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22 novembre 2017 3 22 /11 /novembre /2017 02:25

 

 

Moscou, 1948

 

Le rideau se ferme sur les notes encore audibles du Stradivarius d’Ilia Grenko, descendant d’une longue génération de violonistes virtuoses. Il vient d’offrir un concerto pour violon en ré majeur de Tchaïkovski. À peine le temps de regagner sa loge qu’il est arrêté par le KGB. Sous la contrainte, il signe des aveux qui le condamnent à vingt ans de goulag. À l’époque du régime stalinien, les musiciens effectuant des concerts à l’étranger étaient soupçonnés de contacts avec l’ennemi et d’agitation antisoviétique. Au-delà de ces rumeurs, on soupçonna Ilia d’avoir tenté d’élaborer un plan de fuite vers Vienne. Sa femme et ses enfants sont envoyés en exil à Karaganda, au Kazakhstan. Longue descente en enfer...

 

Cologne, 2008

 

Sacha, petit-fils d’Ilia, travaille pour une société de sécurité et de renseignements privés. En cherchant à retrouver le Stradivarius de son aïeul - offert par le tsar Alexandre II, rien de moins - il repartira inévitablement sur les traces de son passé. Autre descente en enfer...   

 

J’ai dévoré ce livre d’une traite ! Je lis rarement des thrillers mais quand ils savent aussi bien nous plonger au cœur d’une période marquante de l’histoire je me régale. On se retrouve sous le régime communiste et totalitaire de Staline dans la Russie des années cinquante, régime marqué par la dictature et la terreur. Ilia, comme des milliers d’innocents, a été déporté dans le camp de concentration de Vorkouta. Entassé dans des wagons à bestiaux, il a connu la faim, la soif, l’odeur fétide des excréments, la privation de sommeil, l’isolement, le froid glacial, les travaux forcés... On connaît ces atrocités qu’il est juste d’évoquer en mémoire des millions de vies envolées. L’auteure retrace ce lourd passé sans toutefois en faire un roman historique. C’est par pure curiosité que je suis allée lire sur la révolte des zeks (détenus) dans les camps staliniens du goulag. De l’insurrection du système après la mort de Staline et du Soulèvement de Vorkouta - la révolte des prisonniers du Retchlag, un camp pour les prisonniers politiques.          

 

Un roman qui ne manque pas non plus d’évoquer la force réparatrice de certaines rencontres, la solidarité, les liens salvateurs qui offrent des repères et un certain apaisement. Un roman sur la confiance et l’entraide. Sur la force des souvenirs et des liens familiaux. Un roman sur la survie.

 

Un roman sur la mémoire...

 

Un grand merci à toi ma Nadège pour ce cadeau :-*

 

 

 

12 novembre 2016 6 12 /11 /novembre /2016 23:21

 

L’autre jour j’ai revu The reader, avec Kate Winslet et Ralph Fiennes, et après le film j’ai eu GRAVEMENT envie de me plonger dans le livre! Probablement un désir de revivre les émotions que j’avais éprouvées à l’époque. Il faut dire que ce n’est pas tous les films qui laissent ce genre d’empreinte en moi et pour des raisons qui m’appartiennent, je n’avais pas été capable de le revoir avant aujourd’hui. Le roman est vraiment magnifique, mais à mes yeux, il n’équivaut pas le film dans sa seconde partie. Cet avis n’engage que moi, c’est certain, mais la force des regards qui se croisent, se rencontrent et s’effleurent - notamment durant le procès - demandent à être « vus » pour être ressentis. On devine la souffrance et la honte d’Hanna, on devine aussi l’impuissance de Michael et pourtant, il m’a manqué ce petit quelque chose pour avoir des étincelles dans les yeux.  

 

Un soir, au retour du lycée, Michael est pris de vomissement. Hanna lui vient en aide. Il a 15 ans et elle en a 36. Sa mère l’envoie porter un bouquet de fleurs pour la remercier, rue de la Gare. Par la porte entrebâillée, il la voit en sous-vêtements, femme dans toute sa féminité. Il l’observe, avec ses gestes lents et naturellement sensuels, enfiler son bas jusqu’à mi-cuisse pour l’attacher à la jarretelle. Michael vit ses premiers élans de désir, il ressent cette chaleur douce dans le bas de son ventre. Chaque jour il viendra lui faire la lecture, avant qu’elle ne l’emmène sous la douche et dans son lit. L’adolescent est transporté vers des sensations qu’il n’avait jamais connues, initié aux vertiges de l’amour charnel. Puis elle disparaît.

 

Sept ans plus tard ils se recroisent en cour d’assises. Comme ancienne gardienne de camp à Auschwitz, Hanna est accusée d’actes criminels. Et Michael, dans le cadre de ses études de droit, assiste aux interrogatoires. Le choc des images se bousculent en lui. Il revoit la Hanna sensuelle, celle des premiers orgasmes, la Hanna heureuse, rayonnante et souriante, celle qu’il a mis des années à cesser de chercher sous ses draps. Puis la Hanna toujours restée secrète sur sa vie, celle accusée de complicité auprès des SS.     

