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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 22:24

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« Frida a formé des disciples qui figurent aujourd’hui parmi les éléments les plus remarquables de la génération d’artistes mexicains. Elle impulsa toujours en eux la préservation et le développement de la personnalité dans leur travail en même temps que le souci de clarté sociale et politique des idées » - Diego Rivera

 

« Ma peinture porte en elle le message de la douleur, chaque touche de pinceau est une trace de souffrance » - Frida Kahlo

 

« Ni toi, ni Derain, ni moi ne savons peindre des visages comme ceux de Frida Kahlo. » - Pablo Picasso à Diego Rivera

 

À l’époque où j’ai lu cette biographie de Frida Kahlo, je revenais, bouleversée, d’une exposition de peinture à Toronto intitulée « Frida & Diego : Passion, Politics and Painting ». Je me souviens avoir ressenti cette même fébrilité un certain jour d’avril, au Musée Rodin, face aux productions artistiques sculpturales du maître et de son élève, Camille Claudel. Devant les œuvres de ces artistes, je m’étonne chaque fois d’être prise d’un sentiment de vulnérabilité qu’il m’est difficile d’exprimer, car sans doute est-il à l’image de cette femme passionnée qui vibre en moi. Mes yeux se mouillent, une émotion dense et fragile émane de mon âme et je me sens si petite devant toute cette grandeur. Je voue une fascination indescriptible aux couples d’artistes, particulièrement ces deux-ci, qui ont lutté toute leur vie pour tenter d’atteindre un équilibre difficile entre leur passion commune de l’art et celle de leurs sentiments, qui mena les amants, dans un cas comme dans l’autre, à la folie.

 

Frida et Diego, ce couple passionné et un peu fou, a révolutionné l’art du vingtième siècle au Mexique et dans le monde entier. Outre des bases classiques chez les deux, leurs arts étaient engagés dans des voies différentes, Diego ayant travaillé la murale, Frida choisissant les œuvres sur toiles. Si, une vie durant, ils ont vécu dans la complicité du regard porté sur le travail de l’autre, leur personnalité, à la fois passionnée et impulsive, les mena vite à un amour destructeur, dont Frida n’est jamais ressortie indemne, comme Camille Claudel… 

 

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Contrairement à tout ce que j’ai lu de ces deux artistes, Rauda Jamis apporte un regard nouveau à plusieurs égards, notamment sur le premier amour de Frida, Alejandro Gomez Arias. Si les écrits associent instinctivement Diego à Frida, Jamis brise cette alliance le temps de nous parler d’un homme qu’elle a profondément aimé, tout autant, sinon plus, que Diego. Au moment où leur tramway frappa un train et bouscula à jamais la vie de cette femme, Alejandro se trouvait à ses côtés. Ils étaient heureux, complices. Mais de cette première idylle amoureuse vint, quelques années plus tard, le premier chagrin. Frida s’est longtemps refusée de voir la fin de leur relation, disant qu’il était la seule personne la rattachant à la vie, suite aux noirceurs qu’avait provoquées en elle l’accident qui lui fut presque fatal.

 

« Ce fut un choc étrange ; il ne fut pas violent, mais sourd, lent, et il malmena tout le monde. Et moi plus que les autres. (…). Il est faux de dire qu’on se rend compte du choc, faux de dire qu’on pleure. Je n’eus aucune larme. Le choc nous déporta vers l’avant et la main courante me traversa comme l’épée le taureau. » - Frida Kahlo

 

« Fracture de la troisième et de la quatrième vertèbre lombaire, trois fractures du bassin, onze fractures au pied droit, luxation du coude gauche, blessure profonde de l’abdomen, produite par une barre de fer qui est entrée par la hanche gauche et ressortie par le sexe. Péritonite aiguë. Cystite nécessitant une sonde. »

 

Les conséquences de ce lourd diagnostic la clouèrent de longs moments sur une chaise roulante ou sur un lit dont elle ne pourra à peine bouger. Cet immobilisme donna naissance à la plupart de ses oeuvres, dont la majorité furent des autoportraits, qu’elle peignit à l’aide d’un miroir suspendu au plafond de son lit. Elle extériorisa, par ce médium, l’image d’un corps meurtri, renvoyé par les échos visuels de la glace, mais aussi celui d’une âme en mal de vivre. Frida ne pourra jamais plus avoir d’enfants et n'en fera jamais le deuil. Ses nuits étaient hantées par des cauchemars récurrents. Elle souffrait de dépression, d’une peur panique de la mort, d’une profonde dépendance, d’un épuisement permanent, d’ennui. Rebelle, elle se vêtit, un temps, comme un homme, avec des pantalons à revers et une chemise, ce qui était assez contrastant et provocateur, pour l’époque. Bisexuelle, elle a entretenu des liaisons amoureuses et intimes avec des femmes connues du milieu artistique, en plus de Léon Trotsky, qui glissait des lettres d’amour dans les livres qu’il lui recommandait de lire. À cette époque, les deux couples, Natalia et Léon Trotsky, Frida et Diego, vivaient ensemble dans la maison bleue. Frida eut envie de se dégager de l’emprise affective de Diego, dont elle souffrait atrocement des innombrables infidélités qu’il lui imposait.

