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23 juillet 2014 3 23 /07 /juillet /2014 00:58

Excellent Challenge chez Belette, c’est ici :


http://thecanniballecteur.wordpress.com/2014/07/06/challenge-il-etait-une-fois-dans-louest-reprise-par-le-cannibal-lecteur/

 

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sisters      

« Si Cormac McCarthy avait le sens de l’humour, il aurait pu concocter une histoire comme Les frères Sisters, western sanglant, pétri d’un comique féroce. »


Los Angeles times

 

L’un des plus grands plaisirs que j’éprouve en lecture est celui de l’instant où, ma lecture du moment achevée, je me tourne vers le choix du prochain livre. Sans exagérer, ça me rend presque euphorique. Mais je recherche avant tout l’alternance d’un style littéraire à l’autre pour m’immiscer au cœur d’un voyage où je serai transportée par le dépaysement. À cent lieues de l’histoire d’amour à laquelle je venais d’échapper, par l’entremise d’un roman japonais un peu mièvre, je me suis retrouvée en plein cœur d’un western sanglant, assise au bar d’un saloon, pas trop loin d’un bordel et de l’amour d’un soir, entourée de whisky, de viande de bison et de pain ranci, d’un écho de duel aux pistolets et de deux tueurs à gages, les frères Sisters : deux brutes de la pire espèce, truands et bandits, à l’allure dégingandée. Et n’allez surtout pas croire qu’il fut de tout repos de voyager auprès d’eux !

 

Envoyés aux trousses d’un chercheur d’or, ils feront la route de l’Oregon jusqu’en Californie, en compagnie de leurs fidèles chevaux, Tub et Nimble (clin d’œil à Jolly Jumper et Lucky Luke, version gangster de la pire espèce). Chaque village traversé donnera lieu à des rencontres pour la plupart peu amicales. En ces 500 pages, j’ai aussi croisé une sympathique araignée venimeuse, qui m’a rappelé celles du désert du Mojave en Arizona. Eh oui, celle-ci avait fait pénétrer son poison mortel dans l’orteil de l’un des frères qui, visiblement, les affectionnait autant que moi! Autrement, ce livre est teinté d’un humour ironique et absurde. Je me suis surprise à quelques reprises à éclater de rire. Quelques questionnements colorent la route, et pour n’en nommer que quelques-uns… qu’est-ce qui fait un grand homme? La richesse? La force de caractère? Celui qui ne perd jamais son sang-froid? L’auteur répondra ainsi :

 

« Le grand homme, c’est celui qui sait repérer un vide dans le monde matériel, et le combler avec l’essence de lui-même. Le grand homme c’est celui qui sait attirer la chance en un lieu qui en était dépourvu auparavant, par la seule force de sa volonté. Le grand homme, enfin, c’est celui qui sait faire quelque chose en partant de rien. »

 

Finalement, l’auteur rend compte de l’hystérie qui entoure la ruée vers l’or, du désir de richesse, de s’emparer du bien d’autrui. Plusieurs réflexions pivotent autour de ce thème. Mais aussi autour de l’esprit humain, empli de curiosité et de persévérance, d’aventure et de labeur, ainsi que de soif de liberté. Franchement, j’ai parcouru ce roman avec beaucoup d’enthousiasme. Et pour être dépaysée, je l’ai été pleinement, c’est le moins qu’on puisse dire! Certaines critiques de la presse ont dit de ce livre « Imaginez Mark Twain sur l’acide. Complètement déjanté… », « Western terriblement imagé, digne d’un film des Coen », « À bien y penser, c’est un peu du Tarantino »…

 

Les frères Sisters ou comment devenir gangster ! 

