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3 septembre 2016 6 03 /09 /septembre /2016 19:29
Art - Yasmina Reza

Ça faisait une éternité que je n’avais pas autant ri en lisant un livre! J’ai dévoré d’une traite ses quelques dizaines de pages avec le regret d’arriver si vite au dénouement de l’histoire. Ce court roman est inspiré de la pièce de théâtre du même nom, Art, écrite par Yasmina Reza. Elle met en œuvre la symbolique de la toile blanche, de ces fameuses toiles que l’on retrouve dans les plus grands musées d’art contemporain au monde. Celle qui nous concerne ici fait environ un mètre soixante par un mètre vingt, blanche. Bon ok, il y a quelques lignes transversales… blanches… peut-être aussi quelques fines rayures… blanches… en gros, l’œuvre est monochrome, et Serge vient de l’acheter pour deux cent mille francs. S’installe entre lui, Marc et Yvan, ses amis de longue date, un dialogue à l’humour cinglant.   

 

Serge : Tu n’es pas bien là. Regarde-le d’ici. Tu aperçois les lignes?

Marc : Comment s’appelle le…

Serge : Peintre. Antrios.

Marc : Connu?

Serge : Très. Très!

Marc : Serge, tu n’as pas acheté ce tableau deux cent mille francs?

Serge : Mais mon vieux, c’est le prix. C’est un ANTRIOS!

Marc : Tu n’as pas acheté ce tableau deux cent mille francs!

Serge : J’étais sûr que tu passerais à côté…

Marc : Tu as acheté cette MERDE deux cent mille francs?

Serge (se dit à lui-même) : « Mon ami Marc fait partie de ces intellectuels nouveaux qui, non contents d’être ennemis de la modernité, en tirent une vanité incompréhensible »

 

Serge, l’acquéreur de l’œuvre, est plein de fric. Médecin spécialiste, c’est le genre de gars plutôt snob, limite prétentieux et sûr de lui-même, pour ne pas dire imbu. Fier de son achat, il compte partager sa joie avec Marc et Yvan. Le problème c’est que Marc, en parfait cartésien rigide et méprisant, est complètement désintéressé par l’art moderne. Plus que déstabilisé par l’achat de Serge, qu’il qualifie de « merde blanche », il n’arrive pas à comprendre qu’il s’y intéresse, plus encore, il s’inquiète pour lui, y voit quelque chose de « grave » chez son vieux copain. Il croit même qu’il devrait aller consulter un psy. En sortant de chez lui, pour l’aider à diminuer son anxiété, il doit prendre des granules de Gelsémium… Serge n’en reste pas là, il reproche à Marc sa suffisance, son ignorance, son manque de tact, sa condescendance…

 

Marc : « Que Serge ait acheté ce tableau me dépasse, m’inquiète et provoque en moi une angoisse indéfinie. »

 

Yvan joue le rôle de médiateur. Lui, c’est le gars nerveux et anxieux, qui fuit les conflits. Contrairement à Marc, il ressent une certaine « vibration » devant le tableau. Il est touché par les couleurs et croit que derrière chaque œuvre il y a un « parcours intérieur », une recherche de sens. Marc est scandalisé... vous êtes cinglés ou quoi!!!???

 

Marc : « Bien sûr. On ne peut pas détester l’invisible, on ne déteste pas le RIEN! »

 

C’est drôle, l’humour est absurde et les dialogues à mourir de RIRE! Certain qu’on m’a entendue dans tout le camping cet été! :D  

Art - Yasmina Reza
17 août 2016 3 17 /08 /août /2016 18:04
Lever de rideau sur Terezín - Christophe Lambert

« Faites de moi ce que vous voulez, mais faites le vite… »

 

L’été dernier, j’ai pris le train pour Terezín, à une soixantaine de kilomètres au Nord-Ouest de Prague. Mes enfants étaient là, ils avaient besoin de « savoir », de toucher l’empreinte inhumaine, encore floue à leurs yeux, des camps d’extermination nazis. Nous n’oublierons jamais cette journée, comme marquée pour toujours au fer rouge…

 

Durant la Deuxième Guerre Mondiale, la ville-forteresse de Terezín fut transformée en ghetto juifs, réservé aux gens célèbres, savants, musiciens, intellectuels et artistes de toutes sortes. Chaque semaine, ils y étaient déportés par centaines, entassés dans des wagons à bestiaux. Qui pourrait comprendre, sinon ceux et celles qui l’ont vécu, le poids de l’épuisement? La soif et la faim qui vous rongent? Le dégoût des odeurs fétides s’échappant du seau d’excréments plein à ras bord? Qui pourrait comprendre le cri des enfants, peut-être les vôtres, et pour qui vous avez peur, impuissants à les protéger des souffrances qu’ils endurent? L’incertitude vis-à-vis ce qui les attendait, aux vues des traitements inhumains qui leurs étaient accordés, ne laissait présager rien de bon. L’homme est capable des pires atrocités…