 

Beau roman sur l’initiation au monde des sensations, à la « première fois », qui ne s’oublie jamais. À la désillusion, au mensonge aussi. Aux conséquences de l’analphabétisme, tels que la honte d’être démasqué et le pouvoir du sacrifice au nom de cet honneur. Enfin, Le liseur aborde également le travail de reconstruction de l’âme auquel ni Hanna ni Michael n’échapperont…

 

Je vous conseille de regarder le film avant de lire le roman. Pour mieux « voir » et donc mieux ressentir, à la lecture, les échanges de regard et l’amour complice qui font toute la beauté de cette histoire.

 

(Commentaire hors sujet et non constructif : me faire faire la lecture par Ralph Fiennes dans un bain de mousse, c'est le genre de sacrifice dont je serais capable... :D)

 

 

 

 

 

2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 14:11

Ces battements de coeur sont pour toi ma Lumen, petite soeur d’âme adorée. Pour toutes ces belles années d’amitié et pour les bougies soufflées aujourd’hui…

 

L'artdécouterlesbattements de coeur

 

J’ai acheté ce roman sur un coup de cœur. Et puis, il y avait ce titre si beau, qui suscitait en moi plein de curiosité. Son récit est tout simple, mais il tire sa force de la densité des sentiments qui habitent les personnages. Il rend un hommage respectueux aux souvenirs ancrés en chacun de nous. Aux tournants de la vie, aux expériences que le temps ne guérit pas, mais qu’il réduit à un encombrement tolérable. C’est avant tout l’histoire d’un grand amour.

 

« Je parle d’un amour qui rend la vue aux aveugles. D’un amour plus fort que la peur. Je parle d’un amour qui insuffle du sens à la vie, qui résiste aux lois naturelles de l’usure, qui nous épanouit, qui ne connaît aucune limite. Je parle du triomphe de l’esprit humain sur l’égoïsme et la mort »

 

Tin Win et Mi Mi s’aiment de cet amour-là. On pénètre dans leur univers complice avec un infini respect de l’amour et de l’admiration qu’ils se témoignent.

 

Le monde qui entoure Tin Win disparaîtra peu à peu, jusqu’à voiler ses yeux et lui faire perdre la vue. Il apprendra l’art de sentir les parfums, de reconnaître les sons, les nuances, les voix. Elle sera son plus fidèle regard. À travers elle, il touchera la vie comme un enfant s’émerveille de découvrir le monde qui l’entoure. Mi Mi a les pieds tordus, une difformité génétique. Elle est incapable de marcher. Chaque jour, il la portera sur son dos comme on porte un cadeau. Son odeur lui rappellera celle des pins après la première averse de la saison des pluies. Une odeur de sucre, délicate et fine comme une caresse.         

 

« Je me suis souvent demandé quelle était la source de sa beauté, de son éclat. Ce n’est ni la taille du nez, ni la couleur de la peau, ni la forme des lèvres ou des yeux qui rendent quelqu’un laid ou beau. Ce qui rend beau c’est l’amour »

 

En petit orphelin, Tin Win a grandi bien trop vite. Un jour, alors qu’il avait 10 ans, sa mère lui a dit de l’attendre là, dehors, sur une souche de pin. Il y est resté durant quatre jours, elle n’est jamais revenue. Comme lectrice, j’ai parcouru certaines pages, comme celles marquées par cet épisode, sur la pointe des pieds, avec un pincement au cœur.

 

Mais quel beau roman, on dirait un murmure. Un chuchotement intime de mots qui s’insinuent en nous et qui nous font poser les amarres, le temps d’un questionnement, d’un regard intérieur. Nous aimons tous selon l’image que l’on se fait de l’amour. Mais jusqu’où serions-nous capables d’aller pour le retrouver? Au prix de quels renoncements? La véritable essence des choses n’est pas visible à l’œil et pourtant, on se laisse éblouir jusqu’à l’aveuglement.

 

« Comment leur expliquer que ce que tu représentes pour moi, ce que tu me donnes ne dépend nullement de l’endroit du monde où tu te trouves? Qu’il est inutile de sentir la main de l’autre pour savoir qu’il y a contact? Quelle vie morne et monotone mènent ceux qui ont besoin de mots, qui ont besoin de toucher, de voir ou d’entendre l’autre rien que pour le sentir proche »

 

Oui, quel beau roman, on dirait un bruissement. Un effleurement intime de mots qui nous rappellent la force de l’amitié. Celle qui accompagne les blessures de l’abandon, du deuil, et celle qui naît des solitudes de l’âme. Et de tous ces sentiments qui traversent les hommes, de la peur à la méfiance, de la haine à l’envie, de la joie au doute…

 

Jan-Philipp Sendker signe de ces simples battements de coeur son premier roman, qui a eu l’art de m’émouvoir. L’art d’écouter les battements de cœur, une pulsation d’émotions à fleur de peau.       

 

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