Étant passionnée de littérature japonaise, les deux premiers tomes de cette trilogie m'ont fait voyager dans un monde à la fois énigmatique et envoûtant, entre réalisme et fantastique, subsistant dans une autre temporalité: 1Q84. L'histoire se déroule simultanément à l'an 1984, sans toutefois d'analogie à un monde parallèle. 1Q84, c'est un monde bien à part, qui fait indubitablement référence à “1984” de George Orwell.
Ceux qui aiment les romans aux dénouements rapides auront bien fait de se tourner vers d'autres lectures. Il faut attendre le deuxième tome et pratiquement 1000 pages avant d'en saisir mieux la philosophie et que les éléments essentiels n'en soient dévoilés. La doctrine qui en découle est complexe mais fascinante. L'auteur nous amène à réfléchir sur les dynamiques du bien et du mal, de la vie et de la mort, ainsi que la recherche d'équilibre entre ces forces, la fine couche séparant les deux étant mince.
La présence constante de répétitions au fil des chapitres permet de tisser des liens entre les évènements et de nous remettre en contexte. C'est ainsi que l'auteur décortique avec lenteur chaque scène, chaque repas, chaque tenue vestimentaire, chaque climat, chaque pensée, etc ... nous permettant de mieux ressentir les fondements idéologiques qui sous-tendent cet univers auquel il nous convie. Les dialogues sont denses et riches, à l'image de cette volonté qu'il a de transmettre ses idées avec précision. Certaines questions, auxquelles je souhaite obtenir réponse dans le troisième tome, demeurent encore sans réponse, notamment en ce qui concerne le destin de Tengo et Aomamé, personnages autour desquels pivote ce monde mystique.
1Q84, c'est une histoire d'amour, un amour sans limites et qui vibre au-delà de l'amour physique, du contact des corps. C'est aussi et surtout la représentation d'un mal imperceptible, tapi sous les apparences. Et Murakami, avec son écriture semée d'allégories, nous y transporte avec force et tendresse...