Ce soir j’ai envie de vous parler d’un petit garçon hyper attachant! Il est plein de vie, indépendant, il est même plutôt téméraire et ne manque pas d’imagination. C’est aussi un grand solitaire, d’ailleurs, il ne comprend pas très bien pourquoi les gens ont toujours besoin de s’entourer pour être heureux. Il n’y a pas si longtemps, il s’est pris d’affection pour un vieil arbre, Bertold. Alors, il vous dira qu’il n’est jamais si seul après tout, puisque sur les branches de son chêne, il y a des écureuils, des sittelles, un Grand-duc d’Amérique, son ami le corbeau… Mais c’est bête, j’oubliais de vous dire, aujourd’hui il a perdu un gant. Lui trouve ça cool, il en aura des dépareillés et puis tant pis pour ceux que ça dérange!
Parfois c’est étrange, on n’arrive pas à s’expliquer pourquoi on s’émerveille devant un livre plutôt qu’un autre. Le très beau graphisme y est pour beaucoup, c’est certain. Ces quelques touches de couleurs vives, au cœur d’un dessin minimaliste fait de contours fins, donnent l’impression aux images de sortir de la page. À la manière de « Où est Charlie », on s’amuse à repérer l’araignée qui pendouille au bout de son fil, la casquette de baseball avec le logo des Expos - ancienne équipe de baseball montréalaise qui fait le sujet de plusieurs polémiques, pour ceux qui ne connaissent pas - ou encore le retour migratoire des outardes du Mexique vers le Québec. Des clins d’œil qui m’ont fait autant plaisir à voir que sourire! Et ce joli petit livre n’est pas dépourvu d’humour! Que ferait-on de ce vieil arbre s’il venait à mourir? Du bois de chauffage ou des milliers de cure-dents? Quoi qu’il en soit, notre petit garçon a une idée bien plus géniale mais ça, je vous laisse la découvrir…
Je me réjouis de rencontrer Jacques Goldstyn au Salon du livre de Montréal ce mercredi! L’auteur et illustrateur québécois est le créateur de la fameuse grenouille Beppo, mascotte du magazine Les Débrouillards. Vous connaissez peut-être aussi Le Petit Tabarnak, publié tous deux aux Éditions de la Pastèques.
L’arbragan, un bijou sur la différence, la solitude et le temps qui passe, avec une histoire touchante qui aborde le thème de la mort.
Adressé aux 6 à 9 ans mais aussi pour les grands! <3
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Quelques mots sur l’entrevue de ce matin avec Jacques Goldstyn…
Il a parlé de l’arbre en tant que symbole, ce qu’il signifie pour lui, son côté magique, magnifique, le fait d’y grimper. Le choix de l’arbre relève également de son amour pour les sciences naturelles et la botanique. Il a partagé son point de vu sur la solitude, qui exprime à ses yeux un regard détournée sur la différence. Lorsqu’on exerce le choix d’être seul, les gens nous jugent, ne comprennent pas. D’ailleurs, quand on le questionne sur le petit personnage solitaire de L’arbragan, il répondra qu’il n’est jamais seul puisqu’il a un ami : l’arbre!
« Je pense aux histoires comme j’aurais aimé qu’on me les raconte quand j’étais petit. »
« J’aime les gens hors norme. Ça prend de l’audace pour être seul. »
J’étais vraiment heureuse de le rencontrer, un homme d’une rare sensibilité, d’une belle générosité et d’un dynamisme à l’image de son petit héros de L’arbragan. Et son travail est magnifique! C’est mon Coup de Coeur 2016...!