14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 01:33

texas

 

Dire que je viens seulement de découvrir François Barcello, auteur québécois, alors qu’il a écrit une trentaine de livres, en plus de nouvelles et de romans jeunesse. Ce livre-ci est une histoire délicieusement banale, et c’est exactement pour cela que je l’ai adoré! Banale ne voulant pas dire « vide », ni ennuyante, bien au contraire… Car j’ai voyagé au Texas avec Benjamin, un homme hors du commun. Il m’a entraînée dans une aventure complètement insolite, déroutante, insensée même, de quoi ravir ma fibre aventurière! Dans ce roman, on nous apprend à vivre et on nous amène à revoir le sens que l’on donne à sa vie. C’est déjà beaucoup, je trouve… 

 

Benjamin Tardif est écrivain québécois et traducteur dans une grosse boîte à Montréal. Un matin, il décide de tout plaquer et de partir vers nulle part, Nulle part au Texas, à bord de son vieux Westfalia rose (pas du tout kitsch, certainement pas!). Il n’avait comme seul bagage que sa brosse à dents, une bouteille de shampoing, une vieille carte routière désuète et quelques livres. J’ai toujours rêvé de m’en aller ainsi vers un « nowhere », avec le strict minimum, mes lunettes de soleil, les pieds sur le tableau de bord… Mais là, je m’égare… 

 

Benjamin roulait sur un chemin sans nom quelque part dans le désert du Texas. Un vieux panneau défraîchi indiquait de faire le plein afin d’éviter la panne sèche. Aucun poste d’essence avant 100 km, aucun endroit pour s’arrêter et boire. Il était encore temps de se rafraîchir dans les eaux du golfe du Mexique avant les grandes sécheresses. Arrêtant les moteurs, il s’est mis à poil et y a plongé tête première. Avec les 48 degrés qui lui plombaient dessus, sans climatisation, ce n’était pas une mauvaise idée. Sauf que, c’est à ce moment-là que tout a basculé…

 

En remontant la petite falaise qui surplombait le golfe, le Westfalia avait disparu. Et Benjamin était nu comme un ver, sur le bord d’une route qui ne portait aucun nom, pas âme qui vive à l'horizon, aucun téléphone (ce serait contraire à ce type de voyage), quelques sous en poche… C’est à ce moment de l’histoire qu’une belle Africaine, Soutinelle, sortie autant de nulle part que le nulle part de sa destination, est apparue. On apprendra qu’elle est propriétaire d’un bout de ce désert, amatrice du Natural Enquirer et intoxiquée au chili con carne en canne. Et puis, elle boit du Bourbon sans ménagement. Elle aura l’amabilité de lui prêter une vieille culotte trop grande, rose (décidément!) et un chemisier à franges. Benjamin se languira un peu de ses courbes… Mais fais gaffe! Peux-tu vraiment lui faire confiance quand elle propose de t’aider? Jusqu’où te manipule-t-elle? Un certain Justin Case, le shérif sanguinaire du coin, la connaît bien, lui, Soutinelle… Il y a aussi cet Oracle Simon, un télévangéliste impliqué dans des scandales financiers et sexuels, qui s’est fait prendre dans les bras d’un agent du FBI. Et qui débarquera dans le désert en limousine… Des amitiés se noueront-elles au fil de ce voyage?

 

En tout cas, pour un gars qui voulait partir seul, en road trip à l’ouest des États-Unis afin de faire le grand vide… Je me réjouis de lire la suite, « Ailleurs en Arizona », toujours avec Benjamin Tardif et ses folles aventures!  

 

Qui monte dans mon Westfalia rose? 

Critiques de Dasola sur d’autres romans de Barcelo, ICI et 

 

westfalia

5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 15:48

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« La nature, je m’en fous éperdument, je n’ai jamais collectionné de feuilles, même pas étant enfant, même pas de cailloux – qu’on se trouve au printemps ou en automne ou en hiver m’est parfaitement égal, le miracle de la vie ne me touche pas, la vie qui bourgeonne, évolue, explose et change, les boutons de fleur qui enflent et éclosent, ces choses me laissent froide, alors que je ne suis pas une femme frigide, non, loin de là! »

 

Tout un début de roman! Qui annonce d’ailleurs le ton des 400 pages qui vont suivre… La plume de l’auteure est subtile et intelligente, elle manie habilement l’âme humaine, dans ses recoins les plus obscurs. Ces moments passés auprès d’elle sont toujours bouleversants et chargés émotivement. Je n’en suis pas à son premier livre, et je remarque que certains thèmes y sont récurrents : la maternité, la présence de la musique, la recherche du bonheur.  

