, une corde est coupée, pas nette, tout effilochée. »

 

Où sont passés les secrets de son enfance? L’air doux et les sourires. Tom Sawyer à la lumière d’une lampe de poche, sous les draps. Où sont passés les complots et les espiègleries? Lorette et ses robes à fleurs? Son visage doux et le premier baiser, enlacés dans l’herbe chaude. Envolés dans un nuage de fumée amère. Parce qu’un jour, d’aussi loin qu’il soit, il lui faudra bien revenir. Revenir de loin. Revenir tout court. Même Léa, avec qui il couche de temps en temps, préfère « rester amis ». La phrase qui tue. C’est comme ça quand on ne peut plus faire confiance. Léa est partie.

 

Le récit est parsemé de détails du quotidien qui rendent compte de sa douleur, qui accentuent le drame qui se joue, sous nos yeux de lecteur. Les allers-retours du présent au passé semblent être une façon de se rassurer, enviable ou non, quand tout nous échappe. Serait-ce aussi ce brin de nostalgie qui sommeille au creux de ses tripes? Chez Antoine, le temps s’est un peu arrêté pour tout le monde. Une famille banale, comme bien d’autres, et qui cherche à se retrouver. Mais trop tard. Sa sœur Camille s’isole, fume et sèche ses cours. Elle tente de survivre à une mère dépressive, partie sans donner de nouvelles. Elle se cherche, recherche l’amour. Antoine lui ressemble et en a conscience. Coup de poing au cœur. Tel un boomerang, nos racines nous heurtent parfois en plein visage. C'est comme ça...

 

« Il la regarde et il sait qu’ils sont pareils. À sa démarche, à son regard inquiet, sa réserve et ses ongles rongés, les bouts de peau qu’elle s’arrache. Ils sont pareils. Seuls et pareils dans la nuit des nationales. Sortis sur la pointe des pieds, maladroits… »

 

Olivier Adam m’a offert, une fois encore, une immersion dans un monde où le quotidien est drapé de souvenirs amers. Où l’âme et la mer s’unissent pour rompre la vague meurtrière du temps qui passe. La rumeur des eaux n’est pas loin. Il suffit de tendre le regard, quelque part À l’ouest.

 

« Les vagues s’échouaient sans violence, lourdes et épuisées. »

 

« J’ai fermé les yeux. So long Marianne sur le ressac. »

 

Merci Bison, je deviens complètement accro à ce Adam et ses états d'âme :-* 

19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 19:23

 

 

Vous connaissez Agrippine?

 

On me l’a fait découvrir il y a quelques jours et je me suis régalée! Est-ce que j’ai tout compris dès les premières pages? Non! Je me suis débattue « solide » avec mon Petit Robert et Wikipédia pour arriver à tout décoder dans ses subtilités. Après, on dira que les québécois ont de ces expressions! (sourire) Tout ça pour finalement réaliser que l’Agrippine de Claire Bretécher nage en pleine euphorie de mots directement sortis d’un code langagier propre à son auteure, n’allez donc en chercher les significations nulle part, croyez-moi. Un délire de mots et d’expressions d’ados absolument délicieux, « cool » ou « trop chill » comme diraient les miens. Ah pour ça, elle n’y va pas de main morte. Entre l’inégalable « faiche », la « pouffe », « rouler des gades » et la « prendre remous », le ton est donné! Au fil des pages le jargon se répète et la lecture coule de source, on devient accro puis on se surprend à mourir de rire à chaque planche. Son univers ne m’était donc pas familier, vous l’aurez compris, et c’est ce qui en fait tout son charme. Bref c’est dépaysant, et ça j’adore!

