Toni Morrison, qui obtient avec Beloved le prix Nobel de littérature, est la première femme noire à recevoir cette distinction. Elle obtient également le prix Pulitzer, l'une des plus hautes consécrations littéraires américaines. Inutile de vous dire que ce livre est « considéré » comme un chef-d'oeuvre. J'ai pourtant mes réticences – et ceux qui me connaissent le savent - face aux prix à hautes distinctions littéraires : Nobel, prix de l'académie française, etc … J'ai en tête notamment L'attrape-coeurs de Salinger, avec ses émotions mal abouties et ses longueurs, à la différence près que Toni Morrison est une femme et une combattante. Et qu'ainsi, j'ai beaucoup de respect pour l'écrivaine ... Mais pourquoi faut-il que plus souvent qu'autrement ces prix littéraires soient mortellement ennuyants ? Je l'ai terminé avec supplice. J'irais presque à le comparer dans sa lourdeur à La route de Cormac McCarthy.
L'histoire se déroule à Bluestone Road, dans les années 1870, aux États-Unis. Sethe est hantée par le souvenir de sa fille, qu'elle a tuée par amour maternel pour lui éviter l'abomination de l'esclavage (je ne vous révèle rien, c'est dans la quatrième de couverture). Ses pas quotidiens, ancrés dans un labyrinthe de souffrances et d'horreurs, sont alourdis par la culpabilité. Toutefois, jamais l'auteure ne figera ce personnage dans la victimisation. Sethe est une femme courageuse et forte, libre et maître de son destin. Elle est sans doute à l'image de cette femme-auteure, Toni Morrison, s'étant battue pour le droit des femmes.
Survient alors Beloved, énigmatique et mystérieuse, qui exorcisera les démons du passé de Sethe. Qui est cette femme? Je ne peux pas vous en révéler les secrets, mais là, Tony Morrison a eu une idée de génie, il faut bien l'admettre … Tout était là pour en faire un grand bouquin...
L'esclavage est représenté sous deux formes, celle du corps et celle de l'âme. Cette prison intérieure, vécue dans le tourment et l'isolement, est tout aussi dévastatrice et l'auteure nous le rend avec doigté. En peu de temps, nous nous retrouvons habités de toute part par les souffrances de cette mère.
L'écriture demeure douce et poétique. Il y a peu ou pas de transition entre les allers-retours du présent au passé, ce qui amène de la confusion. Au fil des pages, je ne peux pas dire que j'ai fini par m'y habituer et la formule m'a beaucoup agacée. Et puis, ce livre est lent, très lent, en plus d'être teinté d'une intolérable noirceur. Mais une chose est certaine, il est vraiment bouleversant ... Et Beloved m'a hantée longtemps après avoir refermé le livre.