Le Musée des beaux-arts de Montréal présente l’exposition "Métamorphoses - Dans le secret de l'atelier de Rodin". Avec plus de 300 œuvres, sculptures, croquis et aquarelles, j’ai vécu un grand voyage dans l’intimité de l’artiste que j’admire au-delà de tout ce que je n’arriverai jamais à exprimer. Il en est ainsi des longues histoires d’amour impossible à réduire en quelques mots sans avoir le sentiment de trahir la passion qui nous habite. Merci au maître et à son élève, Camille Claudel, d’avoir à l’époque ouvert la porte de mes 18 ans sur cet univers de beautés et de possibilités. Ma vie en a été changée…
« Camille, je t'embrasse les mains, toi qui me donne des jouissances si élevées, si ardentes, près de toi, mon âme existe avec force et, dans sa fureur d'amour, ton respect est toujours au dessus. Le respect que j'ai pour ton caractère, pour toi ma Camille, est une cause de ma violente passion. Je t’aime avec fureur »
7 septembre 2014 (ancien billet):
« Quand un sculpteur modèle un torse humain, ce ne sont pas seulement des muscles qu’il représente, c’est la vie qui les anime... mieux que la vie... la puissance qui les façonna et leur communiqua soit la grâce, soit la vigueur, soit le charme amoureux, soit la fougue indomptée ». Rodin
J’ai toujours été passionnée par l’œuvre de Camille et Rodin. Plus qu’une passion, je crois que c’est une réelle fascination. Ce n’est pas pour rien que je ne suis jamais arrivée à communiquer mon ressenti. C’est trop haut, trop grand et mes mots trop fades. Leurs sculptures, leur histoire, éveillent en moi des frissons, l’empreinte indélébile de souvenirs encore gravés au bout de mes doigts. Des souvenirs qui demandent à se renouveler, à reprendre vie. Des souvenirs encore emmurés dans les salles au charme clair obscur de ce Musée Rodin que j’aime tant...
Camille et Rodin, deux sculpteurs, deux génies, deux destins, une immense passion l’un pour l’autre. Il se sont rencontrés dans l’atelier de Rodin en 1883. Elle deviendra sa jeune élève, sa muse, puis son plus grand amour. Rodin est fasciné par le génie artistique de Camille, sa créativité, son originalité. Son audace aussi, car les femmes artistes étaient rares et jugées provocatrices à cette époque. Elle participera d’abord, auprès de lui, à la création des Bourgeois de Calais, du Baiser, de la Porte de l’Enfer, puis à d’autres œuvres communes inconnues. Des œuvres incroyables sont nées sous les doigts de l’élève. Rodin jugera lui-même qu’elles seront plus abouties que les siennes.
Dans l’atelier de Rodin, Camille se met à nu et pose pour l’artiste. Les yeux bandés, ses doigts se posent sur son corps. Il caresse chaque muscle, chaque grain de peau, ses lèvres, ses cheveux, ses seins, tout... Le sculpteur veut arriver à sculpter son modèle avec la seule force des souvenirs gravés dans ses mains. Et il y arrivera… Quand il sculpte, ce sont les émotions qui s’expriment, le corps devient miroir de l’âme.
Leur relation durera 15 ans, au terme de laquelle Camille se résoudra à rompre. Portant l’enfant de Rodin, elle ne se sera jamais remise de l’avortement. De son côté, Rodin a vécu toute sa vie auprès de Rose Beunet, une blanchisseuse de Champagne qu’il a mariée quelques mois avant sa mort. Une femme qu’il n’aimait pas mais qu’il était incapable de quitter. Camille en mourra. Peu de temps après l’interruption de grossesse, certains diront qu’elle a sombré dans la folie. On peut émettre des doutes là-dessus, surtout quand on sait à quel point il s’en fallait de peu à cette époque pour être considéré fou. Après tout, c’est quoi la folie ou bien, c’est quoi la normalité? Dans le cas de Camille, peut-être ne s’est-elle jamais remise de cette séparation avec Rodin et qu’elle s’est laissée doucement glisser vers l’isolement de la dépression, avec tout ce qui s’ensuit. Un jour avant son enfermement, elle avait détruit la moitié de ses œuvres.
« Je réclame la liberté à grands cris », Camille Claudel
Paul Claudel, son frère, l’a fait interner à l’institut psychiatrique de Montfavet dans le Vaucluse. Elle y a passé les trente dernières années de sa vie, murée dans le silence. Paul est venu la voir trois fois en trente ans. Cinq ans après son internement, elle envoie une lettre désespérée au docteur Michaux pour demander sa libération. Sans réponse… Son internement a donné lieu à beaucoup de controverses. Certains disant qu’elle avait des délires paranoïaques, qu’elle ne s’alimentait plus, d’autres qu’elle souffrait du syndrome de Korsakoff (trouble neurologique lié à l’alcoolisme chronique). En lisant les différents ouvrages sur sa vie et son œuvre on pourrait en fait conclure qu’elle est morte de chagrin et d’ennui, et que c’est l’enfermement qui l’a plongé progressivement dans cette détresse, et non l’inverse. C’est une hypothèse qui en vaut une autre.
« Sakountala » ou « L’abandon », par Camille. À l’image de la légende de Sakountala, Rodin s’agenouille devant Camille et implore son pardon.
« L’implorante », par Camille. Camille et Rodin sont séparés depuis 2 ans, elle implore Rodin de revenir vers elle. Une œuvre bouleversante de souffrance…
« L’éternelle idole » : Rodin sculpte son éternelle idole, la femme de tous ses désirs
« L’éternel printemps » : Œuvre inspirée de sa passion pour Camille
Le film "Camille Claudel" est â voir et revoir. Depardieu et Adjani sont merveilleux, grandioses.
Valse pour piano de Debussy, composée pour Camille Claudel
Expo à Paris et Montréal en 2015
Le cinéaste Denys Arcand et l'artiste visuel Adad Hannah vont créer une oeuvre autour de la sculpture de Rodin Les bourgeois de Calais. Elle sera exposée en 2015 à Paris puis à Montréal :-)
Le lien vers l’expo en cliquant "ici"