Paul erre dans la nuit polaire
Paul, pote à moi n’est pas Cambodgien mais méridional pur jus, grand amateur de pastis néant moins émérite pompier du feu, hélas en froid avec son boulot et surtout avec son chef de brigade qui lui reproche (entre autres) de jouer un peu trop avec le feu au cul de sa femme!
En changeant de trottoir Paul se dit qu’il ferait mieux de changer d’air, de métier, de pays, avec le réchauffement climatique, pourquoi-pas aller s’installer là-haut dans le grand nord, après tout à Marseille, il habite bien les quartiers nord! Il pense avoir toutes les qualités requises pour se fondre même se confondre dans le décor: Armoire à glace qui n’a pas froid aux yeux et ça tombe à pic, avec les gens, il n’a pas son pareil pour rompre la glace sans froid garder, sang chaud par contre…...
Bien sûr sa candide candidature au pot pôle emploi comme pompier en Laponie n’a pas fait long feu, sa mère a tout fait pour le dissuader de partir, combien de fois n’a-t-il pas entendu le sempiternel refrain: Tu es saumon fils, l’ours blanc ne fera qu’une bouchée de toi, sa grand-mère aussi a tenté de l’en empêcher, Paul n’a pas laissé mamie faire.
Un matin Paul partit sans un mot, sans un regret, en tout cas pas celui d’avoir vendu à son chef de brigade, le double du prix du neuf, son rutilant frigo américain tout en inox brossé avec distributeur de glaçons et glace pilée incorporé.
Paul est plutôt cigale que fourmi, pour un gars du midi ça n’a rien d’antinomique, la vie dans le sud est si dispendieuse, serait-ce à cause de la chaleur, les fonds fondent comme neige au soleil.
L’arrivée de Paul aurait-elle jeté un froid, il fait moins quarante degrés Celsius, à croire que c’est bien ici à Nuuk (Dour) que le gla-gla sonne, le Nuuk plus ultra du froid extrême.
Incroyable comme des gens peuvent se faire des phocidés du grand nord; tenez, fraîchement arrivé en rennes à la capitale, Paul se rendit à la banque Ise, à peine avait-il déposé ses fonds qu’ils furent gelés sur le champ; ici c’est assez intéressant à observer comment l’argent se cache à l’eau, il ne fond pas comme ailleurs, ne font pas des petits non plus mais ça fait des siècles que l’état a décrété le gel des prix, le gel des terres, de tout en fait! Prise par-là, Nuuk a son charme, pas de surpopulation de lapons, pas Dour ni de trouble à Dour ni même de troubadours et encore moins d’or à Dour; aucune auto que des autochtones aux exquis mots, Paul à part quelques rudiments de morse n’y comprend goutte.
Trois mois déjà que Paul erre dans la nuit polaire, en quête de sa bonne étoile, la belle qui a du mal à lui offrir un lit douillet, seul, lit vide, livide mais sans être à l’arctique de la mort, Paul qui n’a pourtant pas la main verte plutôt gelée (même son poil dans la main est gelé), se prend à rêver d’un petit lopin de glace où il pourra planter quelques marrons glacés. Il n’y a pas le feu, le jour ne se lève que dans trois mois, Paul a tout le temps de la trouver sa belle étoile dans ses nuits blanches. Extinction des feux pendant trois mois, quand on pense qu’en France, pour des petites coupures d’à peine une heure, des fonctionnaires à vif d’EDF se font presque lyncher.
Pour chasser l’éventuel ennui, Paul avait emmené dans un sac d’ado dadais quelques magazines et polars dont il raffole, hélas il n’a pu en lire que les pages de garde, les autres sont restées collées par le gel. N’ayant plus rien à lire et pour tuer le temps, Paul va souvent mater sur la jetée les fraîches morues dans les brancards ou écouter au loin les rires de baleines qui ont rencard, lui qui n’avait jamais pu se voir dans la glace, voilà qu’ici il passe des heures et des heures devant :
Oh mouroir mon beau mouroir Oh alouettes vous miroir sans thym ni romarin de label Provence!
Sur le plan démarches administratives, aucun souci par ici (Paris si!) ; pas un fonctionnaire zélé pour venir vérifier si l’édification de votre igloo respecte scrupuleusement le plan d’inoccupation des sols ou si vous avez payé la redevance télé, sur le plan démarche pure, c’est à croire que Paul a eu des ancêtres manchots car c’est la même démarche chaloupée un peu gauche.