 

Écrit sous la forme du roman dans le roman, il s’agit de l’histoire de Nadia, 49 ans, fraîchement divorcée de Per. Nadia, un prénom si simple, mais à la fois chargé de sens, car la narratrice ne manque pas de rappeler qu’il tire son origine du « néant ». Dire qu’on m’a fait croire toute ma vie que mon propre prénom, qui tire aussi son origine de « Nada », venait du russe « espoir » ou de l’arabe « fraîcheur de la rosée ». J’en pleure!!! Quel désillusionnement! Significativement moins glamour… Bref… Nadia est l’« instrument désaccordé » (Scordatura) d’une famille dysfonctionnelle. Sa mère était musicienne avant de sombrer dans la folie et le délire. Avec son père, un homme violent, elle a sa vie durant entretenu une relation malsaine, jusqu’au jour où s’effondre l’illusion du père idéal. Elle a un jumeau, Nathan. Et quelques souvenirs, « des images au formol », qui ne changent pas, et qui se trouvent dans les parties anesthésiées de son âme.     

 

« Mais pourquoi me semble-t-il toujours que les choses se fanent, se flétrissent et se meurent, s’éloignent de nous, s’étiolent, s’écroulent – pourquoi cette perte perpétuelle et sans merci, incontestable malgré toutes les preuves du contraire ».

 

Écrivaine, Nadia fera le point sur sa vie à travers son personnage de Barbe, en qui elle se reconnaît. Cette dernière aura aussi un frère jumeau, Barnabé. Si les actes de leur histoire sont vécus différemment, les séquelles en sont les mêmes, des traumatismes ineffables. Barbe est orpheline, Nadia l’est aussi, en un sens. Qu’elles aient été violées ou incomprises, cet enfant naissant en chacune d’elles ne sera pas désiré. L’avortement sera la conséquence d’un acte désespéré plus que d’un manque d’amour. Les répercussions : deux femmes, issues de deux époques, mais toutes deux futées et vives, méfiantes, vivantes, fragiles, farouches, colériques… Et dont le destin sera tracé sur des chemins sinueux.

 

« Fermant les yeux, Barnabé prend son souffle et laisse couler de sa gorge des sons de miel pur : notes liquides, chaudes et dorées, jamais les tympans de Barbe n’ont été ainsi caressés. Un frisson la parcourt tandis que, percluse d’amour, elle dévisage son frère » 

 

Voilà, j’en ressors un peu ébranlée. L’abandon est au cœur de ce roman, aussi fragile qu’une goutte d’eau dans le souffle du vent. Chaque personne contient son univers de peur, de colère et de douleur. Les deuils sont inévitables, aussi incontournables que les hauts et les bas de la vie. C’est ce que Nancy Huston nous rappelle avec force.

27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 15:50

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Suis-je objective lorsque je commente Marie Laberge? Absolument pas! Mais tenez-vous-le pour dit, je l’assume très bien … Qu’importe les sujets abordés, sa fine psychologie et la force de ses dialogues arrivent chaque fois à me plonger dans l’univers dramatique de ses personnages pour en vivre tous les états d’âme, du plus subtil au plus profond. Je ressens cette émotion difficilement exprimable que ses mots me rejoignent là où mon âme est la plus sensible. Le rapport que j’entretiens face à ses écrits est viscéral, oui, c’est le mot juste … ils m’atteignent, me perturbent, me font pleurer parfois, rire aussi et surtout, ne me laissent jamais indifférente. C’est ce qui me plaît avant tout dans la littérature, la force qu’ont certains auteurs, à travers leurs écrits, de laisser en nous une trace palpable des lieux, des personnalités, des atmosphères, bien après en avoir refermé les pages. Marie Laberge y arrive avec grâce …

 

Dans ce roman policier (son deuxième après « Sans rien ni personne »), elle s’attaque, si je puis me permettre l’expression, à un sujet fort délicat : les abus sexuels perpétrés par les membres de l’église. Elle illustre avec insistance la difficulté d’obtenir justice face aux institutions religieuses ; les victimes se faisant ordonner de garder le silence et de respecter l’ensemble de l’église, de la protéger et de ne pas la salir en dénonçant des agresseurs repentants auxquels le diocèse a déjà pardonné. Elle ne manque pas de rappeler que les gens abusés sont souvent considérés comme des pêcheurs indignes qui ont attiré les prêtres dans la disgrâce. L’Église est ainsi allée dans le même sens néfaste que la psychanalyse en culpabilisant les enfants face aux actes commis à leur égard et en achetant le silence des victimes. En ignorant la maltraitance et les abus, elle a laissé planer le doute et l’incertitude chez elles, en plus d’avoir été complice des gestes violents posés par ses membres.