 

Ce soir-là, Victor Steiner, célèbre dramaturge juif, marchait dans les rues de Paris, en direction de son domicile. Il sortait de la représentation du Soulier de satin de Paul Claudel – durant la guerre, les salles de spectacle étaient interdites aux Juifs. Des coups de sifflet se firent entendre. Il est arrêté et déporté à Terezín, où il trouvera, en l’officier nazi Waltz, l’un de ses plus grands admirateurs. En vue de la visite de contrôle des membres délégués de la Croix-Rouge – et dans l’unique but de les divertir - l’officier SS lui commandera une pièce inédite en allemand. Coup de théâtre, les nazis vont tenter de créer un « faux décor », un paradis artificiel où les malades seront cachés dans les sous-sols. Il y aura un match de football, un orchestre, des jeux de rôle simulés dans le bonheur et l’épanouissement. Steiner « jouera le jeu ». Parce que l’écriture est avant tout un exutoire, qu’elle sera son unique chance de survivre. Et qu’il n’aura plus rien à perdre.

 

« L’art est une version stylisée de la vie. »

 

Lever de rideau sur Terezín nous raconte le courage de milliers d’êtres humains. Dans cette ville coupée du monde, deux à trois mille personnes sont mortes chaque mois. Des listes affichées sur les murs du baraquement Magdebourg décidaient du sort de centaines de prisonniers. Y étaient inscrits tous ceux qui seraient envoyés par convois vers Auschwitz-Birkenau, pour y être gazés. Lors de la visite des membres de la Croix-Rouge, le 23 juin 1944, 7500 noms ont été inscrits sur ces listes. Il fallait « faire le grand ménage »…   

 

Ce livre est aussi une histoire de courage et de solidarité. Je repense à l’humoriste Jean Milton, au bibliothécaire Moese Richter, à Léo Sapolsky et son grand-père Slavek, au Grand Sebastian, qui a donné sa vie. Et à tous les autres…

 

En fin de journée, en reprenant le train pour Prague, j’avais la gorge nouée. Oui, vraiment, l’humain est capable des pires atrocités…

 

Un immense merci au kinG des marais. Avec ce roman, j’ai revécu la teneur émotionnelle que m’avaient laissé les lieux. Je suis encore bouleversée...

(Vincent viendra y poser ses mots…) ;-)

 

************************

 

A little garden,

Fragrant and full of roses.

The path is narrow

And a little boy walks along it.

 

A little boy, a sweet boy,

Like that growing blossom.

When the blossom comes to bloom,

The little boy will be no more.

 

Poème écrit en 1943 par un enfant déporté à Terezin

Lever de rideau sur Terezín - Christophe Lambert
Lever de rideau sur Terezín - Christophe Lambert
Lever de rideau sur Terezín - Christophe Lambert
25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 15:19
Falaises - Olivier Adam

« Ici la nuit est profonde et noire comme le monde. »

 

**********

 

« J’ai trente et un ans et ma vie commence. Je n’ai pas d’enfance. »

 

Étretat, chambre 103 de l’Hôtel des Corsaires. L’auteur passe ses nuits sur le balcon ayant vue sur la falaise. Il se souvient avec douleur de l’année de ses onze ans. Sa mère venait de passer six mois en internement psychiatrique. Six mois sans la voir. Et ce jour-là, encore plus douloureux, ce moment inquiet de la revoir, de la ramener à la maison, petite femme fragile dans un corps sans vie. Quand de la fenêtre de la voiture il la vit s’avancer, lasse, une cigarette à la main et le regard absent. Et que pas même elle ne s’est retournée pour le regarder. Geste d’amour avorté dans un élan d’impuissance. Un trou béant en plein cœur de l’enfance. Puis sa main s’est refermée dans la sienne, sans dire un mot. L’auteur se souvient…

 

« Des années qui précèdent la mort de la mère, je ne garde qu’un flot brumeux d’images qui pour la plupart sentent la pluie et la terre mouillée. »

 

Il se souvient de ce jour-là, quand la voiture a roulé vers Étretat. Avec son père et son frère, ils voulaient lui offrir la fraîcheur des embruns salés, la mer à perte de vue, l’immensité de la falaise qui la surplombe ; un phare dans la nuit de sa quête. Mais elle est restée dans sa chambre… lire un peu, dormir beaucoup. Jusqu’à la troisième nuit où elle s’est levée. Elle a longé la mer jusqu’au pied de la falaise. Là où la muraille de pierre plonge dans le vide absolu. Un pas de plus, un pas de trop. Elle s’est jetée dans le vide, avalée par les eaux. L’auteur se souvient... Comment oublier?

