Parce qu'il s'agit d'un roman-culte qui a été vendu à plus de 60 millions d'exemplaires dans le monde et qui figure parmi les 25 livres les plus vendus de la littérature américaine, je m'attendais à beaucoup. Je m'attendais à être touchée, bouleversée. Je m'attendais à me dire: «C'est certain que je le relirai un jour.». À chaque chapitre, je me disais: «Ça viendra... ça y est! Je le sens... je vais être émue...». Mais ce n'est pas venu...
Je ne dis pas que Salinger est un écrivain médiocre, je me demande simplement ce qui a fait la renommée de ce livre. La vie tourmentée de l'auteur? Sa personnalité? Je cherche encore... et si jamais vous faites un détour par ici, merci de participer à ma réflexion...
Foglia, notre fameux chroniqueur de La Presse, a écrit un article sans détour (fidèle à son habitude) sur ce livre, en janvier 2010, suite à la mort de Salinger. L'attrape-coeurs se dit un roman de l'adolescence. Foglia répondra: «Roman de l'adolescence mon cul: une petite histoire de fugue, banale et décousue». Et j'avoue être passablement en accord avec lui. Les quelques émotions dévoilées sont plutôt superficielles. On ne rentre pas très en profondeur dans la psyché de l'adolescence et c'est ce qui m'a le plus déçu.
J'ai eu le sentiment que l'histoire se tissait au fil des pages, que les événements précédaient la pensée de l'auteur, sans liens entre eux, au gré d'une inspiration momentanée.
J'ai lu dans un autre article de journal, publié également à l'époque de sa mort, des faits sur l'auteur qui m'étaient alors inconnus: la guerre a laissé de profondes cicatrices, jusqu'au choc post-traumatique. Il détestait la vie publique, était antisocial, reclus et ses proches l'ont décrit comme un manipulateur jonglant avec la religion. Et ce genre d'éloges n'en finit plus... Tout compte fait, ne serais-je pas plus fascinée et touchée par les fondements psychologues de sa personnalité que par sa plume? Certainement...
Quoi qu'il en soit, beaucoup de livres ne connaîtront jamais un succès mondial et, pourtant, il me semble avoir croisé, au fil des ans, des lectures qui en auraient, à mon avis, tout le mérite.