 

Ce roman est écrit, comme toujours et pour mon plus grand plaisir, dans un québécois pure laine que les lecteurs non familiers avec ses expressions pourraient avoir du mal à suivre. Loin de sombrer dans le chauvinisme, Marie Laberge reste fidèle à ses racines et fière d’y appartenir. Marie Laberge est une auteure authentique, que je pourrais comparer en ce sens à Michel Tremblay, Réjean Ducharme, Victor-Lévy Beaulieu, etc … Dans ce roman policier, elle allie ses talents de dramaturge à ceux de romancière. L’intrigue est bien ficelée et intelligente. Le dénouement final est mené avec brio. Si la plupart de ses romans abordent des sujets controversés, certains sont récurrents, comme l’exclusion sociale. Les dialogues sont savoureux, opposant deux enquêteurs, l’une québécoise, l’autre français. Les chocs culturels qui en résultent de part et d’autre m’ont fait sourire … L’atmosphère est palpable, on se croirait même dans ce petit coin reculé du Québec, à Sainte-Rose-du-Nord. Hommage à la citation de Camus en début de livre. Une autre merveille …

31 juillet 2013 3 31 /07 /juillet /2013 19:05

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J'ai abordé ce livre avec la curiosité de celle qui visite les ruines d'un pays en cherchant à comprendre l'origine de ses ravages. Nelly Arcan, cette jeune prostituée montréalaise, s'est donnée la mort en 2009, à l'âge de 34 ans. Qu'est-ce qui a amené cette étudiante en littérature à ne plus espérer au point de s'enlever la vie ? J'ai tenté de trouver des réponses à travers ce roman, sans tomber dans le piège de la suranalyse des traumatismes qui l'ont habitée, encore moins dans le voyeurisme. Même si ses mots laissent en nous une empreinte de mal être, son univers n’est pas moins complexe que celui qui évolue en chacun de nous.

 

« Putain » est son premier roman, une autofiction débordante de sentiments noirs résultant de comportements autodestructeurs. Quelques pages à peine suffisent à nous éclairer sur les origines de son mal. Entre une mère, qui passe ses grandes journées à dormir et qu'elle qualifie de « larve » et de « cadavérique », et un père qui chasse les putains, on a vite fait de comprendre que Nelly Arcan n'a pas été entourée de modèles positifs.

 

Les pages de ce roman m'ont aussi révélé sa hantise des femmes et sa misanthropie. Son besoin de plaire et l'image d'un corps qu'elle craint de voir vieillir. C'est d'ailleurs en alliant les mots « femmes » et « féminité » que l'expression de cette crainte est la plus marquée. Un passage du livre : « Je me suis mise à vieillir à toute allure », m'a rappelé Marguerite Duras qui disait dans « L'amant » : «  J'avais à 15 ans le visage de la jouissance et je ne connaissais pas la jouissance. Tout a commencé de cette façon pour moi, par ce visage voyant, exténué… en avance sur le temps… ». Les ressemblances dans leurs écrits sont frappantes. Le style est tout autre, Duras ayant une plume incomparable, beaucoup plus fine et subtile, mais leur vécu comporte un nombre infini de similitudes, notamment celle de faire l'expérience de la sexualité à un âge beaucoup trop précoce. 

 