 

« Les falaises se découpent dans le tissu du ciel. J’y contemple des fantômes, des corps chutant dans la lumière. Je me retourne et sur la vitre se reflètent mon visage usé, mes traits tirés, prématurément vieillis. »

 

Comment oublier une enfance vulnérable entre les crises de larmes et les enfermements de sa mère? Ses angoisses, ses dépressions et ses fragilités. Son manque de tendresse et ses silences. Comment oublier l’insécurité et les nuits de solitude? Sinon que les noyer dans une adolescence anesthésiée par les sédatifs. Sa mère, un pas de trop, un pas dans le vide. Et ses pas à lui, marchants aux côtés de son frère, beaucoup plus tard, en dehors du monde, hors du temps. Une complicité comme une bouée de sauvetage. Noyer les heures dans l’alcool, le sexe, quelques lignes de coke. Sans négliger d’oublier ce père dont on se serait bien passé…

 

« Je suis une nuit noire, une bordure de falaise, une vie noyée, avec vue sur le vide et sans vertige. »

 

Avec Falaises, Olivier Adam m’a flanqué une vraie gifle en pleine face. J’ai marché dans les pas de son histoire comme une funambule suspendue à la ligne mince et distendue de son enfance. Témoin du tragique, mais avec le respect des distances qui s’imposent. Son univers est vaste, il a la beauté d’avoir fleuri des épines du mal. Il nous rappelle que de tous deuils l’âme a la force de se relever. Le mal est fait mais la vie est devant. Au-delà des falaises….

 

"J'ai trente-et-un ans et peu importe. Je sais le poids des morts. Et je sais le mauvais sort. Je sais la perte et le saccage, le goût du sang, les années perdues et celles qui coulent entre les doigts. Je connais la profondeur des sables, j'en ai éprouvé la résistance, la matière meuble, équivoque. Je sais que rien n'est fiable, que tout se défait, se fissure et se brise, que tout fane et que tout meurt. La vie abîme les vivants et personne, jamais, ne recolle les morceaux, ni ne les ramasse."

 

L'avis grenouillesque

 

Et les Bisonnesques : Je vais bien, ne t'en fais pas - Des vents contraires - Peine perdue - À l'ouest

Falaises - Olivier Adam
24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 10:13
Pardonnable, impardonnable - Valérie Tong Cuong

« Ce n’est pas la manière dont les choses arrivent qui comptent, c’est la raison pour laquelle elles se produisent »

 

C’est arrivé comme ça, bêtement. D’ailleurs, c’est toujours bête ce genre d’accident. Puis on se croit à l’abri des souffrances qu’il dépose en nous. On pense que ça n’arrive qu’aux autres, que la vie ne peut pas basculer ainsi du jour au lendemain, d’une seconde à l’autre, cette douloureuse seconde de l’impact. Ce jour-là, Milo avait été confié à sa tante Marguerite qui devait l’accompagner dans un travail scolaire sur l’Antiquité. Mais ils auraient pris leur vélo, une distraction, une envie subite, spontanée, un besoin de souffler avant de retourner vers l’Antiquité. On dit qu’il aurait voulu cueillir un bouquet de fleurs pour sa mère. Enfin, c’est ce qu’on dit. Parce que dans ce genre d’histoire on ne sait jamais tout à fait les motivations qui se cachent derrière l’« Événement », on ne connait que le désastre…

 

« L’ivresse de la descente, un virage, et c’est la chute »

« Pardonnable, impardonnable » ?

 

Milo, 12 ans, est plongé dans le coma. Ses petites mains sont inertes, il a reçu un violent coup à la tête. Traumatisme crânien. Ses parents arriveront-ils seulement à pardonner à Marguerite ? Parce qu’il faut forcément un coupable quand la vie s’écroule. Vient ensuite les regrets, mais bien avant il y aura la suite d’événements précurseurs, les interminables « si » de la réaction en chaîne jusqu’au choc. La douleur de l’attente, l’incertitude qui tue à petit feu. La peur qu’il souffre, qu’il abandonne, et l’envie d’avoir mal à sa place. Et Marguerite… celle sur qui tout repose, l’éternelle souffre douleur de la famille. Le mouton noir détestée de sa mère, rejetée de sa sœur, humiliée par son beau-frère mais profondément adorée de Milo. On refuse qu’il la voit et pourtant, elle est son plus grand repère affectif, il a besoin d’elle. D’aussi loin qu’il soit, le petit la réclame, elle sera sa seule motivation à revenir d’un long sommeil…  

 

« Pardonnable, impardonnable » ?

 

Valérie Tong Cuong excelle à nous dresser le portrait d’une famille complètement dysfonctionnelle – à l’image de la plupart d’entre elles, on s’entend. On n’y va pas de main morte entre grosses méchancetés et petites vacheries, haine, jalousies, rancoeurs et manipulations. De vieilles blessures refont surface, les secrets sont mis à jour et chacun doit faire face, à sa manière. On recherche la vérité et on recherche l’amour. Le temps passe, une distance se crée, on se perd et on se retrouve. Mais nous sommes-nous vraiment quittés, hantés par la présence de l’autre?   