Dès le début, pour être mieux intégré à la faune locale, Paul a tenu à s’habiller en costume traditionnel : Smoking noir à queue de pie fourrée et chemise blanche en peau de BB phoque,
ça lui donne un peu l’air conditionné, même l’air con tout court mais les conditions de clim à tics étant si sévères.
Nullement abattu juste un poil dépité, Paul se demande si c’est vrai « ces gens du nord qui ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors »; il commence à se lasser de ne sucer que de la glace se disant qu’un peu de chaleur humaine ça ne serait pas vain, chaud réconfort, d’ailleurs sans être chauvin, ce n’est pas tant les glaçons qui lui manquent mais l’anis sûrement.
Il décide de prendre le morse par les cornes (je sais on dit le taureau par les cornes mais ça c’est dans le sud, dans le grand nord c’est le morse).
Justement, Paul amorce une vie nouvelle depuis qu’il s’est fabriqué un alambic au procédé plus qu’alambiqué: Il distille de l’urine de baleine mélangé à du sang macéré dans ses bras; au goût ce n’est pas vraiment de l’anis, pas tout à fait comme en terrasse à l’Estaque à Marseille, mais mélangé aux glaçons la ressemblance est si frappante qu’hier Paul s’est pris une cuite bien frappée avec ce constat rassurant, à oublier toutes vos misères: Le pipi de baleine du grand nord se rend aussi bien que l’anis du grand sud!
Une bonne chose n’arrivant jamais seule, Paul n’est plus seul, il a fait la connaissance d’un bandit, manchot quasi nomade mais bon maçon, excellent bâtisseur d’igloos. En échange de son pipi de baleine, le manchot lui a construit (sans permis) un joli igloo tout blanc, le manchot lui-même fait office de pompe à chaleur, on ne peut pas dire qu’il soit pédé comme un phoque mais plutôt gai comme un pinson. Il faut les voir ces deux-là comme cul et chemise, de nuit comme de jour (puisqu’il fait toujours nuit!) à tomber la chemise et allumer le feu à l’igloo, à se rouler des patins à glace, bonté divine, c’est si chaud qu’on se croirait bien au show « Holiday on ice », s’ils continuent, l’un d’eux va finir avec un bec de lièvre.
Paul fait le feu de tout boit et glou igloo et glou, il est des no ..o…treuh, il a bu……………….
Inuit câline Inuit d’amour, comme ici la nuit dure trois mois je ne vous dis pas dans quel état ils vont être à la fonte des glaces, pendant tout ce temps-là, le chien du manchot traineau bar!
A noter quand même qu’il a fallu qu’il débarque au pôle pour que Paul se découvre des tendances bipolaires médisons plutôt qu’il est comme le bateau ivre, à voile et à vapeur.
Gardons-nous de juger, relatives, visons un peu mieux ses nuits torrides, à moins d’être maître-glacier, même en ayant le sang chaud, ce n’est pas évident de se faire encorner de glace, pas facile d’avoir le feu au cul au sol avec -40°degrés ou de force avec popole toujours recroquevillé au fond du pantalon. Si encore Paul avait été un morse avec son oosik*(un os pénien de 60cms), il n’aurait plus ce genre de problème. Heureusement que le bon dieu n’a pas affublé l’homme d’un os si pro éminent, surtout si on l’accueille à froid, avouez que le cas contraire la sodomie n’aurait jamais fait de vieux os sur notre belle terre!
Merci petit Jésus, dis-le à ton papa qu’il a bien fait de ne pas nous faire un pénis en os surtout que de nos jours avec le viagra……….ça ne se justifierait plus, tout ça donne si froid dans le dos qu’il vaudrait mieux trépasser à autre chose!
N’allez pas croire que Paul a peur de se prendre une calotte glaciaire en pleine tronche, les calottes, il connaît trop bien pour en avoir ramassées à la pelle depuis son plus jeune âge.
Ici dans le grand nord pas de pastis, de "père Duval à la calotte chantante" tout au plus des phoques moines mais pas dévots marins et qui n’ont aucune velléité à vous convertir à leur religion aux mœurs plus que blizzard. De calottes l’ex pompier n’en a cure, sa peur la plus grande serait de se retrouver nez à nez avec un vieille ours mal léché par sa femelle à qui la bagatelle pendant ses ours ne fait ni chaud ni froid, les règles élémentaires ne dictent-elles pas qu’il ne faut pas vendre la peau d’mémé avant de l’avoir tirée. Heureusement pour Paul, la seule fois qu’il aperçut un ours blanc, celui-ci était bien trop pressé d’emmener sa dulcinée matrone en lune de miel à………………. ……………………………………………………au lit wood.