Pourquoi ne suis-je donc pas arrivée à aller au bout de cette lecture ? Le style est lourd, un immense cri de détresse sans points ni ponctuations. S'ajoute au style un ton vulgaire qui m'a vraiment déplu. N'allez pas croire que je pense nécessaire d'exprimer son mal de vivre dans le but d'obtenir des distinctions de l'Académie française. Je crois seulement que, pour demeurer authentique face à son vécu, il ne soit pas nécessaire de communiquer avec une telle disgrâce. Un minimum de pudeur ajoute sans doute une meilleure crédibilité aux yeux du lecteur. C'est un avis personnel, bien sûr... J'en arrive maintenant à ce qui m'a vraiment percutée : la paradoxalité de son discours. Nelly Arcan aborde dans ses ouvrages des thèmes tels que l'influence de l'image chez la femme, la marchandisation du corps et le suicide. Elle dénonce haut et fort le commerce de la prostitution qu'elle refuse pourtant de quitter. Pour toute réponse, elle dira que « c'est peut-être à cause d'une tendance naturelle que j'ai à me dévêtir et à m'étendre à toute heure ». J’ai franchement été agacée de l’entendre parler de l’image corporelle de la femme, affirmant que les femmes ne se sentent le besoin d’exister qu’à travers le regard des hommes. J’ai beaucoup de difficulté à comprendre que, même avec une conscience aussi aiguë des raisons qui poussent les femmes à devenir des esclaves de leur image (époque axée sur l’image et la minceur), elle n’ait pas réussi à s’en affranchir elle-même. Son roman est à mes yeux un tissu de provocations qu’elle alimente à travers une allure hyper-sexualisée et des propos uniquement centrés sur le sexe. J’ai le sentiment d’avoir perdu mon temps alors qu’une tonne de romans croulent sous mes pieds…

17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 22:50

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L'histoire se déroule dans les années 70 et 80, en Inde, à Bombay - nous le supposons puisque le lieu n'est jamais clairement identifié. Quatre personnages seront introduits à tour de rôle jusqu'à l'unification de leur destinée. Il y a Ishvar et Omprakash, l'oncle et le neveu, deux tailleurs initialement cordonniers, issus de la caste des Chaamars. Dina, une veuve qui fait de la confection à domicile. Puis Maneck, du Cachemire, venu des montagnes pour poursuivre ses études. 

Nous traverserons, en même temps que chaque recoin d'une Inde sombre et appauvrie, l'histoire d'un drame familial, de deuils multiples et de ses survivants. Nous marcherons sur les pas d'un exil et d'une grande histoire d'amitié et d'entraide, de survie et d'espoir. Comment feront pour cohabiter des gens aussi dissemblables? Rien de plus que le respect de l'unicité de chacun et le don de soi, au-delà des racines et des préjugés ... 

L'auteur dénoncera la situation de certaines castes, notamment les Intouchables, dont font partie quelques uns de ses personnages. Il ne manquera pas d'illustrer avec horreur la corruption d'un gouvernement et les problèmes liés à l'état d'urgence. De mentionner les incitateurs de planning familial qui pratiquent des stérilisations forcées, ainsi que des crimes, des tortures et des meurtres. Suffisamment, peut-être même un peu trop par moment, pour dénoncer les injustices frappant ce peuple. Les mendiants, du fond de leur bidonville, sont à ce point « démunis » qu'on en a la nausée. Ce livre est donc d'une tristesse inqualifiable, une suite de tragédies avec un brin de fatalisme. Parfois, on ne peut simplement pas y croire … et on a envie de refermer le livre pour reprendre son souffle, offrir un repos à notre âme agitée. Et pourtant, tout au bout, il y a l'espoir, l'acceptation forcée d'une condition de vie que nous offre l'auteur en guise d'échappatoire. « L'équilibre du monde » se situe ainsi à la frontière de situations d'extrême pauvreté et à celle d'un état d'esprit en paix avec ses choix et son destin. C'est ce même état d'esprit qui m'a poursuivie en refermant le livre sur la dernière page, au final avec beaucoup de regret. Ce roman offre un excellent regard sur une Inde en voie de modernisation.

12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 22:02

Revenir de loin

 

Ce dixième roman de Marie Laberge est, à mes yeux, et de loin, le plus sombre mais le plus émouvant à la fois. Elle y explore, dans les moindres recoins de l'âme humaine, l'univers mystique du coma, dans lequel son personnage principal, Yolande (narratrice), a sombré durant 18 jours. Sa capacité à réfléchir est demeurée intacte et son esprit vif. Mais sa mémoire est atteinte et elle est dépourvue d'affect. Elle a sombré dans l'amnésie.