 

Lire Agrippine c’est plonger tête première dans un monde unique fait de personnages colorés - représentation typique de l’ado en pleine rébellion qui pose un regard désabusé sur le monde des adultes. Elle prend un malin plaisir à faire passer sa mère pour une retardée vieux jeu née à l’époque des dactylos (mdr). La honte! Conflit de génération ou mauvaise foi? On s’en doute... Les planches avec la mère sont d’ailleurs mes favorites. C’est aussi l’anticonformiste qui s’allie à des causes, défendables ou non, par pure provocation. Sa devise : gagner le max en faisant le minimum, surtout refuser d’envisager l’avenir. Agrippine est habitée de soucis existentiels et de pensées contradictoires. Elle s’empiffre de coke et de gummy bear, clin d’œil à la malbouffe. Quelques mots pour la décrire : flegmatique, nonchalante, arrogante, râleuse, colérique, excessive, manipulatrice, opportuniste, molle, désabusée… comment ne pas s’attacher? ^^

 

Ces BD sont pleines d’ironie et de sarcasme. Le ton est parfois décalé. L’auteure de la série « Les frustrés » explore, au-delà du monde adolescent, une société capitaliste où triomphe le mercantilisme. Pied de nez ou provocation, elle illustre en page couverture du premier tome un magasine explicite : « Heidegger au Congo » , quand on sait la vision ethnocentriste de Heidegger et ses vues méprisantes de l’Afrique on ne peut s’empêcher de se dire que Claire Bretécher est une femme engagée. Féministe, je ne m’engagerais pas à le supposer, même si j’en reste à peu près convaincue quand je vois le physique de son héroïne. Quant à être « indépendante », certainement! ;-)

 

Merci à l’ami précieux qui m’a offert ces deux albums. Sans oublier de le remercier d’avoir bien voulu se faire le traducteur en franco-québécois :D))

 

Gros becs! J’me suis pas ennuyée « PANTOUTE »!

 

 

 

 

 

14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 13:43

 

Il est de ces belles rencontres, comme de celles que l’on doit au hasard, et qui nous font vivre, à l’image des amitiés uniques, des moments forts. J’entre à la librairie de mon quartier, ayant en tête d’en ressortir avec un joli roman graphique qui me ferait du bien, qui serait comme mon doudou du soir. Et mon regard s’est tout de suite posé sur ce livre, pour y revenir sans cesse. Comme je l’ai trouvé belle cette enfant blottie bien au chaud contre les flancs d’un cerf. Ses yeux sont fermés, il veille sur elle.

 

Guojing nous raconte son enfance. Dans les années 80, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, elle a été profondément affectée par l’isolement et la solitude, que la politique chinoise de l’époque concernant l’enfant unique, avait imposée à une génération d’enfants comme elle, laissés à eux-mêmes. Marquée par cette expérience et inspirée de ce vécu, elle nous dessine les images qui ont coloré son histoire personnelle, sans mots, que par le souffle de son magnifique trait de crayon sépia. Après tout, que serait la force des mots face à la mémoire du temps? Les images se suffisent à elles-mêmes, sans plus de couleurs que celles des souvenirs noirs et blancs, qui s’en font les témoins intimes.

 

 

 

 

À 6 ans, Guojing monte seule dans un autobus qui la mènera chez sa grand-mère, la mamie adorée qui prend si bien soin d’elle. Chemin faisant, elle s’endort. Au réveil, l’autobus est vide. Elle descend, marche et pleure. Pleure de toutes ses larmes. Ses pas s’impriment dans la neige, repère un peu vague que le vent efface, la petite s’est perdue. C’est alors qu’un monde imaginaire s’ouvre à elle, rassurant et cajoleur. Et que le jouet dans la main de l’enfant prend vie sous la forme d’un cerf qu’elle suivra dans une forêt de rêves, tantôt affolante, tantôt apaisante.

 

 

 

 

Un pied dans l’eau, des marches vers le ciel. Bondir sur le lit cotonneux des nuages et tomber. Un phoque qui aide à se relever. Une énorme baleine et une pluie d’étoiles. De nouveaux compagnons. Contempler l’horizon qui se couche en prenant l’ami dans ses bras. Le guider. Rire, pleurer et dire au revoir. Se blottir contre les flancs du cerf et rêver. Retrouver sa mère et pouvoir s’endormir…

 

 

 

 

La richesse graphique de cet album n’est pas sans me rappeler le travail sublime de Shaun Tan. Là où la beauté des émotions nous est communiquée sans le support des mots. Laissant libre cours à nos ressentis, par la force des images intérieures.

 

Ce livre m’a fait du bien. Il m’a procuré un moment de douceur, féérique, un instant douillet où plus rien n’existe que le silence nécessaire pour s’adonner à rêver...

