Belle de Toi
Au seuil macabre de la nuit
Briser le pacte je me rétracte
Loin de toi mon amour
La sagesse est une fuite en arrière
Quand ma porte se referme sur toi
Je retourne dans mon placard
Mon cœur las s’enclose
Une pause en attente de ton sourire
L’obsession est mon hiver
J’en ai bien peur
Je prise le mutisme
Comme l’on prise l’engrenage
Mais le fer est immuable
Une douce vision de la violence
Un reflet de l’éthéré novice
Qui violemment me berce
Mon androïde miroir
N’est que revers
Il m’aveugle
Comme un soleil de neige
Ici
Tout est givre
Là-bas
Ne m’oublie pas
Loin de toi
Je suis impersonnelle
L’image vacante
D’une âme sans teint
Son ombre aliénée me fait offense
Lacère
L’interne dimension
Et comment te dire l’effroi…
Le confinement des sentiments
Me rapproche de l’hérésie
Il y a une baignoire
J’y plonge avec volupté
Me laissant engloutir
Car j’ai cru pouvoir nager…
Seule
Mais nage-t-on vraiment dans le noir ?
Il y a du sang
Un goutte-à-goutte
Je m’éviscère… je la tue…
Mais l’Immortelle est illusionniste
De la résurrection
De ce temps où tout est immobile
Je ne trouve que ricanement
Face à mon extinction
Je suis le combattant de la vacuité
L’antre famélique
Où se gave l’effondrement
Mes saintes fêlures font l’éloge de la mort
L’ombre me ceint du feint secret
Me traque
Me pourfend
Je suis le dédale
Le scélérat invoqué
La mégapole exacerbant mes péchés
Je suis l’idole de la désolation
Le fan de la prodigieuse mutilation
Parfois ange déchu de l’abstraction
Je sais le jour où nous sommes mortes
J’entrevois l’oeil torve et avide
Le festin du Grand Loup
Où le rouge des origines a été bu
Comme un élixir
Le schisme se veut lent
Abrasif
Je suis l’urne de chair
Où geint l’égorgée diurne
Gorgée d’absinthe
Et morte je le suis
D’elle… à moi
Son gouffre rayonne
Distillant l’ennui viscéral
D’un monde sans Amour
Et si je suis belle
Ce n’est que de son effroi...
Par toi
Par l’offrande de ton regard
Car…
Tu me vois
Et…
Je te vois
Saphariel