 

Beaucoup de personnages rayonneront autour d'elle. D'abord, son voisin de chambre, avec qui elle entretiendra une belle complicité, ensuite, une femme qui dit être sa fille, un homme (son mari), et bien d'autres encore. Mais par un jeu complexe et bien ficelé, l'auteure nous fera vivre les enjeux troublants et décisifs de la réminiscence. Revenir de loin, mais à quel prix? Yolande sera l'initiatrice de son destin que nous suivrons, comme tenus à un mince fil, durant ces 600 pages. Les sept chapitres résumeront bien, à eux seuls, son cheminement: «Ouvrir les yeux», «Se mouvoir», «S'émouvoir», «Savoir», «Voir», «Dire» et «Vivre».

 

La densité de ce roman contribuera à cette recherche d'approfondissement des mystères encore inconnus de la conscience et de l'âme, à laquelle seul peut répondre un remarquable talent d'écrivaine. Écrit avec une extrême sensibilité, «Revenir de loin» est troublant. Il est impossible d'en sortir totalement indemne. Les dialogues sont forts et les chapitres teintés des vers de Nelligan, Miron, Rimbaud et Baudelaire. Plusieurs thèmes sont abordés: le tourment amoureux, les relations mère/fille, la perte et le deuil, la recherche d'authenticité... Les personnages sont des représentations de personnalités diamétralement opposées, ce qui ajoute à la complexité et la beauté du roman. Toutefois..... attention! Il faut vraiment rayonner intérieurement pour lire ce livre! Parce que Marie Laberge, plus que jamais et plus que quiconque, arrive à «violemment» nous ébranler. C'est un vrai bijou, comme toujours, oserais-je dire paradoxalement...

 

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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 01:04

Challenge trilogie de l’été chez Philippe

 

trilogie

 

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Si j'ai mis beaucoup de temps à venir commenter un premier livre de Marie Laberge, c'est fort probablement parce qu'elle est mon auteure québécoise culte et que je n'en tire aucune objectivité. Au-delà de l'écrivaine, Marie Laberge est une femme profondément humaine et reconnue ainsi par l'entourage québécois. Si vous la croisez quelque part, elle vous abordera, amicalement. Elle est authentique, généreuse. C'est une femme d'exception, une femme au grand cœur. Dans cette magnifique trilogie, il m'a semblé reconnaître chez elle des affinités avec deux de ses personnages principaux, un parfait mélange de Gabrielle et Adélaïde: elles reflètent le bonheur, la détermination, le dévouement, l'émancipation...


Les trois tomes de cette trilogie s'échelonnent sur une période d'environ 40 ans, de la grande dépression des années 30 qui a marqué le Québec, aux années 70 de la révolte face au catholicisme. De ces années, Marie Laberge arrive à critiquer éloquemment les comportements humains jugés absurdes et la vision étroite de ceux qui les perpétuent. C'est ainsi que cette grande saga, marquée par des personnages colorés et qui se démarquent des mœurs de leur époque, «s'attaquera» au catholicisme intégriste, à la domination des hommes sur les femmes et au mépris de l'homosexualité. Le tout abordé avec la voix d'une féministe respectée qui n'a pas peur d'exprimer ses opinions.
 

 Arrive dans le second tome la fille de Gabrielle, Adélaïde, personnage le plus affirmé, à la soif incommensurable de justice. Les personnages qui l'entourent feront face aux conséquences de la deuxième guerre mondiale. Adélaïde elle-même sera touchée par les combats et vivra intensément la tourmente. La relation qu'elle entretient avec certains hommes est bouleversante (je pense à Nick, Ted...). Si le troisième tome, «Florent», est celui qui a le moins retenu mon attention, le combat de Florent face à son homosexualité m'a captivée. M'ont captivée également la psychanalyse de Léa et les luttes féministes pour l'émancipation du statut de la femme.

 

Marie Laberge, au risque de me répéter, est mon auteure culte québécoise. Elle a ce don de nous plonger dans le cœur et l'âme de ses personnages pour nous en faire vivre toutes les émotions au point de ressentir les moindres malaises inhérents à leur vécu et leur tragédie personnelle. C'est un vrai délice, pour qui a le «goût au bonheur»... 

 

Allez lire le beau post de Valentyne, qui est venue visiter ce Québec que j’aime tant, à travers la plume de Laberge J 

Et sa critique d’Adélaïde et Florent

 

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