 

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La maison bleue

 

 C'est lors d’une « chaude soirée animée et bien arrosée », chez un militant communiste cubain, qu’elle fit la connaissance de Diego. À l’époque, il revenait de Moscou où il avait assisté au dixième anniversaire de la Révolution d’Octobre, dont il avait peint une immense murale. Diego croyait que par son œuvre, à grande échelle, il « participait à rendre le monde meilleur ». Communiste, il participa à la révolution mexicaine. On le qualifiait d’excessif, de colérique, de mythomane, de bon vivant, aux actes démesurés, de provocateur, d’infidèle (épouse Frida, divorce, fréquente sa sœur, revient auprès d’elle, a de nombreuses maîtresses à la fois, dont il eut plusieurs enfants pour lesquels il n’assura jamais sa paternité), de scandaleux et aussi bien couvert d’éloges que d’insultes. Pas très beau, du haut de son physique imposant, il était « sanctifié par l’aura de l’artiste »…

 

La situation s’envenime, Diego se plaint des coûts occasionnés par les soins médicaux de Frieda. Et c’est la fin… La confrontation de deux génies, habités d’une même passion, s’éteint. Non sans avoir laissé derrière eux un héritage artistique hors du commun. Une histoire émouvante…

 

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commentaires

U
ah les biographies de Frida Kahlo<br /> il y en a tellement que ca a du etre un casse tete pour choisir la bonne<br /> Dire que plus jeune j étais assez naif pour croire que chaque personne avait une seule biographie<br /> la bonne, la parfaite, la définitive<br /> ca...<br /> c était juste avant de découvrir l économie de marché<br /> Avant de me rendre ompte que n importe qui (ou presque) pouvait écrire une biographie...<br /> Merci pour ce partage de ta lecture.
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N
<br /> <br /> Pffffffff oui c’était vraiment un casse-tête et je me suis fiée à la majorité. Au-delà de ça, si jamais un jour tu rédiges ta biographie, n’oublie surtout pas de parler de cette<br /> branche déviante de la génétique. J’aurai sans doute une tonne d’autres idées dans le genre, pour toi mdrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr N’hésites pas à me consulter (oh que je ris!!!). Je pourrai offrir,<br /> pour la cause, quelques extraits de mon cru. Respire, respire………… mdrrrrrrrrr<br /> <br /> <br /> <br />
N
Quelle artiste fascinante! J'ai revu le film (avec Salma Hayek) il y a quelques semaines à la télévision. Je n'ai jamais rien lu sur elle, je note donc ce livre.
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N
<br /> <br /> Je trouve que le film illustre bien tout ce que<br /> j’ai pu lire sur le couple d’artistes. Je ne me lasse pas de regarder ce film. J’aime beaucoup Salma Hayek en Frida et le grand Alfred Molina. Coup de cœur pour Geoffrey Rush alias Trotsky, dans<br /> un rôle plus secondaire, mais néanmoins grandiose. <br /> <br /> <br /> <br />
S
Aaaaahhhh! Frida Kahlo ... C'est à travers un film que, de mon côté, j'ai découvert cette artiste plus grande que nature et sa vie de passion et de tourmente avec Diego. Ça doit faire une bonne<br /> dizaine d'années (sinon plus) que je suis allée à sa rencontre et elle m'a marquée au fer rouge. Cette artiste m'habite et quelques livres d'art sur son oeuvre ont trouvé leur place dans ma<br /> bibliothèque. Bisous, Nadlidine.
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N
<br /> <br /> J’ai revu le film grâce à toi qui me l’avait<br /> apporté à l’une de nos soirées de « girls » <br /> <br /> <br /> J’avais vu ses œuvres dans des livres, mais<br /> quand je suis allée à l’exposition, la souffrance dans ses tableaux était encore plus pénétrante. Après 4 heures de visite, avec Marie-Pier on est allées se caller une bière pour faire passer la<br /> boule d’émotions coincée dans la gorge ! Ni l’un ni l’autre ne devaient être très simples au quotidien. Ces grands artistes sont tous un peu fous, pour ne pas dire complètement « virés su<br /> l’top » …<br /> <br /> <br /> (vivement qu’on fasse du vélo!)<br /> <br /> <br /> Groooos becs<br /> <br /> <br /> <br />
C
Tout à fait d'(accord avec toi, quelle artiste. Et merci pour cette bonne explication de cette Frida masculinisée.
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N
<br /> <br /> De rien, Chris. Ce fut un plaisir <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
C
Je suis étonné de voir les autoportraits "masculins" de Frida kahlo, comme sur la couverture du Actes Sud. C'est bizarre.
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N
<br /> <br /> <br /> <br /> Diego, à cette époque, venait de rompre avec Frida et le divorce était imminent. Il avait une<br /> liaison ouverte (comme toutes les autres) avec la sœur de Frida depuis déjà des lustres. Rien de trop beau ! Pour marquer sa colère et son chagrin, Frida s’est vêtue en homme, pantalons et<br /> chemises, en plus de couper ses longs cheveux, que Diego aimait tant. En soustrayant à sa beauté toutes formes de féminité, elle affirmait son deuil et son indépendance, sa révolte surtout. Une<br /> relation pas de tout repos… (C’est le moins qu’on puisse dire). Son univers était vraiment complexe. Très peu pour moi. Vive la simplicité ! Mais quelle artiste…<br /> <br /> <br /> <br />

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