 

 

 

 

Simplement magnifique <3

 

*********

 

Acclamé par la critique, "L’enfant seule" (The Only Child) s’est retrouvé, entre autres, sur la liste des plus beaux livres illustrés pour enfants du New York Times en 2015.

 

« Aujourd’hui, je ne suis plus une enfant et je constate qu’il arrive souvent que l’on se sente perdu. Mais si on cherche un peu, on finit toujours par trouver le chemin qui nous conduira jusqu’à la maison. »

 

Guojing

 

 

 

9 février 2017 4 09 /02 /février /2017 20:32

 

 

Je m’appelle Galet et plus tard je serai...

 

*********

 

Ce roman graphique est une parenthèse intime, une pause douceur qui touche l’imaginaire.

 

C’est un « Nuage d’eau » sur les échos du ciel.

 

C’est une musique qui fait « La » et parfois « Si », tantôt calme, tantôt agitée. C’est la mélodie du ressac, le vent dans les voiles qui siffle sa cadence, des embruns de promesses, c’est la danse des vagues. Vague à l’âme ou lame de fond.

 

C’est une tempête fragile de colère et d’amer, le cri de la lune qui anime les marées.

 

C’est un cœur de pierre, le sel de la mer. Des larmes iodées, trop de mots égarés. C’est un enfant qui pleure d’avoir su pardonner.

 

« Un galet, ça a un cœur de pierre.

Mon cœur à moi est comme une éponge pleine de larmes. »

 

C’est le chant de l’eau qui heurte le rivage, le tumulte des flots.

 

C’est le soleil qui brille à l’amitié naissante.

 

C’est un phare, un repère, un guide et un refuge. Un chemin, quatre mains. Et des souvenirs qui jamais ne nous quittent.

 

« Je prendrai le large et rêverai de ton rivage. »

 

 

C’est une rencontre entre la mer et ses berges, le présent et le lointain. Entre le bleu des eaux et les nuances du ciel. C’est la chaleur des pieds dans mille grains de sable. Le temps que l’on prend pour s’apprivoiser. Un certain réconfort. C’est une bulle de quête et d’or, un trésor...

 

Galet, c’est une histoire d’amitié entre une petite fille et l’océan, un moment hors du temps. Une fenêtre sur l’horizon, aussi unique que mon complice manU. Merci pour tout... <3

 

C’est le chant de l’Ami.

 

« Alors écoute, écoute-toi, écoute en toi, écoute ton cœur. Je serai là… »

 

*********

 

Je m’appelle Galet et plus tard je serai…

 

Pour lire « Galet » de Christina

 

 

 

21 janvier 2017 6 21 /01 /janvier /2017 19:10

 

« On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s’interdit d’aller : derrière, il y a tous les monstres que l’on s’est créés. On les croit terribles, invincibles, mais ce n’est pas vrai. Dès que l’on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu’on ne l’imaginait. »

 

16 novembre 2095, quelque part dans la « Zone »

 

Lila a grandi dans les bas-fonds de la « Zone », un monde de torpeur. Enfant surdouée, farouche, curieuse et asociale, elle a passé les nuits de son enfance dans un placard. Sa mère y avait installé des couvertures et quelques peluches. De l’autre côté du mur, elle vendait son corps pour tenter de survivre. Petite enfant tombée trop vite dans l’univers des adultes. Maltraitée, séquestrée, privée de nourriture, déshydratée, avec infestation de poux, la gale, des plaies non soignées, de sévères brûlures aux deux mains, ayant entraîné la soudure de quelques doigts, la liste est longue, autant que les séquelles psychologiques. Elle sera incapable de vivre en société.

 

Un jour, des hommes en noir sont débarqués chez elle et l’ont enlevée à sa mère. Elle vivra désormais dans le « Centre », son nouveau refuge, sa prison. Elle sera bourrée d’anxiolytiques et de psychotropes, qui effaceront sa mémoire, par le fait même son passé. Et devra tout réapprendre, à parler, marcher, et quoi encore… une façon de la sauver en remettant les compteurs à zéro? Le « Centre » aura même effacé tout lien juridique entre sa mère et elle. Elle passera ses nuits sous le lit, une forme de bulle protégée du monde, à l’image de son placard. Venant des chambres voisines, ce ne sera plus les gémissements de sa mère mais ceux des autres enfants qui résonneront en elle dans le fracas de douleurs assassines. La réplique parfaite du monde dans lequel elle a grandi.

