Par les pores des ports
J’ai joué à l’amour
en lançant quelques dés
numéros, petits tours
par le sort rejetés.
J’ai joué à l’amour
ce grand jeu de la vie;
on mise sur toujours
puis on change d’avis.
Flambé à ce bûcher
aux aguets d’une flamme
aimé, disant, encore
et médisant mon âme.
Mes pas mis dans leurs pas
d’un chemin bouche en cœur
j’ai mordu leurs appâts
innocent mais sans peur.
J’ai dormi mille nuits
dans des milliers de ports
où je trompais l’ennui
ressuant de mes pores.
Reçu mille baisers
en accueillant leur dard
la marque déposée
de ces amours fouettards.
J’ai pleuré pour des prunes
pour le cœur d’une blonde
sur le corps d’un brune
redessiné le monde.
Elles donnaient en gage
l’atout de leurs atours
je me mettais en cage
puis balayais la cour.
J’ai joué à main-mise
même parié gros
comme cul et chemise
pour toucher des grelots.
Même mimé ma mort
en embrasant ma vie
dans l’âtre du remord
consumé mes envies.
Un soir j’ai fait tapis
pour des yeux pers catins
pris mon pied puis tapi
pris gadin au matin.
Tant battu la chamade
que mon cœur courbatu
a fui au vent nomade :
mirages, convaincu.
Fui ces belles fatales
sans âme à l’intérieur
pris leur beauté vénale
pour un trou de laideur.
J’ai gagné, j’ai perdu?
qu’importe j’ai aimé
ces amours éperdus
que je ne sais nommer.
J’ai vécu en aimant
et j’aimerai encore
en mourant en amant
au chevet de vos corps.
JC Eloy 2005