Comme quoi dans le sud malgré les piquants, la pêche aux oursins est moins risquée que la chasse aux ours, sains ou pas du grand nord avec son froid pas épicé mais tout aussi piquant!
Trois mois plus tard, avec ce satané réchauffage de la planète et la dérive d’incontinents, l’iceberg des deux compères à la dérive au milieu de nulle part à des plombes du centre-ville, ceci fit dire au manchot, bandit mais filousophe : Si les icebergs étaient en fonte, au moins la fonte serait plus lente.
Dix ans ont passé, dix ans glandeur nature à peigner la girafe à longueur de journée, certes, il avait bien créé un cercle (bi) polaire de poètes genre Otarie’club quasiment tous disparus : Gérard de Narval, Gérard deux par dieu, De Villiers et même le Gérard de Coluche ; à se demander si ce fameux cercle fut polaire, bipolaire ou tout simplement vicieux.
Paul a décidé de regagner son sud, il se sent de plus en plus en froid avec le grand nord. Il repart avec de bonnes notions de gastronomie lapone : Tout lard du buffet froid, je crois que du côté de l’Estaque, il va faire forte impression avec ses bouchées à la renne-mer assez zonée à l’huile de mauvaise foi de morue, le court bouillon d’otarie aux yeux de merlan frit trempés dans la graisse de phoque comme il ce d’oie.
La banquise ayant finalement fondue, Paul récupéra ses fonds avant de quitter Nuuk.
Purée ce matin sur Marseille, il fait un mistral à décorner un morse, un froid de canard à ne pas mettre un chien voire un marseillais dehors. On est à la mi-décembre et l’ami Paul ronronne comme à mi-août. Simplement vêtu de son marcel à l’effigie de l’OM, il déambule lance à la cantonade que le printemps est revenu, va rejoindre des potes au bar Jo.
Dixit Jojo le tenancier, Paul aurait pris de l’étoffe cérébrale pendant sa villégiature dans le grand nord, jugez-vous-mêmes, Paul aurait dit: Vous ne voyez de moi que quand je veux bien émerger mais un jour vous aurez la chance de découvrir mes parties immergées!
(Immergées dans le pastis, peut-être ?) Je ne sais pas si c’est con, génital ou si on peut encore parler de troubles bipolaires ou de troubles éthyliques, Paul s’identifiant à un iceberg, je penche plutôt pour un dédoublement de personne alitée, le comble ça serait qu’il rencontre la petite Annick!
Sur le quai du vieux port tout illuminé de guirlandes et lampions, un père noël vient à passer, ça met Paul hors de lui: C’est un faux, un faux, info père noël : Le vrai, moi je l’ai vu là-bas dans le grand nord, il se faisait tirer par des rennes au igloo, igloo et glou et glou……………………………………
Jojo la même chose, c’est ma tournée !
Sans être nullement terrassé par le stress malgré des mois à glander en terrasses du côté de l’Estaque, Paul se décide à rendre une petite visite de courtoisie à ses « potes » de manque de pot pôle emploi qui lui dénichent facilement, compte tenu de son expérience glaciaire, une place de maître glacier à Tahiti, fini tous ces pingouins, manchots, allez phoque you all, I have nothing Toulouse nor Marseille to win, fini tous ces pingouins, à lui les vahinés et leur tiaré en fleur.
La seule chose qui le rend un peu chagrin de folie c’est qu’il va falloir qu’il se rachète, bien sûr une conduite mais surtout un frigo américain avec distributeur de glaçons et glace pilée et une grande glacière pour les oursins. Loin des bistrots pic à glace du grand nord Paul espère qu’au moins ses maigres fonds ne fondront pas trop sous le soleil des tropiques.
*oosik : je précise pour certaines qui semblent intéressées l’oosik est bien un os mais sans moelle.
P.S : Paul a réussi à revendre ses secrets de fabrication de son infect breuvage de pipi d’baleine à la société Ricard (j’en ris car tout est mâle qui finit bien).
JCE Tianjin 22/06/2013 (brut de décoffrage)