 

« Pardonnable, impardonnable »...

 

Milo est dans le coma, il faut d’abord tenir le cap, être forts. Et si on arrêtait de se faire la guerre au nom de notre amour pour lui ? On aura tout le temps après pour se dire le reste, et surtout se pardonner…

 

Un immense merci à toi ma précieuse Nadège pour ce merveilleux livre-cadeau qui avait été déposé sous mon sapin <3

 

Par la même occasion, je te souhaite un Joyeux Anniversaire !

Pardonnable, impardonnable - Valérie Tong Cuong
31 mai 2016 2 31 /05 /mai /2016 23:38
Le coeur cousu - Carole Martinez

« Maman n’a jamais su écrire qu’à l’aiguille. Chaque ouvrage de sa main portait un mot d’amour inscrit dans l’épaisseur du tissu. »

 

Au départ, il y eut cette boîte étrange que Frasquita reçut de sa mère en héritage. Un trésor confié sous la consigne de ne l’ouvrir que neuf mois plus tard, jour pour jour. Luttant contre l’envie irrésistible d’en découvrir le secret, elle l’enterra dans l’oliveraie du Seigneur Hérédia – « l’homme à l’oliveraie ». Lorsqu’elle fut en âge de comprendre la vie sous des yeux de jeunes filles, sa mère lui fit apprendre un ensemble de prières pour chaque misère humaine. Mais elle devra user avec parcimonie des pouvoirs qui en découleront… 

 

Personnage central de cette histoire fascinante, Frasquita, la couturière du faubourg Marabout, est emplit de dons. Elle coud et brode, magicienne faisant naître ce qu’elle touche du bout de ses doigts. À son contact, les robes et les châles se transformeront en maléfices qui agiront sur les hommes comme des philtres d’amour. Les fils aux mille couleurs changeront le regard qu’elle porte sur le monde. D’abord, il y eut ce petit cœur brodé dans les entrailles de la Madone qui un jour s’est mis à battre, et ce papillon qui prit son envol. Elle arrivera même à recoudre le visage de Salvador, ravagé par la haine des anarchistes. De quel miracle ou phénomène surnaturel Frasquita s’est-t-elle fait l’héritière? Empruntant un chemin opposé, vivant en marge de la société, s’affichant avec des prostituées et mettant au monde des enfants étranges – comme Angela qui nait avec des plumes et couine comme un canard - elle fera fuir les gens du village. N’aidant en rien l’ostracisme dont elle fut la victime, son mari devint fou et entra dans le monde des volailles pour en devenir l’un des membres. Il vivait dans le poulailler et se prenait pour une poule… Il lui vint même l’idée de couver un œuf rouge et de faire de ce coq le plus beau coq de combat.

 

Chassée, elle prendra la fuite avec ses cinq enfants, la sixième reposant dans son ventre. Elle s’appellera Soledad et sera la narratrice de cette histoire. Son prénom lui viendra de cette solitude dans laquelle elle sera plongée dès sa naissance dans une « volonté de résister au monde ». D’aucun diront qu’ils ont vu une femme en robe de noces tirant une charrette avec sa marmaille dans les jambes…

 

« J’ai peur toujours de cette solitude qui m’est venue en même temps que la vie, de ce vide qui me creuse, m’use du dedans, enfle, progresse comme le désert et où résonnent les voix mortes. »

 

Le cœur cousu, premier roman de Carole Martinez, est l’histoire d’une famille entourée d’un mal mystérieux. C’est avant tout une histoire de transmission entre les générations. Celle de femmes fortes unies par d’étranges pouvoirs. C’est aussi le basculement entre le rêve et la réalité dont le point d’ancrage sera la recherche d’équilibre, un univers de « folie » où la haine et le mépris des hommes ne saura régner qu’au prix d’une certaine liberté. À travers ses personnages en marge, c’est un roman sur la différence et l’acceptation, les choix que l’on exerce et les épreuves de la vie. Le cœur cousu est un portrait de femmes, tissé au fil des pages, dans une broderie d’humanité et d’entraide qu’aucun lien ne pourra dénouer…

 

« Il arrive qu’on interrompe une promenade, oubliant même ce vers quoi l’on marchait, pour s’arrêter sur le bord de la route et se laisser absorber totalement par un détail. Un grain du paysage. Une tache sur la page. Un rien accroche notre regard et nous disperse soudain aux quatre vents, nous brise avant de nous reconstruire peu à peu. Alors la promenade se poursuit, le temps reprend son cours. Mais quelque chose est arrivé. Un papillon nous ébranle, nous fait chanceler, puis il repart. Peut-être emporte-t-il dans son vol une infime partie de nous. , notre long regard posé sur ses ailes déployées. Alors, à la fois plus lourds et plus légers, nous reprenons notre chemin. »

