« L’espoir est quelque chose qu’on fait naître. »
Et si je vous disais que cette histoire d’amour a pris naissance dans le chignon d’une vieille dame passionnée d’oiseaux? Vous seriez peut-être déjà tentés de la lire, ne serait-ce que pour la douceur des images multiples que ces mots éveillent en vous. Quant à moi, j’ai ouvert ce roman et je l’ai refermé seulement une fois que j’ai eu terminé mon voyage sur les ailes de Ruban. Et connu la beauté de son destin…
Dans le nid chaud de sa chevelure, Sumire, sous l’œil et les soins complices d’Hibari, sa petite-fille d’adoption, couve jour et nuit l’œuf qui vient de tomber du nichoir d’un arbre centenaire. Avec cette tendresse propre à l’amour, et à travers des liens qui se resserreront entre elles à jamais, la petite Hibari prendra soin du retournement de l’œuf et de son incubation artificielle. Tout cela avec le même soin délicat que celui d’un secret confié aux seules personnes qui nous sont chères. Jusqu’au jour où Ruban naîtra, une jolie perruche calopsitte à tête jaune, qui viendra se percher sur l’épaule de Sumire. Ce jour-là, les cerisiers venaient de fleurir. Sous l’œil triste mais à la fois attendrie d’une vieille dame et de sa petite-fille, il prendra son envol, liant à tout jamais leur âme.
« Soudain, le dos de sa main est entré dans mon champ de vision. En regardant bien, sur ses mains, il y avait des montagnes et des vallées, des rivières, c’était comme la Terre vue d’en haut, de très loin. Ces mains avaient aimé Ruban, m’avaient serrée contre elle. »
Sur son passage, témoins de certains malheurs, Ruban apaisera de sa présence. À chacune des petites histoires qui nous seront racontées sous formes de nouvelles, il apportera tantôt un réconfort physique aux douleurs, tantôt il donnera le courage d’aller de l’avant à cet homme malheureux qui aura tout perdu, même l’envie de vivre. Un jeune travesti apprendra les beautés de l’apprivoisement. Doucement, sa colère s’atténuera. D’autres histoires touchantes viendront parfumer ce roman où Ruban deviendra unique, source de consolation par sa douceur répandue. Il sera à la fois Citron, Banana, Sûbô ou Suehiro, selon les prénoms d’adoption que lui donneront ceux à qui il offrira son amour. Mais à jamais, pour Sumire, il sera Ruban, celui qu’elle aura couvé dans la chaleur de son chignon, réincarnation de l’homme aimé dont elle fut séparée par le mur de Berlin en 1961. Il reliera leur âme pour toujours…
Ce beau roman, on voudrait le poser sous notre oreiller pour qu’il nourrisse nos rêves. Il est écrit avec douceur et un infini respect des malheurs de chacun. Même dramatiques, les situations de vie qui nous sont présentées, en aucun cas ne sombrent dans les effets pervers de la victimisation. Les symboles sont multiples et forts. J’ai été particulièrement touchée par celui de la liberté, que l’auteure nous présente à la fois à travers le dilemme de la cage et celui du mur de Berlin, dont l’Ouest est enclavé dans la capitale de l’Est. Au-delà de la mort, Ruban unit les gens à jamais, les liens familiaux sont soudés, les amitiés aussi, plus fortes encore. Des pages emplies de magie, d’espoir et de rêves, ce roman est un hymne à la vie...
« Que notre ruban soit un lien éternel à notre amitié »
Un immense merci ma Douce Cristina pour ce précieux moment de lecture… xx