Tu m’avais pourtant prévenue, Soph, que j’allais être émue à la fin de cette histoire. Si j’étais en médecine, comme toi (et même en ne l’étant pas, d’ailleurs), je trouverais ce roman d’Ishiguro « dérangeant ». Il s’inscrit dans une perspective historique du début des années cinquante, au moment des grandes percées de la science médicale qui ouvraient la voie à toutes les possibilités. Trop de possibilités ? Jusqu’où faut-il aller et au nom de quoi ? De quelle conscience ? Tout cela doit quand même t’effrayer un peu, Soph, sinon beaucoup. En tout cas, retiens bien que si un jour je passe sous ton bistouri, je souhaite me réveiller « entière »…
Dans les années quatre-vingt-dix, les élèves « spéciaux » d’un collège de Hailsham sont soumis à des expérimentations médicales. Lesquelles? Je ne peux pas vous en parler, car si vous n’avez pas lu le roman, ce serait un gâchis de vous les dévoiler. J’ai mis moi-même une bonne centaine de pages à mieux comprendre où l’histoire s’en allait, à vraiment saisir le destin inévitable de ces enfants. Mais je ne me suis pas lassée, au contraire, l’histoire coule et nous le découvrons au fur et à mesure. Sensiblement au même rythme que ces jeunes l’apprennent, plusieurs années plus tard, trop tard… alors que ces conditions dans lesquelles ils ont été élevés leur ont été cachées.
Ils s’interrogent sur le sens de la vie, se posent des questions sur eux-mêmes. Leur avenir est déterminé et ils ne pourront jamais avoir d’enfants. Le monde du dehors leur est inconnu et ils sont effrayés à l’idée de franchir les portes de Hailsham. Plus que quiconque, ils doivent se garder en bonne santé et éviter les maladies, car ils ont été « choisis ». Ils vivent dans l’inquiétude et la souffrance d’un monde dur et cruel, dans la solitude et la peur. Ils sont sensibles, intelligents… Ils ont une sexualité précoce et ils s’aiment, librement, volontairement. Au-delà de tout, ils sont fidèles à l’engagement de leur amitié. Ce roman met l’accent sur l’importance de la mémoire et des souvenirs. Les plus précieux, ceux qui ne s’effaceront jamais. Il parle du don de soi, inconditionnel, de la perte de l’innocence et de la fragilité humaine. Il est presque impossible que ce roman ne vous touche pas, au moins un tout petit peu…
« Et j’ai vu une petite fille, les yeux hermétiquement fermés, tenant contre sa poitrine le vieux monde généreux qui – elle le savait au fond de son cœur – ne pourrait pas demeurer, et elle le tenait et suppliait : Never let me go. »
le Bison 05/10/2017 22:16
Nad 06/10/2017 00:44
manU 19/09/2015 10:38
Nad 21/09/2015 04:29
phil 09/08/2014 16:22
Nad 09/08/2014 16:36
phil 07/08/2014 12:29
Nad 09/08/2014 16:11
UBU 10/06/2014 23:24
Nad 11/06/2014 00:47
UBU 09/06/2014 22:08
Nad 10/06/2014 19:31
krol 06/06/2014 09:57
Nad 09/06/2014 00:07
Sophie 03/06/2014 15:22
Nad 04/06/2014 17:44
Nadael 03/06/2014 15:19
Nad 04/06/2014 17:41
Jean-Charles 02/06/2014 12:48
Nad 04/06/2014 17:46
Jean-charles 01/06/2014 22:05
Nad 02/06/2014 02:02
Malika 01/06/2014 20:27
Nad 02/06/2014 01:58
Eeguab 31/05/2014 07:51
Nad 02/06/2014 01:53
le Bison 30/05/2014 23:00
Nad 31/05/2014 03:21