 

Un grand merci à toi ma chère Nadège pour ce cadeau aux mille couleurs <3

Et le billet magnifique de Céline du blog Le livre-vie

27 mai 2016 5 27 /05 /mai /2016 18:03
Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus (3) - Éric-Emmanuel Schmitt (Le Cycle de l'invisible)

« La vérité m’a toujours fait regretter l’incertitude. »

 

Madame Ming s’occupe des latrines masculines du Grand Hôtel de Guangdong, dans le sud de la Chine. Étrange personnage de bonté et de dévouement, elle voit chaque jour défiler ces hommes dans l’urgence d’un soulagement aussi bref que nécessaire. C’est alors qu’elle rencontre le narrateur – dont le prénom n’est pas cité – et qu’une belle relation de confiance et de partage s’établit entre eux. Il travaille à l’étage supérieur à multiplier les contrats commerciaux avec la Chine et profite de chaque occasion, même de celles qui ne lui sont pas accordées, pour poursuivre ses bavardement avec dame pipi, cette femme pleine de sincérité et de douceur…

 

« Madame Ming incarnait la permanence dans un monde versatile. »

 

Elle lui raconte ses dix enfants, Li Mei, ses jumeaux Kun et Kong et tous les autres. DIX! Mais Madame Ming, comment est-ce possible d’en avoir dix alors que l’État chinois interdit aux couples d’avoir plus d’un enfant??! Au départ, il subit ses affabulations, puis éprouve de la sympathie pour elle. Une amitié se développe sous le couvert des confidences, dans ce milieu parfumé aux boules à mites à l’odeur de cèdre, et qui au départ n’avait rien on s’entend d’un lieu où s’attarder dans l’épanchement de sentiments. Rien que pour ce contraste délirant j’ai eu envie de remercier l’auteur, il m’a fait vraiment rire! :D Cette p’tite parenthèse mise à part, il réalise son besoin de fantaisie, d’illusions. Celui de s’évader dans un monde factice où la réalité se confond avec le rêve et l’urgence de vivre. Il en arrive à comprendre que le bonheur est plus fort que la recherche de vérité.

 

« À travers ces broderies où s’épanouissait son imagination, je sentais sa carence, sa nostalgie de transmettre, son aspiration à aimer. »

 

Toujours dans la poursuite de mes lectures du « Cycle de l’invisible », qui accorde à chacune de ses six nouvelles le plaisir de nous faire découvrir une religion ou une quelconque forme de spiritualité, Éric-Emmanuel Schmitt nous parle ici des entretiens de Confucius sur l’amour familial et le sens du respect. Ces quelques pages de douceur et d’amour nous amènent à nous questionner sur la vérité. Mais surtout sur la réalité à laquelle il ne faut pas s’attarder au détriment du rêve. Le bonheur est dans l’équilibre fragile des choses qui nous entourent.

 

Qui ne voudrait pas d’une Madame Ming dans sa vie? Je me suis profondément attachée au personnage qu’elle incarne avec tant de tendresse et d’humanité...

 

« De la Chine de Mao, madame Ming conservait l’égalitarisme ; de celle de Confucius, elle perpétuait l’humanisme. »

Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus (3) - Éric-Emmanuel Schmitt (Le Cycle de l'invisible)
1 mai 2016 7 01 /05 /mai /2016 00:21
Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2) - Éric-Emmanuel Schmitt (Le Cycle de l'invisible)

 « À onze ans, j’ai cassé mon cochon et je suis allé voir les putes. »

 

C’est ainsi que débute l’histoire…

 

***************

 

« Ce que tu donnes, Momo, c’est à toi pour toujours ; ce que tu gardes, c’est perdu à jamais. »

 

J’ai toujours aimé ce roman, c’est comme une histoire d’amour que je retrouve chaque fois que j’en ouvre la première page. Il suffit que je me retrouve au cœur des échanges entre Monsieur Ibrahim et le petit Momo pour que je sois bousculée d’émotions tendres. Ce livre est touchant, il est beau, il fait du bien, c’est une vraie caresse pour l’âme. On y voit la vie à travers le regard d’un enfant qui apprend l’amour et l’attachement à l’autre. Je crois qu’on peut tous s’y reconnaître quelque part dans ces personnes qui ont changé le cours de notre vie. Qui nous ont amené à nous questionner juste assez pour que s’ouvre la voie des réponses.   