 

Beaucoup de questionnements émergent de cette lecture, c’est ce qui en fait à mon sens toute sa richesse. En marchant sur les pas de Lila, on cherche à comprendre ce qui peut pousser une enfant martyrisée à fournir autant d’efforts pour retrouver sa mère, son bourreau : maltraitante, droguée, prostituée, alcoolique. Et à lui pardonner. Il ne fait aucun doute que le lien maternel est plus fort que tout, même s’il ne viendra jamais à bout des douleurs inhérentes du désenchantement. Lila prendra conscience du fait que les relations humaines sont complexes et souvent irrationnelles. Que la liberté est angoissante mais n’a pas de prix. En vivant une série de deuils, elle apprendra à garder ses distances et à ne pas s’attacher. Parce que ce sera plus prudent. Et surtout parce que parfois les gens partent et ne reviennent jamais. À l’ère des robots, qu’est-ce que signifie être « humain »? Peut-on définir l’âme? La conscience? Jusqu’à quel point la génétique joue un rôle dans la transmission de nos valeurs? Le plus difficile étant sans doute de trouver des réponses et de retrouver le goût de vivre en société. De faire s’effondrer le mur des méfiances. Mais comment pourrait-on seulement lui en vouloir de penser que les gens ne sont « pas beaux »?

 

J’aime l’univers dans lequel j’ai été conviée en lisant ce roman. Dans un monde qui se veut futuriste - sans aucunement en faire un livre de science-fiction - le livre, sous forme de papier, menace l’humain d’allergies mortelles imputables à l’encre. Nous sommes à l’ère des grammabooks, manipulés avec des gants. Lila fera des rencontres significatives qui changeront le cours de sa vie. Il est des gens, ainsi, qui vous donnent la force d’avancer en dépit des épreuves auxquelles la vie vous aura soumise. Auprès de M. Kauffman, le directeur du « Centre » et spécialiste de l’enfance, elle arrivera à prendre des risques en se rapprochant un peu plus chaque jour du monde dans lequel elle évolue. Respectueux de son rythme, sans ne jamais la brusquer. Il sera sons seul espoir de retrouver sa mère…

 

Un grand merci à mon amie Nadège, Lila est un personnage qui ne s’oublie pas… <3

20 janvier 2017 5 20 /01 /janvier /2017 12:21

 

 

Joyeux anniversaire mon beau Vincent d'amour, déjà 16 ans, je suis tellement fière de toi!

 

Je t'offre cette chanson d'AC/DC, ta favorite <3

 

BANANAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!

(promis j'ferai pas ça devant tes amis ce soir ^^)

 

Ta maman qui t'aime xxxxxx

 

******************

 

Highway to hell

(clicker ici pour voir la vidéo)

 

Living easy, living free
Season ticket on a one-way ride
Asking nothing, leave me be
Taking everything in my stride
Don't need reason, don't need rhyme
Ain't nothing I would rather do
Going down, party time
My friends are gonna be there too

I'm on the highway to hell
On the highway to hell
Highway to hell
I'm on the highway to hell

No stop signs, speed limit
Nobody's gonna slow me down
Like a wheel, gonna spin it
Nobody's gonna mess me around
Hey Satan, paid my dues
Playing in a rocking band
Hey mama, look at me
I'm on my way to the promised land, whoo!

I'm on the highway to hell
Highway to hell
I'm on the highway to hell
Highway to hell

Don't stop me

I'm on the highway to hell
On the highway to hell
I'm on the highway to hell
On the highway
Yeah, highway to hell
I'm on the highway to hell
Highway to hell
Highway to hell

And I'm going down
All the way
Whoa!
I'm on the highway to hell

 

 

 

L'amarrée Des Mots

  • : L'amarrée des mots
  • : « Si ce que tu dis n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi... » - Eric-Emmanuel Schmitt
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