 

« C’est dingue comme, avec les mêmes mots, on peut avoir des sentiments différents. Quand je disais « papa » à monsieur Ibrahim, j’avais le cœur qui riait. »

 

Momo est juif, il a onze ans, il vit seul – ou presque – dans un appartement à moitié vide, vide de tout, de chaleur humaine surtout. Il passe ses soirées à se faire engueuler par son père qui le traite de voleur. Ce même père qui s’enferme dans « les murs de sa science », négligeant l’essentiel et se pourrissant la vie avec la nette exactitude à laquelle il arrive à abandonner son fils dans les rues de Paris. Comment un enfant de onze ans arrivera-t-il à cesser d’avoir honte? À se demander ce qui tourne de travers chez lui pour à ce point repousser l’amour des autres? Momo appréhende la vie à travers le regard de son père, avec mépris. C’est le modèle qu’il a reçu…

 

«-Qu’est-ce que ça veut dire, pour toi, Momo, être juif?

-Ben j’en sais rien. Pour mon père, c’est être déprimé toute la journée. Pour moi… c’est juste un truc qui m’empêche d’être autre chose. »

 

Monsieur Ibrahim est propriétaire d’une épicerie, on l’appelle « l’Arabe de la rue Juive ». En réalité, il vient du Croissant d’Or, les gens y sont « musulmans », mais ça sonne moins faux qu’ « arabes », vous ne trouvez pas? Ce vieil homme ressemble à un sage, il est calme, posé, il adhère au soufisme, c’est sa façon d’appréhender la vie. Leur route se croise un jour et au fil de leurs échanges Momo renaît. Cet homme chaleureux lui ouvre un regard nouveau sur le monde des adultes. À son contact, il retrouvera le sourire. Il se débarrassera de sa haine et découvrira la liberté. Il comprendra mieux pourquoi son père est parti, son histoire, ses parents morts dans les camps nazis. Il apprendra à faire la différence entre ce qu’il a vécu auprès de son père et le monde tel qu’il est aujourd’hui au côté de Monsieur Ibrahim : « Avec monsieur Ibrahim et les putes, il faisait plus chaud, plus clair. »

 

« -M’sieur Ibrahim, quand je dis que c’est un truc de gens riches, le sourire, je veux dire que c’est un truc pour les gens heureux.

-Eh bien, c’est là que tu te trompes. C’est sourire, qui rend heureux.

-Mon œil.       

-Essaie.

-Mon œil, je dis.

-Tu es poli pourtant, Momo?

-Bien obligé, sinon je reçois des baffes.

-Poli, c’est bien. Aimable, c’est mieux. Essaie de sourire, tu verras. »

 

Un jour, ils partiront voir la mer et rejoindre ce Croissant d’Or si cher au cœur de Monsieur Ibrahim. Devant ce spectacle, Momo ne pourra s’arrêter de pleurer. Ils s’arrêteront dans un tekke et assisteront à la transe des Soufis. Le vieil homme attendait ce moment depuis longtemps. Sa rencontre avec Momo sera l’occasion de renouer avec ses racines. De lui transmettre un héritage d’amour qui passera à jamais par le souvenir….

 

« La beauté, Momo, elle est partout. Où que tu tournes les yeux. »

 

Pour lire le magnifique billet de Nadège

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2) - Éric-Emmanuel Schmitt (Le Cycle de l'invisible)
Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2) - Éric-Emmanuel Schmitt (Le Cycle de l'invisible)
24 avril 2016 7 24 /04 /avril /2016 03:20
Moka - Tatiana de Rosnay

« Pourquoi nous? Pourquoi ça nous arrive, à nous? Qui décide de tout ça? »

 

Le 23 mai à 14h30, Justine ne se doutait pas que sa vie allait basculer. Elle s’est levée ce jour-là en se croyant à l’abri. Un seul coup de fil a suffi pour comprendre que plus rien ne serait jamais pareil. Comment voit-on le désastre venir? Son fils Malcolm, 13 ans, s’est fait happer par une voiture, le chauffard a pris la fuite. Il repose dans le coma. D’aussi loin qu’il se trouve, qu’on le touche ou lui parle, il ne réagit pas... Mais que savons-nous de ce faux sommeil? Le petit entend-il sa mère? A-t-il des rêves?

 

En sortant de cette lecture, on ne peut faire autrement que se poser mille questions, à commencer par comment apprendre à vivre « avec ça »? Y arrive-t-on seulement? La terre continue de tourner et pourtant, il y a ce poids constant au creux de la poitrine qui empêche d’avancer. L’absence, le vide, les souvenirs qui remontent, la peur dans laquelle la solitude nous plonge. Il y a le supplice de l’attente, l’incertitude. Ceux qui nous soutiennent et ceux qui nous abandonnent, parce qu’ils n’auront pas su comment s’y prendre. Il y a Andrew, son mari, le gars stoïque, la forteresse qui s’effondre et le couple qui fout le camp. Comment fera-t-elle pour le soutenir alors qu’il était toujours celui qui consolait, qui rassurait? Il y a le discours prudent des médecins, le jour J de l’accident, la culpabilité d’avoir survécu. Une envie de revenir en arrière et de tout reconstruire, d’être allée chercher Malcolm après son cours de musique. Et d’avoir évité le pire…     

 

« Le plus dur, c’était de tenir. Calquer le quotidien sur l’horreur qui nous arrivait. Et puis le réveil. Le moment où on ouvrait les yeux, on ne se souvenait de rien, on se sentait léger. Puis tout revenait. »

 

« Quelqu’un m’avait dit, il y a longtemps, que c’était dans l’épreuve qu’un couple se révélait. Dans la douleur. C’était ainsi qu’un couple tenait, ou pas. »

 

Le 23 mai à 14h30, Justine ne se doutait pas que sa vie allait basculer. Qui était le conducteur de la Mercedes couleur Moka qui a plongé son fils dans le coma?

 

Tatiana de Rosnay explore avec finesse la longue descente dans le monde du sommeil profond. Je suis chaque fois charmée par sa plume, les sujets délicats dont elle sait parler avec justesse. Son livre me ramène quelques années en arrière au si beau roman de Marie Laberge, Revenir de loin.

 

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Malcolm, entends-tu? C’est Big Ben qui sonne et la voix de Churchill, ta chanson favorite. Attends, je pose le casque d’écoute sur tes oreilles d’enfant. Tu entends? : “We shall go on to the end. We shall fight on the seas and the oceans.”

 

"History recalls how great the fall can be

When everybody’s sleeping, the boats put out to sea

Borne on the wings of time

It seemed the answers were so easy to find"

 

R’n’B

Moka - Tatiana de Rosnay
19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 23:29
Le sumo qui ne pouvait pas grossir (1) - Éric-Emmanuel Schmitt (Le Cycle de l'invisible)

« À l’envers des nuages, il y a toujours un ciel. »

 

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« Ce qu’on refoule pèse plus lourd que ce qu’on explore. »

 

Jun a quinze ans. Un jour, il s’est levé et a eu envie de tout foutre en l’air, de réorganiser sa vie autour de ce qu’il croyait être son incapacité à vivre en collectivité. Dégoûté de lui autant que de la vie, il s’est dit que ce qu’il perdrait en « confort » il le gagnerait en liberté. En réalité, Jun a peur, c’est pour cette raison qu’il abandonne tout avant même de s’être donné la chance de réussir. Il fait partie de ces jeunes qui attribuent aux autres l’entière responsabilité de leurs malheurs - quand on se pose en victime, on se décharge de ses torts, c’est moins lourd à porter... Certes, son père est mort et sa mère, selon lui, ne lui a jamais témoigné de tendresse. A-t-il seulement saisi le message d’amour derrière ses lettres? Je ne dis pas qu’on naît tous égaux, loin de là, mais je pense qu’à l’adolescence il peut nous arriver d’occulter la réalité sous une avalanche de certitudes. En fuguant, Yun s’est protégé derrière une carapace. Une couche bien solide de repli sur soi pour lui éviter de se sentir constamment agressé par les paroles des autres, de les déformer, de les juger, d’en douter, de les interpréter. Ce n’est pas lâche, c’est une manière comme une autre de survivre…

 

« Tu agonises parce que tu as tout recouvert, tes émotions, tes problèmes, ton histoire. Tu ne sais pas qui tu es, donc tu ne construis pas à partir de toi. »

 

Il vit maintenant le cul sur un bout de béton d’une ruelle insalubre de Tokyo et s’alimente de restes de poubelles. De temps en temps, pour pouvoir se permettre le luxe de quelques boîtes de conserves, il vend des canards pour le bain, mais pas n’importe lesquels… les siens ont des formes de femmes, des seins aussi rouges qu’une promesse. Jusqu’au jour où il rencontre Shomintsu, un maître de sumo. Et que d’une voix aussi douce qu’imperturbable, ce dernier se tourne vers lui et lui dit :

 

« -Je vois un gros en toi.

-… »

 

Et le jour suivant…

 

« -Je vois un gros en toi.

-Va te faire foutre ! »

 

Ce que Shomintsu a réellement vu en Jun ressemble à de faux semblants pour cacher ses souffrances. Un monde de sensibilité étouffé sous les apparences. Il repoussera d’abord le maître, puis finira par se laisser apprivoiser. Son univers basculera. Jun sera sur la voie de l’apprentissage... En participant à son école de sumo, ses instincts seront plus vifs, ses certitudes s’écrouleront. Il perdra ses repères mais vaincra ses préjugés. Surtout, il apprendra à penser à travers son propre regard. Le temps sera-t-il venu alors d’ouvrir les lettres de sa mère et de découvrir ses secrets?

 

« J’ai dit que c’était possible, pas que c’était facile.

-Tu progresses, Jun. Tu rates tes combats, mais tu échoues avec style. »

 

Le Cycle de l’invisible d’Éric Emmanuel-Schmitt comprend six romans – nouvelles - que j’ai décidé de relire. Chacune d’elles nous parle d’une religion. C’est mon p’tit Vincent qui m’en a donné le goût, il en a loué deux à la biblio de son collège la semaine dernière. Et comme c’est l’un de mes auteurs favoris…

 

Dans celui-ci, il est question de bouddhisme zen, que pratique Shomintsu. Un homme paisible et généreux qui médite durant des heures pour atteindre en lui le vide suprême. Une fois ce vide atteint, la force en lui s’éveille. Et nous apprenons, à son contact, que rien n’est impossible…

 

« Tu as raison, Jun. Le but, ce n’est pas le bout du chemin, c’est le cheminement. »

 

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« Jun, si ce que tu dis n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi... »

Le sumo qui ne pouvait pas grossir (1) - Éric-Emmanuel Schmitt (Le Cycle de l'invisible)
Le sumo qui ne pouvait pas grossir (1) - Éric-Emmanuel Schmitt (Le Cycle de l'invisible)
27 mars 2016 7 27 /03 /mars /2016 17:25
Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Vigan

« J’ai essayé d’écrire ma mère »

 

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« À travers l’écriture je cherche l’origine de sa souffrance »

 

Je n’arriverai jamais à décrire, avec toute la force qu’elle mérite, le courage de cette femme et l’admiration que je porte à ses élans de survie. En couchant les mots sur le papier glacé des heures sombres de son enfance, Delphine de Vigan a souhaité rendre hommage à sa mère, Lucile, une femme hors du temps. Écrit à partir de lettres, de dessins, de photos et de témoignages, ce récit est teinté par l’absence d’une mère, sa mort et l’angoisse dans laquelle elle l’aura laissée. Elle racontera le milieu social, les étés passés dans un camp de naturiste, les soirées généreusement arrosées d’alcool et de vapeurs de joints, sa mère se défonçant chaque soir et leur maison tenant lieu de repère d’hippies où l’on venait s’éclater jusqu’aux petites heures du matin. Avec le temps, une distance douloureuse se sera installée entre sa mère et elle, qu’elle n’appellera plus même « maman » mais Lucile. Jusqu’au jour où elle la trouvera morte, des « minutes d’apnées » qui la plongeront inévitablement dans le brouillard et la terreur. C’est sur cet événement que s’ouvre le roman. Son histoire m’a bouleversée…  

 

Lucile, « femme abîmée », «petite chose friable, recollée, rafistolée, irréparable ». C’est le souvenir qu’en garde Delphine de Vigan, trois ans après sa mort. Dans son enfance, enfant à l’écart et la préférée de son père, elle se démarquait déjà par ses isolements silencieux, son humour à froid, ses airs absents, le mystère dont elle s’entourait et ses nombreuses peurs, du bruit, des voleurs, des voitures etc. Elle rêvait alors de « devenir invisible », ironie du sort pour cette jeune fille sur laquelle tous les regards se posaient. Elle était d’une grande beauté, modèle pour des magasines et des défilés de mode. Puis vint le grand dérapage où elle sombra dans la folie, qu’on l’interna à quelques reprises et qu’on lui diagnostiqua une psychose maniaco-dépressive où elle resta près de 10 ans dans l’enfermement de pensées suicidaires. Bourrée de neuroleptiques, les yeux dans le vague, léthargique, délirante et sujette à des pensées morbides et à des hallucinations, c’est le modèle de mère avec lequel Delphine de Vigan a passé son enfance et son adolescence.   

 

« Lucile est devenue cette femme fragile, d’une beauté singulière, drôle, silencieuse, souvent subversive, qui longtemps s’est tenue au bord du gouffre, sans jamais le quitter tout à fait des yeux, cette femme admirée, désirée, qui suscita les passions, cette femme meurtrie, blessée, humiliée, qui perdit tout en une journée et fit plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, cette femme inconsolable, coupable à perpétuité, murée dans sa solitude. »

 

Delphine de Vigan nous raconte ici l’histoire d’une famille, la sienne, qu’elle qualifie de dévastée. Outre les nombreux amours de sa mère, les suicides, les morts, les maladies, les accidents, elle a gardé d'elle le souvenir ineffable d’une femme en perpétuel mal de vivre. De nombreux passages m’ont troublée aux larmes, son passé bien sûr avec lequel elle vit au présent de l’imparfait, mais aussi la présence néfaste de son propre père, l’anorexie, l'inceste, les viols... Merci à vous Delphine de Vigan, votre histoire est un peu devenue la mienne, la nôtre. Elle laissera longtemps en moi des traces de douleur... 

 

« Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence. »

 

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« Lucile est morte comme elle le souhaitait : vivante. Aujourd’hui, je suis capable d’admirer son courage. »

 

Les avis de Claudia Lucia et Malika 

Et ceux de manU, Nadège et Claudia Lucia sur « D’après une histoire vraie »

 

Photo : Lucile dans une pub 

Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Vigan

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